FIAT
850
ABARTH OT
(1964 - 1971)

© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (27/07/2013)

ABARTH LE PRECURSEUR

En plus de sa collaboration avec Fiat, Carlo Abarth fait fabriquer des prototypes pour battre des records de vitesses et d'endurance afin de promouvoir ses propres moteurs. Il fait aussi fabriquer en petite série divers coupés et spiders par les meilleurs carrossiers, Pininfarina, Boano, Allemano, Ghia, Bertone, Viotti ou Zagato, menés par des moteurs Fiat ou de sa propre conception...

Texte : Aurélien RABBIA
Photos : D.R.

Pendant le succès des versions Abarth de la Fiat 600, le préparateur italien se penche sur la dernière né de Fiat, la 850. Contrairement à la Fiat 600 qui a couru dans des petites catégories, Abarth a beaucoup plus d'ambition pour la 850.

PRESENTATION

La Fiat 850 dont la conception est proche de la 600 permet à Fiat en 1964 d'occuper le créneau des petites familiales polyvalentes. Pour des raisons de coûts, le projet en collaboration avec Simca est abandonné du côté de Fiat tandis que Simca sortira la 1000. L'architecture de la Fiat 850 est en effet similaire, avec un moteur en porte à faux arrière avec une boite de vitesse accolée à l'avant de celui-ci. Elle est plus longue de 29 cm et plus large de 5 cm que la 600 afin de proposer quatre vraies places. Abarth ne perd pas de temps et lance rapidement plusieurs versions préparées par ses soins. Les deux premières sont les Abarth OT 850/135 et OT 850/150 qui reprennent le moteur de la 850 Super porté à 44 ch et 52 ch. Esthétiquement, peu de changement puisque ces deux versions adoptent juste des écussons Abarth au lieu de ceux de Fiat et ne seront produites que deux ans. Un tableau de bord plus complet, des jantes en alu et un échappement à double sortie pouvaient être ajoutés en option. Les Fiat-Abarth 850 inaugurent le sigle OT (Omologata Turismo) utilisé par Abarth pour ses préparations. Le prix passe de 798000 à 870000 Lires. Sur la même période est aussi commercialisée l'OT 1000 de 54 ch, elle se distingue par sa calandre avant dissimulant un radiateur et des ailes légèrement élargies. Avec l'Abarth OT 1600 le niveau est relevé encore un peu, elle est la première à recevoir un moteur Abarth. Les ailes prennent un peu plus d'ampleur notamment à l'arrière pour faire passer de larges jantes montées (6 pouces à l'avant et 7 à l'arrière) sur des voies elles aussi élargies. L'habitacle se distingue par un nouveau tableau de bord plus complet et des sièges spécifiques. Derrière la calandre un radiateur d'huile rejoint celui d'eau. Seuls 4 exemplaires seront produits en raison d'un prix prohibitif (2750000 Lires) et de sa non homologation par la FIA. En 1966 Abarth ne s'arrête pas là et réalise un seul exemplaire de celle qui sera surnommé "El Mostro", identique à l'OT 1600 mais avec le 2.0l des barquettes 2000 Sport Spider, SE et SP.

LE COUPE

Les coupé et spider Fiat 850 sortent un an après la berline. Ils passeront bien sûr aussi entre les mains de Carlo Abarth. Il récupère le 982 cm3 avec plusieurs niveaux de préparation. Le coupé OT 1000 donne 62 ch à 6150 tr/min, plus léger (730 kg) que la berline et avec une boite 4 légèrement plus longue, il pointe à 160 km/h. La version OTS 1000 avec son taux de compression de 11,5 et un nouvel arbre à cames développe 68 ch à 6400 tr/min permettant de gagner 10 km/h. Pour la compétition l'OTSS 1000 sort 90 ch voir même 103 ch avec l'injection Kugelfisher. Les ventes étant bonnes contrairement à la berline, en 1966 sort une version plus consensuelle avec l'OT 1300, le 1200 des Fiat 124 est porté à 1280 cm3 et 75 ch. Se voulant plus luxueux, il reçoit des manomètres de pression et de température d'huile, des jantes plus larges, des suspensions plus fermes et des bandes décoratives latérales. Elle sera notamment vendue aux USA, marché qu'Abarth tente d'investir. Pour ce marché le coupé se dote de la mécanique de la berline OT 2000. Le coupé OT 2000 America est moins poussé pour un usage moins exclusif. Avec ses « petits » Weber 45 la puissance est de 185 ch à 7200 tr/min pour une vitesse de 248 km/h et un 0 à 100 en 7 secondes, tout en gardant le même châssis et freinage que la berline OT 2000. Les versions 1000 et 1300 connaissant un relatif succès seront vendues jusqu'en 1979 grâce à un surplus de caisses fourni par Fiat.

