TESLA MODEL-Y Performance (2025 - )

modèle de réussite
Depuis son arrivée en 2020, le Tesla Model Y s'est imposé comme le SUV électrique le plus vendu au monde. Pratique, performant et bardé de technologie, il séduit un large public allant des familles aux amateurs de conduite dynamique. Car avec sa déclinaison Performance, encore améliorée, la Tesla Model Y entre pour de bon sur le territoire des sportives...
Texte  : Sébastien DUPUIS
    Photos : D.R.
  
Dérivé de la berline Model 3, le SUV Tesla Model Y a été lancé début 2020 aux USA mais n'a débarqué en France qu'à la fin de l'été 2021. Produit dans plusieurs usines à travers le monde, dont la nouvelle Gigafactory de Berlin-Brandebourg qui fournit l'Europe, il est devenu rapidement devenu le pilier central de la gamme Tesla. Grâce à des méthodes de production révolutionnaires, c'est ce modèle qui a permis au constructeur américain d'atteindre enfin la rentabilité et de s'imposer leader mondial de l'électrique.
Beaucoup plus abordable que les élitistes Model S et Model Y et profitant d'un format plus en vogue que la berline Model 3, le Model Y a rapidement trouvé sa place sur le marché. Vendu à plus de 1,7 millions d'exemplaires en 2024 dans le monde, le SUV américain a même réussi l'exploit de devenir la voiture la plus vendue dans le monde en 2023 ! Toutefois, 2024 a marqué le début d'un déclin fortement aggravé par les frasques politiques du patron de la marque, Elon Musk. Alors pour retrouver son leadership, le best-seller de Tesla a reçu un rafraîchissement majeur début 2025. Baptisée "Juniper", cette évolution se complète depuis août dernier d'une nouvelle version Performance qui coiffe la gamme avec l'un des meilleurs rapports prix/performances du marché...
PRESENTATION

Le Model Y a été dessiné par Franz von Holzhausen, comme toutes les Tesla précédentes. Long de 4,75 m pour 1,62 m de haut sur un empattement de 2,89 m, le SUV pâtissait toutefois d'une allure plus pataude face aux autres modèles du catalogue, présentant globalement un dessin qui pouvait se résumer à "une Model 3 étirée vers le haut". Ce manque de personnalité et un style qui commençait à dater ont sans doute imposé la nécessité de réaliser un restylage "qui se voit".
Aussi, sur le Model Y Juniper, Tesla ose la métamorphose. A l'avant, le nouveau Model Y 2025 s'inspire du charismatique Cybertruck en troquant ses phares traditionnels pour une fine barre lumineuse pleine largeur. L'arrière n'est pas en reste et gagne aussi en personnalité en se démarquant par un nouvel éclairage qui prend toute la largeur. On notera au passage que le logo Tesla a totalement disparu de la carrosserie.
Dictée par le besoin de concilier espace à bord et aérodynamisme, la ligne du Model Y pouvait déjà s'enorgueillir d'un coefficient de traînée (Cx) proche de 0,23 qui en faisait l'un des SUV les plus efficients du marché. Sans renier ces qualités, la version Performance du Model Y se distingue par quelques détails qui renforcent son allure sportive tout en permettant de réduire encore la traînée (0,22) et la portance. Les boucliers spécifiques (lèvre avant, rideaux latéraux, diffuseur) améliorent la stabilité et l'équilibre avant/arrière en complément du spoiler arrière en fibre de carbone.
Les jantes précédentes de 21 pouces “Überturbine” du Model Y Performance "phase 1" sont remplacées par les nouvelles jantes forgées Arachnid 2.0 de 21” avec enjoliveurs Aero intégrés. Baptisée "Rouge Ultra", la teinte la plus charismatique du nuancier de Tesla va comme un gant à cette version sportive. Elle est toutefois facturée quelques 2600 € quand le blanc est la seule couleur gratuite parmi les 5 coloris proposés. Enfin, le badge Performance (à ne pas confondre avec le Plaid) prend place sur le hayon.
HABITACLE

