© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (22/11/2013)
ESPRIT Z
La Nissan 300ZX était une grande GT bourrée de
technologie qui avait besoin d'un V6 bi-turbo pour propulser son
poids conséquent. Depuis, Nissan a changé de cap et
amorcé un retour aux sources. Véritable véhicule
d'image pour la marque, la 350Z abandonne le turbo et quelques kilos superflus
pour mieux se rapprocher de l'esprit inauguré
par la 240Z et aujourd'hui perpétué par la 370Z. Ce fameux "esprit Z" consiste principalement à offrir un maximum de performances au meilleur prix !
Texte :
Sébastien DUPUIS
Photos : Vincent MAUBOIS & D.R.
En 1999, Nissan présente au salon de New York un concept car baptisé 240Z Concept. Il s'agit ni plus, ni moins, du point de départ de la renaissance des coupés sportifs chez Nissan. Mais le projet n'ira pas plus loin en l'état, son design jugé beaucoup trop néo-rétro ne convainc pas les dirigents de la marque. Le concept va pourtant donner naissance à un nouveau projet interne sous le nom de code Z33, déclarant ainsi sa filiation directe avec les les Nissan 300 ZX Z32 et Z31. Les bases de la 350Z sont posées et le nouveau modèle démarre sa carrière aux USA le 20 août 2002.
PRESENTATION
Très fidèle
au concept car original, la Nissan 350Z n'est pas une auto 100%
nouvelle. En effet, elle est construite sur une plate-forme raccourcie
de Skyline, excellente sportive malheureusement non importée
chez nous ! Néanmoins
pour ce qui est du design, signé par Ajay Panchal pour le centre Nissan Design America à San Diego, le nouveau coupé sportif japonais réussit son opération séduction. Certains y
retrouveront des inspirations d'Audi TT ou encore de Porsche 996
mais quoi qu'il en soit, avouons que 10 ans après sa sortie, le 350Z affiche toujours une personnalité
forte et bien à part. Très compact et bas (1,31m),
ses dimensions sont pourtant généreuses. La préservation
de la lignée des Z impose au 350Z une architecture à
moteur avant et propulsion, héritée de génération
en génération depuis la Datsun 240Z de 1969. La ligne
élégante et racée du coupé 350Z nous
réjouit d'autant plus qu'il réunit et concilie avec
bonheur le design US, Européen et Japonais. La partie arrière
avec ses feux étirés sur les ailes est de notre avis
la plus réussie. Bien profilé, il s'octroie une valeur
de 0,29 pour son Cx. Signe distinctif fort, les grande poignées
de portes métalliques sont cependant plus discutables esthétiquement
car un peu trop massives. Les grandes portières permettent
de pénétrer facilement dans un habitacle qui donne
immédiatement une impression de confinement importante. La
ceinture de caisse est assez haute et vous ne pourrez donc pas facilement
"cruiser" le coude à la portière...
HABITACLE
Avantage
de son implantation mécanique à l'avant, le coupé Nissan 350Z
offre un coffre arrière qui s'ouvre avec un grand hayon et
dont le volume appréciable est cependant entravé par
la barre anti-rapprochement qui charpente l'essieu arrière.
Preuve de sa conception sportive et de la recherche de rigidité
qui en découle, cette barre trouve aussi sa justification
dans le fait que le 350Z prévoyait dès le départ une version 350Z Roadster, sortie en 2004. Autre avantage de ce coffre, il est directement
accessible depuis l'habitacle, derrière les sièges.
On regrette alors que Nissan ne livre pas de série le couvre-bagage
qui va avec. A ce niveau de standing, ce genre d'option semble mesquin
tant elle paraît indispensable. Les deux places offertes à
bord sont plutôt accueillantes. La position de conduite est
parfaite, le conducteur pouvant trouver facilement son aise grâce
aux multiples réglages offerts. Les sièges baquets
ne sont recouverts de cuir en série que sur la version Pack
de notre essai. Le cuir est d'assez bonne facture mais nous laisse
un peu sur notre faim. De même le volant sport à trois
branches possède une jante trop fine et peu ergonomique.
Le cuir qui l'entoure est lui aussi de qualité moyenne. Même
constat lorsque l'on s'attarde à l'inspection des plastiques
de la console, certains rappellent un peu le grain d'une simple
Peugeot 206. En revanche, devant le pilote, l'instrumentation est
très complète. Le bloc de couleur alu est d'ailleurs
solidaire du volant et reste face aux yeux du pilote quel que soit
sa position. Belle astuce. On y trouve au centre le compte tours
et autour le tachymètre, la jauge à essence et la
température d'eau. Au sommet de la console centrale, 3 petits
manos supplémentaires sont orientés vers le pilote.
En plus de la base habituelle, ils ajoutent une jauge de pression
d'huile, un voltmètre de batterie, et la pression d'eau.
Très complète, la panoplie d'équipements de
la version pack comprend un ordinateur de bord complet, la climatisation
automatique, les phares au Xénon, un superbe système
audio "Bose Sound System"et le désormais indispensable...
régulateur de vitesse !