MOTEUR

La base moteur est la même que celle de la Fiat 600 D, à savoir un quatre cylindres en ligne porté à 843 cm3, d'une puissance de 34 ch et même 37 ch pour la version Super. C'est cette base qui est utilisée dans une premier temps par Abarth avec bien sûr quelques modifications dont il a le secret. Sur l'OT 850/135 les modifications moteurs sont comme celles concernant l'esthétique, c'est à dire légères puisque seuls sont changés le carburateur Weber 30 par un Solex 34 et l'échappement pour relever la puissance à 42 ch à 5400 tr/min pour une vitesse de 135 km/h. La version OT 850/150 reçoit les mêmes modifications mais avec un régime moteur porté à 6000 tr/min pour sortir 52 ch et donc la vitesse à 150 km/h. L'OT 1000 reprend le 982 cm3 des Abarth 1000 TC (sur base Fiat 600) mais avec une puissance de seulement 54 ch pour là aussi proposer un moteur plus souple. Abarth propose une quatrième version, l'OT 1600 mais cette fois-ci avec un moteur de sa conception. Ce quatre cylindres de 1592 cm3 à carter sec et à double arbres à cames en tête à deux soupapes par cylindre est alimenté par un double allumage et des carburateurs Weber de 45 mm. La version sage sort 100 ch mais Abarth peut pousser la puissance à 154 ch à 7600 tr/min grâce à une batterie de quatre carburateurs Weber de 45 mm soit un vrai moteur de course qui donne tout au delà de 5000 tr/min pour des performances de premier ordre. Avec seulement 790 kg et équipé de la boite 6 Abarth, la barre psychologique des 200 km/h est largement dépassée avec 220 km/h atteint avec plus ou moins de sueurs froides en raison d'un train arrière plutôt baladeur à ces hautes vitesses ! Certaines recevront un aileron en fibre de verre sur le coffre afin de stabiliser le train arrière. Les 100 km/h sont abattus en 7,3 secondes. L'OT 2000 reprend les mêmes caractéristiques que l'OT 1600 mais voit sa cylindrée portée à 1946 cm3 et l'alimentation se fait par deux énormes Weber double corps de 58 mm. C'est bien simple, Weber ne faisait pas plus gros ! Accolé aux boites de vitesses Abarth à 5 ou 6 rapports elle pouvait prétendre à 256 km/h en pointe !

CHASSIS

Le châssis de la Fiat 850 ressemble à celui de la 600 avec quatre roues indépendantes suspendues à l'avant par un double ressorts à lames transversal et à l'arrière deux ressorts hélicoïdaux. Dès les OT 850/135 et 850/150 les freins avant passent aux disques Girling. L'OT 1000 voit sa suspension affermie, des jantes en 13 pouces et son freinage arrière passer au disques. C'est sur l'OT 1600 que les plus grandes modifications sont faites. Les barres antiroulis deviennent plus grosses et les ressorts sont encore affermis, à l'arrière elle reçoit des doubles combinés ressort-amortisseur Koni et un carrossage négatif de 3,5° ainsi que des pneumatiques Dunlop Racing. L'OT 2000 élargit un peu plus les voies et se pose sur des jantes Campagnolo de 13 pouces, chaussées de pneus en 195 à l'avant et 215 à l'arrière. Elle reçoit un différentiel à glissement limité ZF et une suspension avant à double triangulation.

CHRONOLOGIE

1964 : Sortie de la Fiat 850 puis des Abarth OT 850, OT 1000 et OT 1600.
1965 : Arrêt de la production des OT Berline. Sortie des 850 Coupé et Spider.
1966 : Présentation de l'OT 2000 Berline. Sortie des OT Coupé et Spider.
1970 : Arrêt de la production des Coupé et Spider chez Fiat.
1971 : Achat d'Abarth par Fiat.
1979 : Arrêt de la préparation des Coupé et Spider chez Abarth.

:: CONCLUSION
Contrairement aux Fiat 500 et 600 les déclinaisons des 850 ne seront pas un succès surtout celles de la berline. Des tarifs délirants et une relatives fragilités de ces mécaniques venant directement de la compétition font fuir les quelques clients. Cependant Abarth reste un précurseur de la déclinaison sportive de voiture de tourisme pour le compte d'un constructeur. En 1971 Abarth est acheté par Fiat et devient le département compétition officiel et va continuer à développer les modèles de la marque pour la série et la compétition. Carlo Abarth reste le directeur technique encore quelques années avant d'être remplacé par Aurelio Lampredi. L'écurie Abarth est vendue à Enzo Osella un ingénieur travaillant pour Abarth depuis 1965.

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