MI16
+ GTI = GTI16
L'équation est simple,
héritant du moteur de la 405 MI16, la 309 GTI est devenue GTI 16. A l'époque,
elle avait tout d'une bombe. Sa présentation négligée et un prix de vente trop
élevé ne lui auront cependant pas permis de marquer l'histoire comme elle le méritait.
Pourtant, elle cette bombinette sochalienne a encore bien des arguments à faire
valoir auprès des amateurs de petites sportives...
Texte : Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.
Commercialisée à
l'aube de la décennie 90 au début du déclin de la catégorie
des GTI, la Peugeot 309 GTI16 a fait l'effet d'une bombe lors de sa sortie, bousculant
la hiérarchie des "16S" initiée, une fois n'est pas coutume,
par la VW Golf II GTI 16V. Encensée
par le magazine Echappement et élue "sportive de l'année",
elle se fera aussi beaucoup critiquer pour ses choix de tenue de route, excessivement
sportive. Posée sur le châssis de la 205 GTI rallongé de 5
cm mais dopée par le moteur 16s de la 405 MI16, la recette de la 309 GTI16
a en effet tout de la potion magique explosive !
DESIGN
Côté
présentation, la 309 demeurera longtemps parmi les pires réalisations de Sochaux
et la GTI16 n'échappe pas à cette fatalité. Dommage pour
la carrière d'une auto qui n'est pourtant autre qu'une grande Peugeot 205,
avec toutes les qualités qu'on reconnaît au "sacré numéro".
Extérieurement, la discrétion de la plus puissante des 309 laisse
planer un doute au premier regard quant au pédigrée du pur-sang.
Sans y prêter garde, on pourrait la confondre avec une simple SRD avec ses
pare-chocs noirs en plastique dur... Heureusement, la couleur "bleu Miami",
souvent choisie parmi un nuancier pour le moins restreint (noir, gris, bleu) redonne
un peu de peps à cette sportive pas comme les autres. De toute évidence,
chez Peugeot on a préféré travailler la performance plutôt
que le look. Signes extérieurs de puissance : un bouclier doté de
longues portées et d'antibrouillard et des rappels de clignotants sur les
ailes av issu de sversions export. Pour l'équipement, la 309 GTi 16 reçoit en
plus de la GTI, le pack électrique (vitres AV, verrouillage centralisé), le rétroviseur
droit (obligatoire...), la peinture métallisée (noir, Gris Futura (clair), Gris
Magnum (foncé), Bleu Miami). La moquette est bleue électrique, un nouveau symbole
comme le rouge des 205. Il ne sert à rien d'épiloguer trop longtemps sur le style
et la qualité très médiocre des matériaux, tout comme du design intérieur.
Parlant de la planche de bord, certains essayeurs de l'époque l'avait qualifiée
de "plus mal que si c'était pire...", c'est tout dire ! On apprécié
en revanche les excellents sièges baquets piqués à la 405
MI16, très enveloppants et recouverts d'un épais velous dont aurait
pu s'inspirer la 205.
MOTEUR
Profitant
du (léger) restylage de la gamme 309 au millésime 1990, Peugeot a souhaité redonner
un peu de piment à sa 309 GTI que certains trouvaient trop "gentille" avec le
moteur 1.9i de la 205 GTI 130, notament face aux virulentes
Opel Kadett GSI 16V et Renault 19 16S. Aussi,
il a été relativement logique et facile de loger sous le capot le bloc XU9J4 de
160 ch de la 405 MI16, qui est une évolution du précédent.
Ainsi armée, la petite berline Peugeot retrouve une santé exacerbée pour s'offrir
des chronos "canons". Nettement plus à l'aise que sous le capot de la lourde 405
(200 Kg de moins), le 16 soupapes Peugeot retrouve du brio et accuse moins son
manque de couple à bas régime lors des reprises. Il aime toujours autant fleurter
avec la zone rouge et donne vraiment le meilleur de lui-même à partir de 4500
tr/mn, envahissant l'habitacle (c'est le mot !) par une sonorité rauque
et sportive à souhait. Grâce à son poids plume (975 Kg), les
performances de la 309 GTI 16 sont encore aujourd'hui très respectables, notamment
les accélérations (1000m D.A, 0 à 100Km/H) qui sont favorisées par son faible
poids et sa transmission idéalement étagée. La vitesse maxi,
pénalisée par la boite courte et le Cx de 0,35 s'en tient à
217 km/h. En compensation, les reprises, pour peu qu'on soit sur le bon pignon,
sont expéditives ! Sur l'exercice du 90 à 120, on tutoie une BMW
M3 e30, une Mercedes 190 E 2.5-16 ou une Ford Sierra Cosworth, excusez
quand même ! A partir de septembre 1992 les 309 GTI 1.9, ainsi que la 309
GTI 16 subissent la "catalysation" castratrice. La puissance tombe à 148 ch et
le moteur perd toute sa fougue.
