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ASTON-MARTIN DB7 (1994 - 2000)

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© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (26/04/2010)

L'HERETIQUE ?

Après avoir d’abord été actionnaire majoritaire, c’est en 1993 que Ford devient à part entière le propriétaire du mythique constructeur anglais Aston Martin. S’en suivra l’année suivante, la commercialisation de la DB7 immédiatement prise en grippe par les puristes de la marque. A tort ou à raison ?

Texte : Maxime JOLY
Photos : Thomas POSLUSZNY

Chaque marque a son lot de modèles mal-aimés et il n’est pas toujours facile pour nous de saisir la portée des reproches faits par les puristes à l’encontre de ces modèles. C’est pourquoi, il fut intéressant d’avoir l’opportunité d’essayer une DB7 "IL6" pour nous faire notre propre opinion et comprendre pourquoi elle est si peu épargnée par les critiques…

PRESENTATION

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Victor Gauntlett émit l’idée qu’il fallait un modèle capable d’augmenter les volumes de vente d’Aston Martin. Pour lui, cet objectif passait obligatoirement par un véhicule équipé d’une plus petite motorisation que ce dont le constructeur disposait alors. Cette mission fut confiée à Rod Mansfield, alors directeur de l’engineering et fut rendue possible grâce à l’arrivée du géant Ford dans le capital de la firme anglaise. Cela accoucha de la présentation de la DB7 au salon de Genève de mars 1993 puis de sa commercialisation environ 18 mois plus tard. L’assemblage avait lieu dans l’usine de Bloxham, là même où Jaguar Sport produisait la XJ220. Quelques modifications virent le jour à partir de juillet 1996 et c’est en mai 1999 que sortit la DB7 Vantage (à moteur V12) ayant pour impact immédiat une chute des ventes de la version 6 cylindres qui ne resta cependant à la vente jusqu’à l’année suivante.

Le design signé Ian Callum frôle le génie tant les proportions semblent parfaites et les lignes fluides. Peu importe de quel angle vous l’admirez, impossible de trouver un quelconque défaut dans ce dessin, à mon sens parfait. On peut légitimement se demander si Giugiaro ne s’est pas inspiré de cette face avant quand il a imaginé la Maserati 3200 GT… La nouvelle DB rappelle avec quelques touches subtiles qu’elle n’est pas seulement belle à regarder mais aussi qu’elle va vite. Rien d’ostentatoire, elle se contente de deux sorties d’échappement et de jantes 18 pouces (avec pas moins de 10 sortes différentes au catalogue !!), taille qui n’était pas si répandue que maintenant à cette époque. Rappelons pour l’anecdote que la Ferrari 456 GT ne chausse que du 17.

HABITACLE

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L’inconvénient du coup de crayon de l’écossais est que l’espace arrière est tout bonnement sacrifié du fait du rétrécissement et de l’inclinaison du pavillon. Dommage car avec ses 4m60 de long, l’anglaise méritait mieux. C’est bien simple, pour se tenir correctement, mieux vaut être souple ou contorsionniste. De toute façon, c’est soit ça soit finir bossu… Trêve de plaisanterie, on me signale dans l’oreillette qu’une Aston Martin DB7 ne s’apprécie pas à l’arrière mais à l’avant et de préférence derrière le volant. J’y reviendrai plus en détails. L’intérieur laisse perplexe… Le très bon se mélange au très mauvais aboutissant à un sentiment d’inachevé. On sent que Ford est passé par là avec entre autres les commodos de Mondéo ou bien les commandes de rétroviseurs que l’on retrouve sur les modèles Renault. Puisqu’il est question de rétroviseurs, j’ai oublié de vous dire que ce sont ceux de la CX (oui la Citroën…).

La mauvaise langue que je suis n’a énuméré que les mauvais côtés alors pour me faire pardonner, imaginez des sièges en cuir Connolly absolument somptueux et d’un confort hors norme à tel point que l’on se croirait davantage installé dans son salon que dans une voiture. Le bois précieux présent à certains points stratégiques de l’habitacle jusqu’au détail le plus insignifiant mais qui à lui seul donne le sourire, j’ai nommé l’autoradio décoré du logo Aston Martin en tout petit. La classe ! Pour toutes ces raisons, il m’a été impossible de placer la qualité de l’intérieur dans les PLUS ou les MOINS dans le résumé de l’essai. A chacun de se faire son propre avis sur la question. A titre d’information, la construction d’un exemplaire demandait pas moins de 200 heures de travail manuel !

