| © L'AUTOMOBILE SPORTIVE (10/03/2010) 
 LA SENSATION TURBO ! Première familiale sportive 
                dotée d'un moteur turbocompressé, la Renault 18 va 
                ouvrir une nouvelle voie pour la régie, celle des berlines 
              rapides et confortables sur fond de downsizing visionnaire... Texte : 
              Sébastien DUPUISPhotos : D.R.
 Au milieu des années 1970, la crise économique 
              liée à la production de pétrole contraint les 
              citoyens à faire des économies, notamment dans notre 
              hexagone qui ne dispose pas de cette ressource. On entre alors dans 
              le programme tout nucléaire pour la production d'électricité, 
              mais cette bonne vieille chère automobile continue de fonctionner 
              au pétrole. Problème. Pour limiter la consommation 
              du pays, les dirigeants décident alors d'imposer la limitation 
              de vitesse sur autoroute et la fiscalité, dont le calcul 
              intègre désormais la démultiplication de boîte 
              de vitesse, se renforce d'une vignette, avancée comme pour 
              sauver les retraites... Pas facile dans ce contexte d'exploiter 
              les performances comme argument de vente. Pourtant, Renault sort 
              en 1976, la 14, berline bicorps au dessin original qui a pour objectif 
              de concurrencer la Golf, reine du segment des compactes. Malheureusement, 
              pareil scénario catastrophe n'avait pas été 
              envisagé : la "poire", comme les publicitaires 
              l'on si intelligemment surnommée, est sans doute en décalage 
              avec les modes et finalement, deux ans plus tard, c'est la Renault 
              18 qui va faire les beaux jours de la marque sur tous les continents. DESIGN              Définie en tant qu'engin de marketing, la Renault 18 a été considérée 
              en premier lieu comme l'argument "trois volumes" d'un constructeur 
              décidé ŕ ne négliger aucune chance de vendre ses voitures, surtout 
              face au fiasco de la R14. En dépit d'une base technique empruntée 
              à la Renault 12 (produite de 1969-1980 !), la Renault 18 
              réunit un certain nombre de qualités appréciables 
              à l'époque. Esthétiquement, les lignes de la 
              18 sont plus douces et bombées que sur la R12 et la voiture 
              paraît plus grosse et plus solide. Sa carrosserie passe-partout 
              de berline 4 portes séduit le plus grand nombre. Au début 
              des années 80, la crise s'efface peu à peu et Renault 
              peut enfin sortir de ses cartons l'arme fatale : la R18 Turbo, 
              première berline sportive familiale française capable 
              de concilier confort et performances comme une VW Golf GTI ! Après la très 
              médiatique R5 Turbo livrée en petite série, 
              Renault poursuit l'aventure du turbocompresseur faisant de la 18, 
              la premičre voiture vouée ŕ une grande diffusion dotée d'un tel 
              moteur. L'habillage spécifique de la "Turbo" lui 
              procure en outre un pouvoir de séduction inattendu. Les jantes 
              en alliage léger de la Fuego GTX 2 litres, au dessin futuriste, 
              équipées de pneus taille basse, et les becquets avant et arrière 
              assoient l'auto visuellement et dynamisent une ligne qui en a bien 
              besoin. De plus, avec ses deux carrosseries, berline et break à 
              partir de 1983, ainsi que sa gamme d'équipements complète 
              (cuir, climatisation, vitres électriques), la Renault 18 Turbo a 
              de quoi contenter les clients les plus exigeants. Si la finition 
              ne dépasse pas une honnête moyenne, la qualité 
              de présentation est relativement luxueuse à l'exception 
              des plastiques durs et noirs brillants de la console. Enfin, la 
              18 Turbo profite des sièges baquets très confortables 
              de la Fuego, bien qu'un peu trop mous, avec en option une sellerie 
              cuir intégrale du plus bel effet. Au millésime 1983, 
              la Renault 18 Turbo abandonne le spoiler avant au profit d'un meilleur 
              Cx mais par contre, elle s'habille d'un nouveau bouclier en matičre 
              synthétique. Si en performances pures, la nouvelle turbo 125 ch, 
              commercialisée à cette occasion, peut soutenir la 
              comparaison avec une BMW 320i, du point de vue esthétique, finition 
              ou présentation générale, elle ne "fait pas le poids". Mais elle 
              n'affiche pas le męme prix non plus, ne l'oublions pas! Au chapitre 
              des équipements, le nouveau systčme de verrouillage des portes ŕ 
              distance apparaît en série pour l'année 83. 