A l'intérieur du Model Y restylé, Tesla joue toujours la carte du minimalisme extrême. Le vaste écran tactile placé au centre de la planche de bord, qui passe à 16 pouces sur la version Performance, s'impose en effet comme le centre névralgique de la voiture et quasiment la seule interface homme-machine pour le contrôle de la quasi-totalité des fonctions. Le choix du "tout tactile" n'a toutefois pas que des adeptes, ni des avantages et plusieurs constructeurs en reviennent. Quand bien même l'interface propriétaire développée par Tesla est toujours une référence en matière de fluidité, cette ergonomie "informatique" continue de diviser. Peu, trop peu, de boutons physiques pour des commandes aussi basiques que la ventilation, obligent à quitter la route des yeux de manière inutile. Bon, au moins dispose-t-on ici d'un vrai commodo pour les clignotants et d'un volant rond...
Bien que conservant une certaine austérité, l'habitacle "Juniper" s'enrichit d'inserts en fibre de carbone, d'une sellerie en cuir (végan) de série sur la version Performance et d'une "ambiance lumineuse" configurable qui surplombe la planche de bord. Très à la mode également, un éclairage d'accueil projette au sol le logo Performance à l'ouverture des portes avant...
Mais parmi les évolutions du restylage 2025 on apprécie surtout les nouveaux sièges "Performance" du Model Y, chauffants et ventilés, reconnaissables à leur badge et aux appuie-têtes intégrés. Ils présentent un excellent maintien latéral qui se complète de reposes-genoux électriques. La touche sportive se limite toutefois à ces sièges et un pédalier alu. Pas de quoi faire rêver visuellement mais, néanmoins, la qualité perçue marque un progrès notable. En bonus, un nouvel écran tactile permet aux passagers arrière de se distraire quand le conducteur arsouille.
Car le Model Y est avant tout une machine à voyager en famille. Outre l'insonorisation renforcée par double vitrage, l'espace à bord reste l'atout majeur du Model Y avec une banquette arrière spacieuse, un coffre généreux (de 854 jusqu’à 2 100 litres !), facilement accessible grâce au hayon quand la Model 3 reste une 4 portes, et même un second coffre avant (“frunk”) au volume de 117 litres loin d'être anodin. Précisons cependant que la version Performance du Model Y est la seule pour laquelle Tesla ne propose l'option 7 places.
MOTEUR

C'est ici que la différence est la plus marquée avec les autres versions du Model Y. La Performance embarque deux moteurs électriques, un moteur avant asynchrone à induction et un moteur arrière synchrone à aimants permanents, offrant une transmission intégrale. Équipé du moteur Performance 4DU de dernière génération, le modèle Y Performance délivre une puissance de crête cumulée de 340 kW, soit 460 chevaux, pour un couple instantané de 674 Nm, en hausse de 16%. C'est étonnamment moins que sur la Model 3 Performance "Highland", pourtant équipée de la même motorisation mais l'explication tient en deux mots : batterie différente. En effet, celle de la 3 vient de Samsung, celle du Y de LG. Chaque chimie ayant ses avantages et inconvénients, cela impacte directement les caractéristiques énergétiques et donc les performances.
Quoi qu'il en soit, le SUV Tesla, même dans ses versions de base, revendique des performances dignes de sportives. Et on a beau s'habituer aux accélérations foudroyantes des sportives électriques, le Model Y Performance a de quoi mettre la concurrence "en PLS" comme on dit. C'est sûr, ce n'est pas la violence d'une S Plaid mais en mode d'accélération "Insane" (inouïe) ce SUV de 2 tonnes a la capacité de semer doute et humiliation chez bien des propriétaires de sportives thermiques avec un 0 à 100 km/h en 3,5 secondes ! Même le fleuron de BMW M, alias XM, ne peut prétendre faire mieux. Et ne comptez pas trop sur la vitesse maxi pour combler l'écart, le SUV américain est aussi capable de filer à 250 km/h sur autoroute allemande.
Côté sensations, bien sûr vous pourrez toujours préférer le son d'un V8, même passablement amplifié par les hauts-parleurs de la hifi. Mais à quel prix. La Tesla, elle, impose un quasi silence religieux mais il y a tout de même un sifflement qui va crescendo pour accompagner les montées en régime. Un son, naturel pour le coup, qui n'a rien de déplaisant même si on préfèrera la simulation très ludique d'une Hyundai Ioniq 5. Ceux qui ont connu la précédente mouture du Model Y Performance trouveront peut-être que la "Juniper" paraît plus lourde au décollage, moins nerveuse sur les premiers mètres. Mais le chrono est là pour en attester : la sensation est trompeuse ! Ce qui impressionne également à bord, c'est que cette poussée ne faiblit jamais... au risque de très vite mettre son permis en jeu.
Grâce à la nouvelle batterie de 80 kWh "lithium nickel manganese cobalt" développée par LG, l'autonomie promet 510 km sur le cycle WLTP, soit quelques 400 km dans la vraie vie. C'est logiquement inférieur aux autres versions qui disposent de la même batterie mais tout de même remarquable pour un SUV aussi performant. Pour l'anecdote, le modèle Y a été le premier véhicule de Tesla à utiliser une pompe à chaleur au lieu d'une résistance électrique pour le chauffage intérieur. Il est certain que cet élément contribue à atteindre l'une des meilleures consommations du marché, tous segments confondus. Rendez-vous compte qu'en conduite normale, ce gros SUV aux perfs de supercar se permet de faire jeu égal avec la petite Alpine A290...
RECHARGE
  On appréciera toujours autant sur longue distance la capacité de récupérer jusqu'à 243 km d'autonomie en 15 minutes via les Superchargeurs Tesla avec une puissance de charge annoncée jusqu'à 250 kW. Par ailleurs, le Model Y Performance restylé a  l'honneur d'inaugurer chez Tesla la  charge bidirectionnelle de véhicule à charger (V2L) et de véhicule à domicile (V2H).
SUR LA ROUTE

