BMW M5 Touring (G99) (2024 - )

Optimisation fiscale

Pour fêter dignement ses 50 ans, BMW M GmbH s'est offert un gros plaisir : créer un tout nouveau modèle exclusif, le premier depuis la légendaire M1 ! Mais au moment de choisir entre une supercar et un SUV, les prévisions de ventes ont semble-t-il eu le dernier mot et la création du X///M a laissée perplexes bien des fans de la marque à l'hélice...

Texte & Photos : Sébastien DUPUIS

La BMW M5 est la fondatrice du segment des berlines hautes performances. Lancée il y a 40 ans, elle est depuis considérée comme la berline d’affaires la plus sportive et la plus dynamique au monde. Mais cette hégémonie s'est vue concurrencée dans les années 90 par l'arrivée d'une nouvelle rivale flanquée de quatre anneaux sur la calandre et d'un coffre d'utilitaire, lui permettant d'investir un territoire délaissé par BMW : le break sportif. Après l'échec commercial de la M5 E34 Touring lancée en 1992, les comptables de BMW estimèrent que le segment n'offrait pas la rentabilité attendue, laissant de fait le champ libre aux stratèges d'Audi qui y imposèrent la RS 6 au début des années 2000. Sans doute vexés, les hommes de BMW M décidèrent de riposter en 2007 en développant la M5 E61 Touring qui connut elle aussi un bide retentissant.

Il fallut près de 20 ans aux comptables de BMW pour s'en remettre mais jamais deux sans trois dit-on. En 2023, BMW M GmbH confirmait donc officiellement qu'avec la nouvelle génération de la BMW M5 (G90), une variante Touring serait de retour dans la gamme. Avec celle qu'il présente comme la "symbiose parfaite entre les performances typiques de la marque M, le confort sans compromis sur les longs trajets et l'impressionnante habitabilité", BMW M entend donc mettre un terme au quasi monopole d'Audi avec cette 7ème génération de M5.

PRESENTATION

En juillet 2024, la nouvelle M5 (type G90) se dévoilait en empruntant la célèbre piste de Goodwood pour sa première mondiale, quelques mois avant son lancement international officiel. Etonnamment, BMW présenta le break M5 Touring (G99) en même temps que la berline et les premières livraisons débutaient en novembre 2024, les deux modèles étant produits dans la même usine BMW de Dingolfing, en Allemagne.

Conçue sur la plateforme CLAR de BMW, partagée avec la Série 7 G70, cette nouvelle génération G60/G61 de la Série 5 a pris près de 10 cm en longueur et franchit désormais allègrement la barre des 5 mètres qu'elle dépasse de presque 10 cm ! Elle frôle également les 2 mètres de large (1,97m) et, même si comparativement à un SUV le break munichois reste moins "massif", il souffre également d'une hauteur en hausse (1,51m) destinée à loger dans le plancher la grosse batterie des variantes électriques i5. Quand on se rappelle qu'à sa naissance la M5 (E28) mesurait seulement 4,62 m...

Pour amoindrir, au moins visuellement, ce gabarit des plus imposants, on trouve de série des jantes M de 20 pouces à l’avant et 21 pouces à l’arrière, quel que soit le dessin choisi. Mais l'effet reste limité d'autant que, comme sur la berline, le design spécifique "M5" intègre des ailes bodybuildées et des épaulements musclés. Comparé à la BMW Série 5 standard, ils élargissent la M5 de 75 mm à l’avant et de 48 mm à l’arrière. La partie avant est façonnée par de grandes entrées d'air et la fameuse calandre illuminée. Au niveau de la poupe, outre le hayon évidemment spécifique au break, on retrouve des feux arrière fins qui s'étendent sur les flancs de la voiture. Les catadioptres verticaux sont repoussés aux extrémités du pare-chocs et le diffuseur est divisé en deux sections accueillant, chacune, une paire de sorties d'échappement circulaires de 100 mm peintes en noir pour se mettre en harmonie avec la finition "Shadow Line" imposée. Précisons qu'il ne s'agit pas de canules ou d'enjoliveurs mais - chose devenue rare - de vrais embouts d'échappement. Quoi qu'il en soit, on se prend de nostalgie en repensant à l'élégante sobriété d'une M5 E39... Qu'il paraît loin désormais ce temps là.