              Bref, la Renault 18 se veut avant tout une routière rapide 
              et confortable, rôle qu'elle assume parfaitement bien. MOTEUR              Avec sa culasse et son bloc en alliage léger, la base moteur de 
              la Renault 18 Turbo est apparue originellement sur la R16 TL. L'alésage 
              de 77 mm pour une course de 84 mm donnent à ce 4 cylindres 
              en ligne une cylindrée de 1565 cm3. L'architecture de ce 
              moteur à arbre ŕ cames latéral entraîné par chaîne n'est 
              pas moderne, mais à défaut, largement éprouvée. 
              En revanche, la ressemblance s'arrête là puisque la 
              puissance passe de 66 ch ŕ 110 ch au męme régime de 5.000 tr/mn, 
              tandis que le couple maximal bondit de 11,3 mkg ŕ 3.000 tr/mn ŕ 
              18,5 mkg ŕ 2.250 tr/mn. Cette impressionnante mutation est apportée 
              par l'adjonction d'un turbocompresseur, un Garrett comme sur la 
              R5 Turbo soufflant l'air d'admission dans le carburateur. Cela étant, 
              les techniciens de la Régie ont tout fait pour donner naissance 
              ŕ un ensemble ŕ la fois extręmement efficace et parfaitement "civilisé", 
              puisqu'à la différence de la R5, la recherche de puissance 
              n'était pas fondamentalement prioritaire comme le prouve 
              la faible puissance de suralimentation de 0,6 bars. En conservant 
              un rapport volumétrique élevé de 8,6:1, les ingénieurs ont obtenu 
              une puissance raisonnable (70 ch/L) au profit du couple et de la 
              souplesse ŕ bas régime, principale faiblesse des moteurs turbo. 
              Mais un tel rapport volumétrique n'aurait pas été 
              possible sans un brevet, revenant à Saab, de détection 
              électronique de cliquetis (par Quartz). Le calculateur électronique 
              enregistre l'apparition du phénomčne au moment oů la charge devient 
              trop importante ŕ bas régime et l'information est transmise au calculateur 
              régissant l'allumage qui joue alors sur le calage de l'avance. Par 
              ailleurs, l'air comprimé en sortie de turbo est refroidi dans un 
              échangeur air-air avant de parvenir au carburateur, ce qui améliore 
              le remplissage grâce ŕ une augmentation de la densité de l'air. 
              Au millésime 1983, une nouvelle 18 Turbo est arrivée sur 
              le marché avec un moteur de 125 ch à 5500 tr/mn, soit 15 
              chevaux supplémentaires obtenus par une pression de suralimentation 
              un plus élevée. Si la puissance augmente, le couple ne bouge pas. 
              Seule sa courbe est plus lisse et étendue que sur l'ancien 
              modčle, augmentant d'autant l'agrément d'utilisation. Dans 
              la pratique, à bas régime le fameux "temps de 
              réponse" de la turbine demeure perceptible. Ensuite, 
              la sensation d'accélération supplémentaire est nette mais elle s'effectue 
              malgré tout progressivement et sans brutalité. La boîte voit ses 
              rapports s'allonger sauf la premičre qui est plus courte. En conduite 
              sportive également, la boîte ne donne pas toutes les satisfactions 
              par son étagement curieux mais aussi par les craquements de sa synchronisation 
              déficiente. Avec un rapport poids/puissance de 9,45 et 8,32 Kg/ch 
              respectivement pour les 18 Turbo 110 et 125, la vitesse maxi atteint 
              188 et 198 Km/H et les accélérations sur le 1000m 
              D.A font état de 32,5" et 31,2", pour un 0 à 100 km/H en 
              11,8" et 11, 2". A vitesse constante, on relève une 
              consommation moyenne sur 100 kms de 6,5 litres à 90 km/h, 8 litres 
              à 110 km/h et 10 litres à 130 km/h. En fait, comparée à 
              ses rivales de l'époque de puissance comparable, la 18 Turbo 
              est finalement assez sobre, surtout lorsqu'on apprend à la 
              conduire sur le couple, sans pousser les rapports au rupteur. CHASSISPour l'ensemble de la voiture, qu'il s'agisse de la transmission, 
              des suspensions, des développements aérodynamiques, la Renault 18 
              Turbo va beaucoup emprunter à ses soeurs aînées, dont notamment 
              la 18 Diesel, le modčle le plus récent de la gamme et d'autre part, 
              la Fuego. C'est ainsi que l'on trouve la géométrie du train avant 
              à déport négatif et les freins commandés par un double circuit en 