Cela semble toujours aussi paradoxal quand on prend place au volant d'un SUV haut perché mais, du fait de l'implantation des batteries dans le plancher, le Model Y présente un centre de gravité aussi bas que celui des meilleures berlines thermiques comme la BMW Série 3 ou l'Alfa Romeo Giulia. Reposant sur une plateforme dérivée de la Model 3, la Model Y bénéficie lui aussi d'une excellente répartition du poids (48 % avant / 52 % arrière). Ces deux avantages physiques se traduisent par une stabilité impressionnante pour un SUV en conduite rapide.
Le restylage Juniper apporte en outre un autre avantage technique majeur : l'installation d'une suspension pilotée issue de la Model 3 Performance, permettant de concilier tenue de route et confort comme jamais auparavant. Cette suspension adaptative présente deux modes de conduite, Standard (confort) ou Sport (réactivité renforcée) et s'accompagne de quelques retouches structurelles sur le châssis comme les fusées d’essieu, les amortisseurs et barres stabilisatrices. Enfin, les nouvelles jantes de 21" chaussent une monte élargie sur le train arrière, garante d'une motricité remarquable.
Mises bout à bout, ces évolutions offrent une conduite plus précise, plus réactive et plus confortable. Un peu sec au premier abord, l'amortissement convainc en fait rapidement par un excellent compromis. La prise de roulis se montre quasiment nulle et l'équilibre naturel du châssis permet même de s'amuser un peu en jouant des transferts de charge. Oui oui, s'amuser. Le constructeur ajoute d'ailleurs sur la version Performance restylée une gestion électronique du couple (Torque Vectoring), destinée à rendre la conduite plus sportive et gratifiante. Le Mode “Track” permet ainsi d’ajuster la répartition du couple entre les essieux, en plus du refroidissement batterie et de la réponse de l’accélérateur. Avec une assistance à la stabilité personnalisable, des réglages adaptés permettent d'augmenter le plaisir de conduite ou à l'inverse, la sécurité, tandis que le freinage régénératif, réglable uniquement via l'écran central, ne vient jamais contrarier le plaisir tout en optimisant l'autonomie.
Bien sûr, il ne faut pas oublier que l'engin pèse tonnes mais comme la concurrence (y compris thermique) ne fait pas mieux, ce point n'est plus un élément de comparaison très intéressant. Ce poids se rappelle à nous essentiellement au niveau du train avant qui finit par élargir la trajectoire quand les pneus saturent. Préférez un pilotage propre qui se montrera plus efficace et agréable plutôt que d'essayer de forcer des postures accrobatiques. Mais avouer prendre du plaisir au volant du Model Y Performance n'est pas un blasphème, n'en déplaise à certains. Cette version Performance propose une tenue de route digne de berlines sportives et tend à faire oublier sa nature de SUV, si ce n'est une position de conduite surélevée. On ne va d'ailleurs pas vous mentir, si votre préoccupation première n'est pas l'espace à bord mais le plaisir de conduire, mieux vaut choisir une Model 3 Performance. Mais dans le cas contraire, vous ne serez pas déçu pour autant et c'est là tout l'intérêt de cette version.
ACHETER UNE TESLA MODEL Y PERFORMANCE
Même quand on reste attaché au moteur à combustion, par culture ou nostalgie, il faut savoir admettre que l'électrique présente aujourd'hui des avantages bien réels. Affiché à partir de 61 990 €, ou 829 €/mois en location, le Model 3 Performance s'impose de fait comme l'un des meilleurs rapports prix/performances du marché français ! A ce tarif, et bien que privé de bonus, oubliez toute concurrence thermique à moins de tenir absolument à participer au redressement fiscal du pays... Car en plus de son tarif canon, le SUV américain jouit même d'une exonération du malus au poids. Un argument qui pourrait toutefois disparaître en 2026, selon le budget qui sera finalement adopté...