CARACTERISTIQUES


ASTON-MARTIN DB7
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MOTEUR
Type : 6 cylindres en ligne, 24 soupapes
Position : longitudinal AV
Alimentation : Gestion électronique Zytec + Compresseur volumétrique 1.0 bar échangeur air/air
Cylindrée (cm3) : 3239
Alésage x course (mm) : 91 x 83
Puissance maxi (ch à tr/mn) : 335 à 5750
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 460 à 3000
TRANSMISSION
AR
Boîte de vitesses (rapports) : manuelle (5) ou automatique (4)
POIDS
Données constructeur (kg) : 1750
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 5,2
ROUES
Freins Av-Ar (ø mm) : Disques ventilés
Pneus Av-Ar : 245/40 ZR 18
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 257
400 m DA : 14"3
1 000 m DA : ND
0 à 100 km/h : 5"9
CONSOMMATION
Moyenne (L/100 Km) : 13
PRIX NEUF (1995) : 737.100 FF
COTE (2018) : 40.000 €
PUISSANCE FISCALE : 17 CV

 

MOTEUR

Ce paragraphe aurait pu être titré « l’objet du délit ». Le 6 cylindres en ligne 24 soupapes de 3239 cm3 que l’on découvre une fois le capot de la DB7 ouvert est d’origine Jaguar. Doté d’une injection électronique multipoint Zytec, il développe à la base 219 chevaux sur la XJ6 présentée au Salon Mondial de Paris en 1994, puissance jugée insuffisante pour le blason Aston Martin. C’est pourquoi, il va passer entre les mains de TWR (Tom Walkinshaw Racing) et récupérer au passage un compresseur Eaton. La puissance passe à 335 ch à 5750 tours/min pour un couple colossal de 460 Nm. Le rendement atteint les 104 ch/l et les chiffres annoncés sont assez flatteurs avec une vitesse maximale de 257 km/h et un 0 à 100 km/h abattu en 5,9 secondes.

Difficile de cacher son enthousiasme devant de telles promesses et l’envie de profiter du feulement de ce « L6 » se fait pressante. Malheureusement, tout ceci retombe très vite, la sonorité au démarrage ayant le don de couper rapidement notre élan… Le son à bord de l'Aston Martin DB7 n’a rien de flatteur et fait davantage penser à un gros bloc diesel. Ca commence mal ! On se prend à espérer qu’une fois lancé, ce démarrage ne restera qu’un mauvais souvenir… Décidément, nous allons de déception en déception puisque le moteur ne se fait pas entendre. Au lieu de ça, seul le son disgracieux du compresseur est audible. A réserver aux amateurs de bruit de perceuses…

Deux types de transmission étaient proposées : une boîte manuelle 5 vitesses ou une boîte automatique à 4 rapports. C’est cette dernière que nous avons pu essayer et déjà peu amateur des boîtes autos à la base, ce n’est pas celle-ci qui va me réconcilier avec ces machines. Rustique, peu agréable à manier, elle ne brille pas non plus par sa rapidité : si vous voulez un minium de sportivité orientez-vous vers la BVM5. Par contre, si vous voulez conduire cette DB7 à l’américaine et ne tourner que le volant, elle vous permettra de cruiser en toute tranquillité et de profiter des jolies passantes qui ne manqueront d’admirer votre beau moyen de locomotion. Si par chance, vous vous trouvez dans leur champ de vision, c’est « tout bénèf » comme on dit…

En ce qui concerne la consommation, en dehors des trajets routiers à vitesse stabilisée où il est faisable d’être aux alentours des 10L, il ne faut pas s’attendre à des vertus de frugalité, surtout en transmission automatique archaïque. On se rassure en se disant que ce n’est pas le critère fondamental d’achat d’une Aston Martin.

SUR LA ROUTE

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La plate-forme est en partie empreintée à celle de la vénérable Jaguar XJS. Aussi désirable soit-elle, elle n’a jamais été réputée pour ses talents de sportive mais davantage pour son comportement typé GT. A partir de là, difficile pour cette la DB7 (et sa cousine Jaguar XK8) de renier ses gênes d’autant que sa mécanique se prête parfaitement à cet exercice. Avec près d’1t8 sur la balance, c’est encore une autre donnée qui vient la pénaliser un peu plus si bien qu’on se demande où sont les 300 chevaux de la belle… Un comportement pataud, des velléités d’attaque immédiatement annihilées, une transmission castratrice et un freinage qui hurle toute sa douleur à la répétition de coups de frein un peu trop vifs, tout ceci n’invite clairement pas à l’arsouille sauvage sur petites routes et par voie de conséquence aux sorties circuit. Privilégiez les lignes droites…

L’option Driving Dynamics améliora grandement les qualités sportives de l’Aston DB7 grâce à un freinage revu par Brembo, un différentiel à glissement limité et des échappements sport pour laisser un peu respirer le moteur. Ce package fait le lien entre les versions i6 et V12 Vantage qui récupérera bon nombre de ces caractéristiques. Difficile de connaître le nombre d’exemplaires qui en sont équipés mais vu le prix prohibitif de cette modification, ils ne doivent pas courir les rues.