HABITACLE

L’intérieur de la M5 a lui aussi consommé sa rupture avec la sobriété d'antan. Entre le grand écran incurvé, l'affichage tête haute, les commandes tactiles, le volant multifonction et les surfaces colorées par l'éclairage d'ambiance, BMW épouse avec gourmandise les nouveaux standards de la mode. La marque bavaroise conserve toutefois de son ADN historique un poste de conduite centré sur le conducteur et une position de conduite ergonomique qui mériterait cependant des sièges plus enveloppants.

L'une des particularités des modèles BMW M dans leur univers concurrentiel est la possibilité de créer deux configurations personnalisées du véhicule et de les activer directement via des touches programmables au volant (M1 et M2). La BMW M5 Touring ne déroge pas à cette règle et, grâce à des configurations sélectionnables individuellement, permet à ses conducteurs de façonner une expérience de conduite à la carte. Une liste impressionnante de paramètres est personnalisable: transmission intégrale, boîte de vitesses, Drivelogic, suspension, direction, freins, M Sound, DSC, mode M Hybrid et sans oublier la récupération de l'énergie !

Mais le Tourng M5 est aussi une voiture familiale luxueuse qui sait recevoir, avec des matériaux valorisants, inserts carbone et cuir Merino, des assemblages soignés et un vaste espace à bord, baigné de lumière grâce au toit panoramique en verre de série. Les sièges M chauffants et électriques à l’avant, la climatisation à 4 zones, une dalle de recharge par induction, l’accès confort, l’ouverture électrique du coffre, entre autres raffinements, comptent également parmi les équipements de série qui confortent la position de la M5 en tant que modèle sportif ne faisant aucune concession au confort.

La version Touring y ajoute des aspects pratiques avec sa soute à bagages dont le volume peut atteindre 1630 litres pour répondre à un usage quotidien et polyvalent. A noter également, car ça n'a pas toujours été possible, la possibilité d'un attelage de remorque optionnel, la M5 Touring pouvant alors tracter jusqu'à 2 000 kg dans le cas d'une remorque freinée. Un vrai déménageur !

MOTEUR

Après la BMW XM, la nouvelle M5 est le deuxième modèle hautes performances électrifié de BMW M GmbH. Elle en reprend d'ailleurs toute la chaîne cinématique M Hybrid, associant un moteur V8 de 4,4 litres et un moteur électrique intégré à la transmission M Steptronic à huit rapports. Evidemment, ce choix technique trouve un relais médiatique dans l'engagement sportif de BMW M Motorsport avec le programme d'endurance BMW M Hybrid V8, même si les blocs respectifs n'ont rien en commun...

Le V8 hybride de la M5 est d'ailleurs plus puissant que le moteur 4.0 de course, bridé par le règlement, puisqu'il développe la puissance combinée de 727 ch tandis que le couple maximal culmine à 1000 Nm ! A lui seul, le V8 biturbo délivre 585 ch sur un plateau de 5600 à 6500 tr/mn et un couple maximal de 750 Nm constant de 1800 à 5400 tr/mn. Ayant reçu quelques améliorations par rapport à la précédente M5 (circuit d'admission, collecteur d'échappement, vilebrequin, turbos, lubrification...), ce dernier est complété par un moteur électrique BMW eDrive de cinquième génération délivrant 197 ch et un couple maximal de 280 Nm. Comportant un étage de pré-engrenage permettant d'augmenter le couple effectif à l'entrée de la transmission, celui-ci est intégré à la boîte de vitesses M Steptronic à 8 rapports. Ces valeurs en font la BMW M5 la plus puissante de tous les temps mais surtout, elle se distingue des précédentes générations par un temps de réponse des turbos totalement comblé.

Comme sur la BMW M5 Berline, le bouton M Hybrid permet de choisir entre les modes HYBRID, ELECTRIC et eCONTROL. Le mode HYBRID permet une interaction optimale entre le moteur thermique et le moteur électrique pour maximiser l'efficacité et les performances. En mode tout électrique, la nouvelle BMW M5 Touring permet, sur le papier, de parcourir jusqu'à 67 kilomètres sans émissions grâce à une petite batterie de 18,6 kWh que l'on peut recharger en 3h15 sur une borne domestique (jusqu'à 7,4 kW). Ce n'est évidemment vertueux qu'à condition de "jouer le jeu", c'est à dire faire le plein d'électrons aussi souvent que possible de façon à couvrir une utilisation quotidienne. La question reste de savoir si les acheteurs de M5 ont réellement envie de se priver du son du V8 ou de simplement profiter des largesses du cycle WLTP pour s'exonérer d'un malus de 70 000 €... En ce qui nous concerne, "la question elle est vite répondue". Pour ce qui concerne notre essai, la batterie ayant rapidement été "à sec" et le V8 étant toujours alimenté en mode Sport ou Sport Plus, il en ressort une consommation moyenne de super d'un peu moins de 12 l/100 km. Très loin donc des 2 litres annoncés ! Autrement dit, si vous comptez profiter du V8 n'attendez pas de miracle par rapport aux précédentes M5, bien que dans l'absolu cela reste raisonnable au regard du poids et de la puissance.