Le Model Y Performance fait face cependant à un nombre croissant de rivaux électriques. Si vous suivez nos essais avec assiduité, vous connaissez déjà les Ford Mustang Mach-E, Hyundai Ioniq 5 N, KIA EV6 GT ou Volkswagen ID.5 GTX. S'y ajoutent le nouveau Porsche Macan électrique et bientôt l'Alpine A390 comme autant d'alternatives au design plus séduisant mais qui ne tiennent pas la comparaison en matière de rapport prix/performances. Tesla peut par ailleurs toujours compter sur un équipement de série ultra complet et un écosystème unique (réseau de superchargeurs, mises à jour régulières, technologies embarquées) pour faire la différence.
Enfin, comme le reste de la gamme Tesla, le Model Y n'impose quasiment aucun entretien. Aucune vidange ni changement de fluides n'est requis par le constructeur ! De même, le freinage régénératif réduit considérablement l'usure des plaquettes de frein. En pratique, le seul poste de dépense prévisible, au moins durant la période de garantie (4 ans ou 80 000 km sur le véhicule et 8 ans ou 192 000 km sur la batterie) sera donc les pneus. Et là encore, il convient de faire tomber les idées reçues : beaucoup de propriétaires dépassent largement les 50 000 km avec le même train de pneus en opérant une simple permutation occasionnelle. Le remplacement est cependant coûteux puisque, comme sur toute intégrale, on fait les 4 roues en même temps.
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
        TESLA MODEL-Y Performance
      MOTEUR
Type : Moteur électrique à induction (AV) + moteur synchrone à aimant permanent (AR)
Position : Essieux AV+AR
Alimentation (kWh): Batterie Li-Ion (75)
Puissance maxi (ch DIN) : 460
Couple maxi (Nm) : 660
TRANSMISSION
Intégrale permanente avec Torque Vectoring
Boîte de vitesses (rapports) : automatique (1)
ROUES
Freins Av-Ar (Ø mm) : disques ventilés, étriers fixes 4 pistons (360)- disques ventilés, étriers fixes 2 pistons (355)
Pneus Av-Ar : 255/35 XL 98W - 275/35 R21 XL 103W (Pirelli Pzero PZ5)
POIDS
A vide constructeur (kg) : 2033
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 2,1

PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 249
0 - 100 km/h : 3"5
0 - 200 km/h : 12"5
CONSOMMATION
Moyenne WLTP (kWh/100 km) : 16.2
Autonomie WLTP (km) : 580
Moyenne de l'essai (kWh/100 km) : 25
PRIX NEUF (09/2025) : 61 990 €
PUISSANCE FISCALE : 12 CV
CONCLUSION
Contrairement au gouvernement français, le Tesla Model Y Performance progresse encore dans l'art du compromis. Répondant aux attentes a priori incompatibles d'un SUV familial et d'une sportive, avec la technologie électrique, la proposition se présente de surcroît à un budget très compétitif ! Ses limites ? Pour ceux qui mettent la conduite au premier plan, c'est toujours un peu moins bien qu'une Model 3 Performance. Pour les autres, cette version restylée qui gomme les principaux défauts de sa devancière (confort et finition) reste un modèle de polyvalence. La meilleure offre du segment, très probablement, à condition de se faire à son interface très "informatique"...
Design plus différencié
Finition en progrès
Habitabilité
Equipement de série
Autonomie et recharge
Performances
Châssis très efficace...
... mais moins sportif que la Model 3
Interface "centralisée" discutable