              diagonale avec servo. Très confortable, la souplesse de la 
              suspension de la 18 Turbo permet d'envisager un long voyage sans 
              inquiétude particulière. Comme à l'accoutumée, ou presque, le confort 
              augmente avec la vitesse. Les revêtements médiocres seront plus 
              fortement ressentis à faible vitesse. En dépit de la puissance 
              et surtout du couple disponible, la motricité est bonne et bien 
              que la traction avant ne soit pas la panacée en la matière on a 
              depuis repoussé bien au-delà les limites ! Il est 
              vrai que les jantes larges et les pneumatiques "taille basse" 
              sont de nature à permettre une bonne exploitation des possibilités 
              du moteur. Parfaitement calme en ligne droite, la Turbo efface les 
              courbes à grand rayon avec une aisance presque déconcertante. Grâce 
              à la direction assistée sa maniabilité est supérieure à la moyenne 
              et les enchaînements, même courts, sont acceptés dans des bonnes 
              conditions. Néanmoins, cette option ne semble pas indispensable 
              dans la mesure ou le train avant n'a pas trop de poids à 
              supporter. Finalement, c'est le volant lui-même qui se montre 
              le plus désagréable concernant la direction. L'équilibre 
              au freinage est excellent. A partir de 1983, on note l'apparition 
              de disques de freins à l'arrière. Le comportement de la 18 Turbo 
              reste satisfaisant si l'on ne cherche pas à atteindre la limite. 
              C'est vers cette limite, déjà assez éloignée, que la plongée excessive 
              du train avant a pour effet de délester exagérément 
              l'arrière. ACHETER UNE 
            RENAULT 18 TURBOIl y a peu de temps encore, la Renault 18, y compris Turbo, 
              était identifiée comme "la voiture du beauf" mais 
              avec le temps, elle mérite bien d'être peu à 
              peu réhabilitée. Force est de constater que les exemplaires 
              ayant pu passer à travers les outrages de la "jacky-touch", 
              les attaques de la rouille et les émigrations massives en 
              dehors de notre beau pays, ne sont plus très nombreux. Dans 
              la circulation actuelle, la Renault 18 Turbo fait figure de rareté 
              et près de 20 ans après la fin de sa commercialisation, elle peut 
              désormais pointer fièrement le bout de son capot dans le 
              monde prestigieux de la collection. A son avantage, la Renault 18 
              Turbo peut se targuer d'une extraordinaire robustesse mécanique. 
              Les moteurs se rient des kilomètres, et au prix d'un entretien 
              minimum, vous emmèneront très loin. Car contrairement à bon 
              nombre d'autres voitures turbocompressées, y compris chez Renault, 
              le moteur de la 18 n'est pas particulièrement fragile et 
              supporte assez bien les forts kilométrages. Comme pour tout 
              moteur turbo, il faut simplement éviter de tirer dessus à froid 
              et attendre quelques secondes avant de couper les gaz. L'embrayage 
              peut également tenir le choc un bon moment. A surveiller 
              en revanche, le pot d'échappement est assez fragile et se corrode 
              rapidement. Optez pour de l'inox, vous y serez gagnant ! De gros 
              problčmes constatés concernant la boîte de vitesses automatique 
              en font un choix à éviter absolument ! D'autant plus 
              que son agrément est très médiocre. Par ailleurs, 
              un moteur solide ne suffit pas à faire une voiture fiable, 
              et la corrosion avoue une attirance particulière pour la 
              R18, notamment au niveau des ailes et des portes arrière 
              ainsi que des entourages de vitres et du coffre. Une inspection 
              approfondie s'impose donc avant tout achat. Mal chronique des Renault 
              des années 80, les mousses des assises de sièges, moelleuses 
              et confortables d'origine, deviennent progressivement inconfortables 
              faute de tenue dans le temps. Les habillages sont moins fragiles 
              à l'exception du cuir qui réclame un entretien suivi, 
              comme dans toute autre auto dotée de cette matière. 
              Maladie bien connue de toutes les R18, le tableau de bord vieillit 
              assez mal. La baguette chromée a tendance à se décoller 
              et la casquette se fissure sous l'agression du soleil et de la chaleur. 
