GTI
CORSÉE !
Dernière production en date sortie des
ateliers « OPC », la Corsa. Alors que la production automobile
semble tomber dans du consensuel tant sur le look, que le caractère des
moteurs essence perdant son âme à trop singer les diesel, la Corsa
OPC rappelle à tous ce que doit être une petite bombe : look
suggestif, et pétard en guise de mécanique. Pas exempte de défauts,
la petite Corsa joue la samba pour le plus grand plaisir des nostalgiques des
GTI des années 80. Attention, bombinette en action, sortez les Sparco !
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R. Opel a
souvent été un des acteurs majeurs parmi les constructeurs généralistes
sur le marché des GTI. Malheureusement, dans lhexagone, ses productions
souvent piquantes et attachantes tombent rapidement aux oubliettes devant laura
(national) des constructeurs français. Seulement depuis les années
2000, Opel met les bouchées doubles avec son label OPC
(Opel Performance Center) et nous offre toute une gamme
vitaminée : Astra GTC OPC, Zafira OPC,
Meriva OPC et Vectra OPC. Fraîchement renouvelée,
cest au son tour de la gamme Corsa de nous gratifier dune variante
sportive de pointe avec la Corsa OPC. Et comme dans
le même temps Peugeot et Citroën
semblent absents du marché des GTI à quelques exceptions près,
Opel sengouffre dans la brèche laissée pour venir jouer des
coudes aux côtés de Renault Sport,
Volkswagen, Mini,
Seat et Ford.
Et pour tenter la course en tête, la Corsa OPC a sorti la panoplie de sportive
du placard et sest dotée dun bouillant petit moteur suralimenté.
Vive le sport ?!...
DESIGN
Ouf !
Les GTI ne sont pas mortes et elles retrouvent même des couleurs
Cest
la première pensée qui nous traverse lesprit lorsque nos rétines
sont magnétisées par le look de la Corsa OPC. Déjà
gâtée par la nature en version « basique »,
la petite Corsa (4,04 mètres de long tout de même !) sest
lâchée avec des attributs très sport. Bien campée sur
ses quatre grosses roues de 17 pouces repoussées dans chaque recoins, et
son assiette abaissée de 1,5 cm, la Corsa joue
des épaules pour se donner des airs ramassés et diminue visuellement
son gabarit pourtant dans la norme des 207 et Clio. Boucliers avant et arrière
très proéminents avec des extracteurs dair stylisés
sur les flancs, faux diffuseur arrière qui dévoile une originale
sortie déchappement centrale triangulaire, lOPC ne se refuse
rien ! Preuve que le diffuseur est là pour le décorum, un aileron
de toit vient apporter son concours aérodynamique pour charger un peu lauto.
Dans les détails, on remarque les répétiteurs de clignotants latéraux très élégants
et soignés, les étriers de freins peints en bleu, les logos « OPC »
ainsi que les rétroviseurs extérieurs avec leurs supports aussi
esthétiques quoriginaux.
HABITACLE
Lhabitacle est plus discret jouant
ainsi plus la carte chic que sport, mais on trouve néanmoins son bonheur
en tant que conducteur amateur de bombinettes. Les baquets Recaro sont en effet
de série et placés bien moins haut que chez Renault Sport (Recaro
sur les Clio RS et Mégane
RS selon les versions et options), autorisant ainsi une position de conduite
presque parfaite. Le maintient latéral est excellent. Seul lespace
aux jambes est compté pour les grands gabarits. Face au conducteur, le
volant trois branches à jante épaisse est doté dune
couture grise en guise de repère, tandis que derrière linstrumentation
sommaire est à dominante bleue et siglée OPC. Comme sur toutes les
modèles passés à lOpel Performance Center, on retrouve
le pédalier alu ainsi que le gros pommeau carré de vitesses pas
très agréable en préhension avec ses grosses coutures. Léquipement
de série est très complet avec ce que lon est en droit dattendre
sur une voiture de cette catégorie et de ce prix. Si la présentation
est flatteuse, les plastiques durs sont omniprésents (semblent dun
autre âge !) et sont sans conséquence sur la bascule avec un
poids de 1,2 tonnes tout de même. Dans la moyenne de la catégorie
aujourdhui, certes (207 RC, Clio
RS), mais tout de même 300 à 400 kilos de plus que les GSI des
années 80 ! Lhabillage de la console centrale en plastique imitant
le « piano laqué » est très flatteur mais
se salit très vite et adore exhiber les particules de poussières
environnantes.
MOTEUR
Même si en France
on oublie trop souvent la marque au Blitz, les Opel sportives ont souvent profité
de mécaniques au punch reconnu des amateurs avertis. Le premier volet de
ces mécaniques fougueuses avait été inauguré dans
les quatre cylindres par la Kadett GSI 16V dont le train avant avait bien du mal
à contenir la cavalerie, ensuite le quatre cylindres turbo des Vectra,
Calibra et enfin des Astra
OPC Turbo puis Astra GTC OPC. Pas de deux litres dans la Corsa, cohérence
technique et de gamme oblige, mais un 1,6 litres Ecotec passablement modifié.