MOTEUR
Parlons vitesse justement, puisque le coupé Nissan 350Z
est en partie conçu pour cela. Propulsé par une version
revisitée du V6 de la Renault Vel Satis, le coupé
japonais s'offre un des plus beaux organes sonores de la production
actuelle. Ce bloc dénommé VQ35DE est un 6 cylindres en
V à 60° de 3498 cm3 à 24 soupapes. Le gain en
puissance a été obtenu par l'adoption d'un nouveau
collecteur d'admission et d'échappement, un diagramme de
distribution variable en continu spécifique. Le programme
d'injection et d'allumage a bien évidemment été
modifié en conséquence. De 235 chevaux sous le paquebot
français, le V6 passe donc à 280 chevaux à
6200 tr/mn dans le 350Z et délivre un couple remarquable
de 363 Nm à 4800 tr/mn (soit 103,8 Nm/L). Le rapport volumétrique
est pourtant que de 10,3:1, ce qui souligne la performance des motoristes
de Nissan. Evidemment, on est assez loin des puissances spécifiques
obtenus chez les plus pointus de la catégorie mais grâce
à sa cylindrée respectable, le V6 Nissan emmène
sans trop peiner les 1500 Kg de la belle. Les chronos sont d'ailleurs
assez flatteur, en dépit d'un poids que l'on attendait plus
faible et d'une répartition des masses minoritairement sur
le train arrière (47%). 0 à 100 Km/h en 5"9,
26"2 pour le 1000m DA, c'est mieux qu'une Clio V6 ou une Audi
TT V6. Sur les reprises, le couple fait parler la poudre et la Nissan
350Z vous propulse de 90 à 120 Km/h en 7" sur le dernier
rapport de la boîte 6. La vitesse maxi est limitée
à 250 Km/h, ce qui n'est plus un argument majeure de nos
jours. Bien étagée, la boîte à tringle
est plutôt ferme mais grâce à des débattements
précis et courts, elle est comparable aux commandes Bmw.
Elle surpasse en agrément et en rapidité les systèmes
à câbles dont le seul avantage est de réduire
les vibrations dans le levier. Un arbre de transmission en carbone
est chargé de passer toute la puissance du moteur aux roues
arrières qui sont par la même occasion secondée
par un différentiel à glissement limité par
viscocoupleur, bien plus efficace qu'une bride électronique
dont sont de plus en plus affublées les sportives modernes.
Et il faut bien ça pour canaliser la puissance et surtout
le les 37 Mkg de couple du V6 Nissan. Pour clore avec le chapitre
moteur, précisons que le budget carburant devra être
calculé sur une consommation moyenne de 12L/100 km avec des
extrêmes de 9 à 16L en ville ou en conduite sportive.
SUR LA ROUTE
La 350Z possède un châssis très rigide
car prévu dès le début pour la version cabriolet
qui suivra prochainement. Les essieux sont également sophistiqués,
il s'agit de système à triangles superposés
composés de triangles supérieurs et de bras inférieurs,
complétés de barres anti-roulis avant et arrière.
Plus lourde qu'une Porsche Cayman, ou un coupé BMW Z4 3.0Si, la Nissan 350Z n'en est pas moins progressive et plaisante à conduire,
notamment grâce à sa direction à assistance hydraulique
dont le feeling est vraiment excellent. Très précise,
elle permet de bien sentir et tenir l'auto, quelle que soit l'allure.
Aucune remontée parasite ne vient perturber un guidage optimal
et communicatif. Plutôt sous-vireuse pour une propulsion,
la 350Z par sa répartition des masses légèrement
supérieure à l'avant et la présence du DGL
n'est jamais surprenante. Son train arrière suit le mouvement
avec sagesse, il ne dérive que lorsqu'on le brusque par un
transfert de masses par exemple et c'est toujours parfaitement contrôlable.
Ce comportement est tellement neutre que l'on regrette comme souvent
la présence d'un ESP déconnectable qui redevient actif
à chaque sollicitation des freins et bloque violemment toute
tentative de survirage excessif. Cela peut même dérouter
les pilotes expérimentés tant cette entrée
en action est peu naturelle et surprenante. Les freins se composent
de quatre grands disques pincés par des étriers italiens
(Brembo) à 4 pistons. En complément, une centrale
ABS avec répartiteur de freinage, antipatinage et ESP veillent
au grain. Puissant et endurant, le freinage de la 350Z s'acquitte
honorablement de stopper les 1500 Kg de la bête. Les pneumatiques
fournis par Bridgestone ne sont sans doute pas non plus étrangers
à cette performance. Les RE040, en dimensions 225/45 devant
et 245/45 derrière, chaussent de belles jantes en alliage
léger de 18". Pour les plus sportifs, Nissan propose
même en option de sublimes jantes Rays forgées pesant chacune
4 Kg de moins ! Le fait de réduire les masses non suspendues
facilite directement le travail des amortisseurs. L'amortissement justement, il est bien évidemment sportif
mais pas trop ferme, voire même trop souple pour les amateurs de circuit. Sur route il préserve un bon confort,
ce qui conforte le statut de GT du coupé Nissan. Hormis un
bruit de roulement perceptible, voyager à bord de la Nissan
350Z est un vrai plaisir.