              La fiabilité électrique est également très 
              relative, surtout en raison des problčmes d'humidité. En 
              général, ces pannes n'interviennent pas uniquement à des kilométrages 
              élevé, surtout si la voiture n'a pas toujours couché 
              en garage. Pour finir, à la lecture des rares annonces qui 
              circulent, on peut établir la fourchette des prix entre 300 
              (!) et 2000 euros pour des Renault 18 Turbo dans des états 
              très variables mais rarement parfaits. En effet, le coût d'une restauration a de quoi refroidir les propriétaires vu la très faible cote de ces modèles et c'est bien dommage car ils risquent de disparaître définitivement du marché... En clair, c'est le moment ou jamais d'acheter 
              cette auto ! Si vous craquez pour celle qui demeurera à jamais 
              la première berline turbocompressée du monde, munissez-vous 
              des quelques documentations de référence (ETAI) et 
              partez à la chasse !!! HISTORIQUE RENAULT 18 TURBO              1978 : Présentation en avril 1978 de la Renault 
              18.1980 : La nouvelle version "Turbo" apparaît 
              en juillet (berline exclusivement).
 1983 : Nouvelles poignées de porte noires sur toute 
              la gamme. Version Automatic plus puissante, la boîte équipe 
              aussi les modèles à moteur diesel et Turbo essence. 
              Nouveau break Turbo. Les berlines et breaks Turbo bénéficient 
              d'un moteur de 125 ch DIN et de 4 freins à disques pour la 
              berline. Nouveaux Breaks 4x4 (présentation en janvier 83).
 1984 : La 18 Type2 voit le jour en mars 1984 : Nouvelle calandre 
              qui rappelle celle de la Renault 25 qui vient d'ętre présentée, 
              bandes décoratives de bas de caisse, becquet arričre enveloppant... 
              La Turbo représente alors 4% des ventes.
 1985 : Côté production, la fin approche, la Turbo fait moins 
              de 1% des ventes. A l'été 1985, la 18 Turbo disparaît 
              du catalogue.
 1986 : Le 1er juillet 1986, la production de la Renault 18 
              est stoppée. La Renault 21 fait son entrée sur le 
              marché.
 :: CONCLUSIONLes Renault 18 Turbo n'ont pas encore le statut de voiture de collection 
              qui leur revient. La faute au peu d'exemplaires en bon état 
              et à une cote trop basse pour justifier le coût des 
              travaux nécessaires. Mais cela ne saurait tarder ! Alors, 
              armez-vous de patience pour dénicher un bel exemplaire et 
              vous pourrez alors profiter à moindre prix d'une voiture 
            qui a assurément marqué son époque.
 Tous nos 
            remerciements à Tangi Quéméner, webmaster du site 1418.net pour sa collaboration à  ce dossier.  CE QU'ILS EN ONT PENSE :"Grâce non seulement à ses performances pures 
              mais aussi à sa souplesse jointe à son silence et 
              à sa sobriété, la 18 Turbo n'est pas loin de 
              faire figure d'exception."
 L'AUTO JOURNAL - 15 septembre 1981 - ESSAI RENAULT 18 TURBO.
 "Il faut dire que la tenue de route et 
              le freinage de la R18 Turbo permettent de tirer en toute confiance 
              la quintessence du moteur. La direction assistée (en option) est 
              douce et précise, la commande de boîte ne pose pas de problčme et 
              la suspension réalise un excellent compromis entre confort et comportement 
              routier. Le seul véritable reproche que nous aurions ŕ formuler 
              du point de vue agrément de conduite concerne le délai de réponse 
              du turbo ŕ bas régime. La puissance et le couple sont bien lŕ mais 
              un bon 2 litres atmosphérique réagit avec plus de vivacité. Dans 
              un tout autre domaine, on pourrait reprocher ŕ cette 18 Turbo d'ętre 
              trop "Renault" dans sa présentation. En performances pures, elle 
              peut soutenir la comparaison avec la BMW 323i, mais du point de 
              vue esthétique, finition ou présentation générale, elle ne "fait 
              pas le poids". Mais elle n'affiche pas le męme prix non plus, ne 
              l'oublions pas!"L'Action Automobile - Septembre 1982 - ESSAI Renault 18 Turbo 
              125 ch.
 "En performance, la nouvelle 18 Turbo 
              fait ŕ peine mieux que l'ancienne version puisqu'elle atteint 187 
              km/h et qu'elle abat le kilomčtre en 32"40, (contre 32"90 et 187 
              km/h également pour l'ancienne version). Mais malgré cela, la 18 
              Turbo reste une bonne routičre, confortable, bien équipée et consommant 
              peu. Aujourd'hui, c'est une qualité essentielle!"ECHAPPEMENT - Automne 1982 - ESSAI Renault 18 Turbo 125 ch.
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