EVOLUTION

Dès le début du projet, la déclinaison Volante (c’est le nom donné aux versions cabriolets pour ceux qui l’ignoreraient) de la DB7 était prévue mais il fallut attendre 1996 pour qu’elle sorte des cartons. Destinée principalement pour le marché américain, elle connut un succès important et représente près de la moitié de la totalité des exemplaires de DB7 écoulés !

En 1999, la DB7 V12 Vantage est présentée lors du Salon de Genève. Elle reçoit un inédit V12 6 litres à 48 soupapes de 420 ch développé avec Cosworth, alors filiale de Ford. Elle devient ainsi la première Aston Martin à recevoir un V12, disponible au choix avec une boite mécanique TREMEC T-56 à 6 rapports ou une boite automatique ZF à 5 rapports. Avec al sortie de la Vantage les ventes de la DB7 6 cylindres s'essouflent rapidement et la production s’arrête mi-1999. La production totale de la DB7 V12 Vantage s’atteindra à 4431 exemplaires, soit plus de la moitié des ventes totales de DB7.

En 2002, la DB7 GT vient compléter la Vantage à deux ans de la retraite. Le V12 développe maintenant 435 ch et un couple de 560 Nm. Esthétiquement elle se reconnait à sa calandre en nid d‘abeille avec le badge GT (ou GTA pour la boîte automatique), des prises d’air sur le capot, un spoiler, des compteurs à fond blanc, un levier de vitesse en aluminium et de nouvelles jantes à 5 branches. De nouveaux freins Brembo de 355 millimètres à l’avant et de 330 millimètres à l’arrière sont montés. Rare, cette verison ne sera produite qu'à 190 exemplaires en BVM et 112 en BVA (dont la puissance est bridée à 420 ch).

ACHETER UNE ASTON-MARTIN DB7

Toutes versions confondues, la DB7 fut l’Aston Martin la plus vendue comptabilisant un total de 7000 exemplaires dispersés à travers le monde entre 1994 et 2004. De ce fait, la DB7 est devenue abordable avec de beaux exemplaires (dont celui que nous avons essayé) débutant à moins de 40.000 € ! A ce prix-là, il y a pourtant de quoi réfléchir avant de franchir le pas. Reste en effet la question de la fiabilité et de l’entretien qui au premier abord, peut faire hésiter. Le bloc Jaguar est fiable mais ne dispense pas d’une visite annuelle (ou 10.000 km) pour l’entretien courant et il ne faudra pas laisser de côté le contrôle d’autres organes tels que les bobines d’allumage, les pompes à essence ou bien tout ce qui est en rapport avec la climatisation qui sont eux sujets à divers aléas. Opérations coûteuses en pièces et en main d’œuvre… La batterie, trop sollicitée, peut aussi être source d’ennuis et demandera un remplacement plus ou moins régulier selon l’utilisation qui est faite de la voiture. Les pneus, du fait de leurs dimensions, ne sont pas donnés et ont une durée de vie dans la moyenne d’une propulsion de 1800 kilos. Autre point noir des Aston Martin DB7, certains éléments de la carrosserie qui ne se réparent pas et qui en cas de dommage nécessitent purement et simplement d’être remplacés, ceci ayant évidemment pour conséquence de saler sacrément la note. Pour résumer, un usage urbain est à proscrire au maximum sous peine de voir se produire les désagréments cités plus haut et les frais qui vont avec.

CONCLUSION

:-)
Ligne intemporelle
Boîte manuelle disponible
Option Driving Dynamics
Confort
Version Volante
Blason Aston Martin abordable
Mécanique fiable
:-(
Moteur sans caractère
Sonorité fade
Performances moyennes
Comportement peu sportif
Freinage
Poids
Entretien coûteux

Cette Aston Martin DB7 est loin d’être parfaite mais elle offre ce petit plus par rapport aux autres. Peu voire pas sportive et dotée d’un moteur avare en sensations, elle est parfaite pour quiconque recherche une voiture plaisir pour le week end. Quoi qu’on en dise, cruiser dans cette Aston, je peux vous assurer que c’est juste la classe !...

Nous remercions Romuald Baumard de Select Auto Négoces à Montmorency (95) pour l’essai de cette Aston Martin DB7.

PHOTOS


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