CHASSIS
Reprenant en grande partie les réglages de chassis de la 309 GTI, la GTI 16 se
contente de pneus plus larges (195/55 VR15), d'une moins grande flexibilité à
l'avant et d'une plus grosse barre antiroulis à l'arrière (+1 mm). La direction
assistée reste précise et communicative, très peu perturbée par
la motricité remarquable. Le freinage est également identique à
la GTI 130, puissant et endurant juste ce qu'il faut. La motricité peut aussi
être prise en défaut mais dans certaines conditions seulement. La faute en revient
peut-être aux pneumatiques de dimensions spécifiques (des Goodyear à l'origine)
dont la bande de roulement mesurait dans les fait moins de 1900 mm de large...
Le survirage naturel en début de virage se contrôle aisément par l'accélérateur
qu'il suffit d'enfoncer dans la seconde partie du virage pour reprendre le droit
chemin. Cependant, attention aux décélérations en appui... comme sur toute Peugeot
sportive qui se respecte, la vivacité du train arrière peut aussi se montrer piègeuse
malgré le léger carrossage négatif utilisé sur les
roues pour réduire ce phénomène. On note aussi des silent
bloc plus durs et un amortissement renforcé en détente parmi les
petites modifications. Des petites mises au point mais qui au final nous obligent
à admirer les qualités dynamiques de la 309 GTI 16, résolument plus sportive
que la GTI "normale". A tel point que certains iront jusqu'à dire que le
moteur était presque trop puissant pour le châssis. En vérité,
cette auto se pilote réellement et ne pardonne pas l'approximation d'une
conduite trop rapide et mal maîtrisée.
ACHETER
UNE PEUGEOT 309 GTI16
La Peugeot 309 GTI 16, en dépit de ses qualités
sportives évidentes, n'aura pas connu une destinée aussi retentissante
que sa petite soeur, la 205 GTI. Commercialisée de 1990 à 1993,
uniquement en 3 portes, elle est aujourd'hui relativement rare dans les petites
annonces. Peu appréciée par sa ligne un peu quelconque, elle n'aura
trouvé preneur qu'auprès d'une petite population de passionnés
avertis et férus de pilotage, avec pour conséquence une rallyfication
massive ainsi qu'un véritable génocide en sorties de routes mal
maitrisées... Avec les années et après une période
de cote pas franchement soutenue durant laquelle la 309 GTI16 a aussi connu la
maltratance d'un tuning ravageur, de bidouillages personnels et d'un entretien
négligé, elle semble enfin sortir la tête de l'eau. Le
bout du tunnel semble enfin arriver et la bombe Sochalienne retrouve de sa splendeur
auprès de quelques amateurs collectionneurs. La belle est rare en bon état
et pas trop kilométrée, à tel point que l'on se la dispute
donc assez facilement à des prix allant de 2 à 4000 euros. Si les
gros kilométrage ne sont pas vraiment à craindre, ilf aut savoir
que la Peugeot présente rapidement une usure mécanique évidente
de ses différents organes mécaniques, moteur (attention au collecteur,
fuite d'huile sur cache-culbuteur et conso importante, joint de culasse) ou châssis
(rotules de direction, silent blocs de suspension, roulements). A noter aussi
que certaines pièces comme les baguettes de portes ne sont aujourd'hui
plus disponibles chez Peugeot... Dans tous les cas, s'intéresser à
cette sportive d'anthologie réclame patience et obstination, ainsi qu'une
bonne dose de petits soins pour la garder aussi superbe qu'au premier jour.
::
CONCLUSION
Véritable sportive, la Peugeot 309 GTI16 se positionne parmi
les compactes les plus performantes de sa génération et comme l'une
des toutes meilleures sportives de Sochaux. Avec son moteur rageur, sa présentation
dépouillée et son comportement routier très affûté, elle joue clairement la carte
du sport ! Sa cote étant maintenant stabilisée, elle relève désormais
d'une démarche d'achat collection, et non plus occasion...
Ce
qu'ils en ont pensé :
"Même si le châssis avoue
ses limites avec ce bouillant et sympathique moteur Peugeot, la 309 GTI 16 apparaît
comme une sportive de caractère. Et en dépit de petites imperfections,
la nouvelle 309 s'impose d'ores et déjà en tête de sa catégorie."
L'AUTO JOURNAL - Juillet 1989 - ESSAI 309 GTI 16. |