Car malgré le poids indécent de l'ensemble - 2475 kg, soit "seulement" 40 kg de plus pour le break... -, l'association des moteurs thermique et électrique assure des performances assez ébouriffantes à cette M5 Touring. Bien aidée par une transmission intégrale dont était privée ses devancières et une gestion du grip phénoménale, la M5 G99 s'arrache de zéro à 100 km/h en 3,6 secondes et passe de l’arrêt à 200 km/h en seulement 11"1 secondes. Une vraie catapulte ! Ces performances surnaturelles peuvent en outre bénéficier du « Boost Control », fonction disponible avec les modes hybrides M Dynamic et Dynamic Plus, ainsi que le mode M Track (option M Drive Professional). Elle peut être utilisée entre 30 km/h et 150 km/h et s’active en tirant sur la palette de gauche pendant environ deux secondes. En mode tout électrique, la nouvelle BMW M5 est évidemment moins démonstrative puisque le rapport poids/puissance dégringole sévèrement. De même la vitesse de pointe plafonne à 140 km/h, même pas de quoi larguer une Alpine A290...

Les accélérations percutantes de la M5 hybride s'accompagnent d'une bande sonore capable de jouer sur les deux tableaux : soit un son de l'espace signé Hans Zimmer en mode électrique, soit un grognement de "Muscle Car" qui parlera plus au passionné en s'exprimant à travers les clapets de la ligne d'échappement . Certes, son timbre amplifié via la sono perd du naturel, mais il n'y a tout de même pas tromperie sur la marchandise. C'est un V8 et un V8 bien velu ! Du fait d'un étagement serré des premiers rapports, les montées en régimes énergiques ont tôt fait de se fracasser sur le limiteur de régime, lequel génère une étonnante latence au moment de passer le rapport supérieur. Cette rupture de charge se traduit par une brutale reprise de couple lorsque le rapport supérieur est engagé et confère un caractère particulier à la M5, sans qu'on sache vraiment dire si c'est une qualité ou un défaut ! On connaissait déjà la capacité de la boîte automatique ZF8 - rebaptisée Steptronic par BMW - à afficher un caractère brutal, il semble ici encore plus exacerbé et Rock 'n' roll !

SUR LA ROUTE

Héritant d'une plateforme déjà ultra rigide, les ingénieurs de BMW M ont pris soin de renforcer la structure de la M5 en de mutliples endroits et de peaufiner les liaisons au sol pour faire oublier une masse que beaucoup jugeraient incompatible a priori, malgré une répartition idéale de 50:50. Heureusement, ou pas, les ingénieurs ont depuis plusieurs années prouvé qu'ils arrivaient à faire des miracles lorsqu'il s'agissait de conférer un comportement sportif à un SUV de deux tonnes. La M5 profite de cette expérience en y ajoutant l'avantage naturel de ne pas être un SUV. Elle pèse aussi moins lourd que beaucoup de SUV mais ce n'est pas un compliment, le Tesla Model Y Performance est d'ailleurs plus léger...

Si ce poids ne se ressent absolument pas dans la direction à assistance variable, très précise mais peut-être un peu trop légère, il a fallu sortir le grand jeu côté liaisons au sol : basée sur un essieu avant à double triangle et un essieu arrière à cinq bras avec une cinématique et une élastocinématique spécifiques (silentblocs plus rigides notamment), la M5 G90/G99 reçoit également la suspension adaptative M avec amortisseurs à commande électronique et la Direction lntegralActive à 4 roues directrices. Ce miracle technologique permet de concilier stabilité et dynamisme autant qu'efficacité et confort, en d'autres termes ne pas avoir à choisir entre sport et confort. Bien sûr, l'amortissement reste relativement ferme, c'est une M, mais il parfaitement tolérable même sur mauvaise route. La M5 reste donc aussi une Série 5.