Cette mécanique dorigine modeste avec son bloc en fonte mais une
culasse en alliage léger avec un double arbre à cames devient explosive
une fois la greffe dun trubocompresseur Borg Warner intégré
au collecteur. Avec une pression de suralimentation variable de 1,3 à 1,5
bars selon langle de la pédale daccélérateur,
lOPC garanti des performances et des reprises très agréables.
Le couple varie ainsi entre 23,5 à 27,1 mkg permettant des reprises de
7"6 sur lexercice du 80 à 120 km/h en 5e soit 2" pleine
de moins quune Clio RS ou Civic Type R. Ou lorsque le diesel se met au service
de la technologie essence ! La puissance revendiquée est de 192 ch
à 5 850 tr/mn, soit un beau rapport de plus de 120 ch/litre donnant
un bel indice du caractère fougueux de ce 1,6 litres. Si la puissance globale
nest pas la plus élevée dans son segment, chaque cheval semble
pourtant plus puissant que celui du gang des atmos (Clio RS et Civic
Type R). La boîte de vitesse à 6 rapports offre un maniement
précis et correct avec des verrouillages francs. Face au chrono, la Corsa
OPC ne laisse pas beaucoup de temps aux badauds pour admirer sa robe, car avec
225 km/h en vitesse maxi mais surtout un 0 à 100 km/h franchi en 7"7
et un km DA en 28". Revers de la médaille, ce petit bouilleur se montre
glouton dès que lon a le pied droit sensible
CHASSIS
Reprenant
un schéma classique avec du McPerson à lavant complété
de barre anti-roulis et un essieu arrière déformable, la Corsa OPC
sest offerte un petit stage de formation chez Lotus Engineering pour lélaboration
de ses trains roulants. Quoique plutôt ferme, elle demeure bien suspendue
et conserve un minimum de confort pour les dos sensibles. Les inégalités
des routes françaises sont absorbées avec plus ou moins de bonheur,
sans jamais virer au cauchemar, malgré des montes pneumatiques au profil
très sportif en 215/45 R17. Lors des premières grandes courbes léquilibre
général reste très satisfaisant et la direction à
assistance variable nous redonne duy baume au cur au volant. En effet, on
observe une désagréable sensation de point milieu collant en ligne
droite, avec un volant qui ne semble pas revenir naturellement. Tirant donc dessus
pour le ramener, avec leffet de lassistance en plus qui joue, on se
retrouve au départ à tâtonner des mains pour trouver le bon
tempo. Avant de trouver le truc, on donne trop de
coups de volant en ligne droite dès la sortie de virage. Agaçant !
Dautant plus que le vrai point noir de la Corsa est son manque flagrant
de motricité et les remontées de couple dans le volant. Sur le sec
(pas essayée réellement sur le mouillé), il faut conjuguer
le débraquage et la réaccélération avec talent pour
éviter que toute lefficacité et la hargne du moteur partent
en fumée
de gomme ! Vraiment dommage, car la Corsa plutôt
bien née en châssis aurait pu devenir une véritable référence
avec lemploi dun système à pivots indépendants
comme sur la Clio RS et/ou dun différentiel sur le train avant. Mais
le malheur des uns fait le bonheur des autres, cette faiblesse de motricité
et de direction, donnant finalement limpression au conducteur de faire la
grosse attaque du moment, bien calé dans les Recaro, avec le plein de sensations.
Moins defficacité, mais plus de vie, nest-ce pas là
aussi le propre dune GTI ? Malgré des freins à disques
aux quatre roues pincés par des étriers flottants à un piston
seulement, lOPC offre de bonnes capacités de décélérations
avec une bonne endurance. Un bon point également pour lattaque à
la pédale qui est très franche et précise. Les « béquilles »
électroniques en tout genre sont désormais le lot commun de toute
sportive qui se respecte (ABS, ESP, AFU, CBC, ASR
), mais sur la Corsa on
peut notamment déconnecter totalement lESP et lASR.
:: CONCLUSION
Sacrée Corsa !
Avec ses peintures de guerre et son moteur explosif sous le capot, le train avant
a bien du mal à encaisser toute la cavalerie. Mais quimporte, car
la base châssis est très bonne et polyvalente dusage, et surtout
enfin une GTI qui donne limpression de se battre en spéciale de rallye
sur petites routes ! Voilà qui rappellera bien des souvenirs aux « GTistes »
des années 80
Si certains sont des puristes de la finesse de la trajectoire
chirurgicale (Clio RS, Civic Type R) ou de perfection presque trop parfaite et
sans âme (207 RC), une grande majorité pourrait bien se retrouver
dans cette OPC du diable qui nous fait de lil et nous invite pour
une balade épicée
CE QU'ILS EN ONT PENSE : "Pour
résumer, les défauts de la Corsa OPC sont aussi, dune certaine
manière, des qualités à une époque où bon nombre
dautos sportives sont trop aseptisées, que ce soit mécaniquement
ou dynamiquement. Tour à tour communicative, imparfaite, joviale, emmerdante,
attachante, usante, grisante
cest une petite bombe qui donne le sourire
quoiquil arrive. Et ça, cest déjà énorme !." Motorsport
Avril/Mai 2007 Opel Corsa OPC David Lamboley. |