EVOLUTION
Ecartées de notre marché, les nombreuses variantes Nismo ne seront pas abordées ici. Néanmoins, la carrière du coupé 350Z comprend plusieurs étapes majeures qui sont les suivantes : en 2004, apparition de la version Roadster, en 2005 la série limitée Gran Turismo 4 Limited Edition, puis la 35th Anniversary Edition célébrant les 35 ans du coupé 240Z, introduisent la version modifiée du V6 poussé à 300 ch. Elle est adoptée sur le modèle de série au millésime 2006. En 2007, le V6 VQ35DE est remplacé par le VQ35HR développant 313 ch. Il s'agit de l'ultime évolution du coupé 350Z en France qui termine sa carrière en 2009, remplacé par le 370Z.
ACHETER UNE NISSAN 350Z
Déjà remarquée pour son rapport prix/performances sur le marché neuf, le coupé Nissan 350Z enfonce le clou sur le marché de l'occasion en offrant un niveau de prestations rare pour des voitures de cet âge et prix. Comptez environ 15.000 € pour vous offrir ce coupé propulsion animé par un généreux V6. A ce prix, la Nissan reste donc un achat très recommandable, d'autant qu'elle ne souffre que de quelques rares problèmes connus. Concernant les 350Z 280 ch de 2003 et 2004, il s'agit des moteurs de lève-vitres qui rendent l'âme trop vite (nombreux sont les possesseurs de 350Z qui ont rencontré ce souci avant 50.000 km). Le problème est d'ailleurs toujours rencontré sur les modèles plus récent (300 et 313 ch), mais beaucoup moins fréquent. Coût de l'opération chez Nissan, environ 500€. Autre ennui mécanique connu, un genre de "Clic-clac" émis par les demi cardans arrière ; Aucune dégradation constatée mais un bruit assez agacant lors des marche arrière surtout et au démarrage en première. Un bulletin de service existe chez Nissan concernant la maintenance à effectuer : Démontage, rotation des demi-arbres de roues arrières à 180° et bourrage de graisse dans l'ensemble. Le tout est facturé environ 200€. Mais malgré cette opération, le bruit a pu revenir sur des cas isolés. La plupart des 350Z ayant maintenant plus de 50 000 Km, ces deux soucis ont toutefois été réglés pour la majorité des cas. Il reste un problème plus grave qui concerne l'usure des poussoirs moteurs dont certains sont à changer entre 50.000 et 70.000 km maxi. Les cas sont isolés et passé ce kilométrage, les 350Z qui n'ont pas connu ce problème ne l'auront donc a priori jamais. Le coût de l'opération chez Nissan est nénamoins élevé (1500€) donc méfiance à bien vérifier avant l'achat. Enfin, réputé globalement peu endurant, l'embrayage est comme sur toute auto sportive directement dépendant de la conduite qui en est faite. Certains sont bon à changer dès 30.000 km et d'autres vont sans soucis jusqu'à 140.000. Enfin, côté électronique les combinés Radio-CD connaissent des soucis (sortie stéréo perturbée et parfois des CD qui restent bloqués dans le poste).
::
CONCLUSION
Proposée à un prix canon à sa sortie, la Nissan 350Z reste la bonne affaire du segment des coupés 6 cylindres récents
! Une ligne superbe, un moteur coupleux et sonore, une conduite
plaisante et un équipement complet; Nissan signait
son retour avec la manière. Et pour les plus exigeants, l'évolution du V6 de 280 à 313 ch présente différentes facettes de caractère.
Merci à Gianni pour les informations sur son coupé 350 Z ainsi qu'à Vincent pour ses photos.
REVUE DE PRESSE NISSAN 350Z :
"Si toutes les deux ont la puissance requise pour mettre
KO n'importe quel sparing partner, dans ce face à face, elles
n'ont fait que se rendre coup pour coup. Sans pour autant surclasser
le Boxster dans aucun domaine précis (performances, présentation,
tenue de route,...) la 350Z l'emporte cependant à la fin
en raison de son tarif. Car, si dans la catégorie des grandes
GT, la amrque japonaise n'a pas encore l'aura de Porsche, l'écart
de prix affiché est tout de même conséquent
!"
ECHAPPEMENT - 01/2004 - MATCH NISSAN 350Z/ PORSCHE BOXSTER S.
"Nissan nous rappelle que ce n'est
pas si difficile de faire une vraie voiture de sport, c'est-à-dire
une auto proposant des performances élevées, mais
surtout un plaisir de conduite qui la distingue du reste de la production
automobile. [...] Et en plus d'être une réussite sur
le plan dynamique, cette dernière est la moins chère
du lot ! ll serait peut-être temps que les constructeurs non
japonais se réveillent..."
LE MONITEUR AUTOMOBILE - 11/2003 - ESAI COMPLET NISSAN 350Z. |