Dans ce contexte, et compte tenu de la réputation de la marque en la matière, on pouvait craindre légitimement pour l'efficacité du freinage. Il n'en est rien heureusement, merci les freins M Carbon céramiques de 420 mm (reconnaissables aux étriers dorés) bien que ceux-ci restent optionnels (M Composite de série). Même si cela peut sembler symbolique, ils permettent en outre d'économiser 25 kg au passage à un endroit stratégique. La configuration de la M5 propose par ailleurs deux réglages de ressenti de la pédale. De même pour le niveau de régénération, si bien qu'il ne vient pas entacher un usage intensif, lequel se manifeste rapidement entre le poids et la vitesse de mise en orbite ! Ajoutons que les gommes premium fournies par Michelin supportent très bien la contrainte, sur route, mais il est permis de douter de leur endurance dans le cas d'un usage sur circuit....

La transmission intégrale M xDrive ainsi que le différentiel actif M ont également été optimisés et adaptés aux exigences plus élevées du nouveau système hybride. Outre le fonctionnement en 4 roues motrices paramétré par défaut, le conducteur peut favoriser une conduite plus axée sur l'arrière ou même basculer en propulsion pure via le mode 2WD. En désactivant le DSC, celui-ci permet de renouer avec les joies du drift chères aux bimmers de toutes générations. A réserver tout de même aux plus expérimentés car rappelons qu'il y a 1000 Nm et 2,5T à gérer ici...

ACHETER UNE BMW M5 TOURING G99

BMW est de retour sur le segment de niche des grands breaks sportifs, non sans de solides arguments. De la puissance tout d'abord, mais aussi une hybridation qui lui permet d'afficher des émissions de CO2 insolentes, esquivant au passage un malus ravageur en France. En 2024, au lancement, la nouvelle BMW M5 Berline n'était même pas soumise au malus au poids ! Même si ce cadeau a été supprimé et qu'il faut désormais s'acquitter d'une taxe "masse" de 15 530 €, la parade reste tellement énorme qu'on se demande comment elle pourra tenir... Mais qu'importe, BMW a su se montrer malin et les clients en profitent. A tel point qu'il coûte désormais plus cher d'acheter une M3 Touring qu'une M5 Touring si on l'immatricule en France ! Comme disait Jacques Martin, c'est incroyable mais vrai.

Cela dit, les principaux marchés pour la nouvelle BMW M5 Touring resteront principalement l'Allemagne bien sûr, la Grande-Bretagne et la Suisse. Mais BMW mise désormais aussi sur les États-Unis et le Canada qui ont redécouvert semble-t-il qu'il existait une alternative au sacro-saint SUV. La France se classe évidemment très loin derrière parmi les amateurs de déménageurs surpuissants mais ne boudons pas notre plaisir car il se pourrait que l'on croise enfin quelques breaks M5...

CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
BMW M5 Touring (G99)

MOTEUR
Type : V8 32 soupapes (Double Vanos + Valvetronic) + moteur électrique synchrone à aimant permanent intégré
Position : longitudinal AV
Alimentation : Injection directe + 2 turbos twinscroll avec échangeur d'air indirect
Cylindrée (cm3) : 4395
Alésage x course (mm) : 88.3 x 89
Puissance maxi (ch DIN à tr/mn) : 727
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 1000
BATTERIE :
Type : Lithium-ion
Capacité nette (kWh) : 18.6
TRANSMISSION
4x4 M xDrive avec différentiel actif
Boîte de vitesses (rapports) : automatique M Steptronic (8) avec moteur intégré
ROUES
Freins Av-Ar (Ø mm) : disques ventilés bi-matière (410), étriers fixes 6 pistons - disques ventilés bi-matière (398), étriers flottants 1 piston
Pneus Av-Ar : 285/40 ZR 20 111Y XL - 295/35 ZR 21 110Y XL (Michelin Pilot Sport 5)
POIDS
A vide constructeur (kg) : 2475
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 3.4

PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 250 / 305 (option)
0 - 100 km/h : 3"6
0 - 200 km/h : 11"1
80-120 km/h (4/5) : 2"2 / 3"1
CONSOMMATION
Moyenne WLTP (L/100 km) : 2.0
Moyenne de l'essai (L/100 km) : 11.7
CO2 (g/km) : 46
PRIX NEUF (12/2025) : 164 900 €
PUISSANCE FISCALE : 51 CV

PHOTOS

Vous avez aimé cet article ? Merci de le partager

VOUS POURRIEZ AIMER

Guide des sportives

BMW M5 Touring (G99)
GUIDE D'ACHAT

Dossier

LES MEILLEURES SPORTIVES DES 90'S