| COUPE POPULAIRE DO BRAZIL ! A l'aube 
                des années 70, Volkswagen inonde le marché Brésilien de ses 
                Coccinelles, Variant et Brasilia. Cependant, l'amateur de véhicule sportif 
              à tarif raisonnable ne trouve pas son compte avec les berlines allemandes... Texte : 
              Philippe LagrangePhotos : Jacques Lagrange
 Au début des seventies, 
              la gamme Volkswagen Do Brasil propose aux amateurs de coupés le joli Karmann Ghia, un véhicule 
              sympathique mais manquant de mordant par rapport à la concurrence brésilienne 
              en plein essor. Bien que se vendant de façon correcte sur le marché 
              sud américain, le Karmann ne fait pas le poids face à la Puma de 
              conception locale et à la Willys Interlagos, une Alpine A108 fabriquée sous licence. La direction prend alors la décision 
              de lancer un coupé ambitieux. La conception de la SP (SP pour São 
              Paulo) débute en novembre 1970. Présentée en 1971 au public, 
              le succès est immédiat et la décision de lancer la production 
              (SP1 en 1600 cm3, SP2 en 1700 cm3) vite entérinée. Les premiers 
              exemplaires sortiront des chaînes en juin 1972. DESIGN              Construite sur une base de VW Variant, la SP reprend le dessin de la face avant 
              de la berline. Une calandre en " gueule de squale " aux phares un peu 
              disproportionnés, mais qui contribuent à donner un air agressif 
              à la SP2. Le profil, quand à lui, présente des proportions 
              plus classiques : un long capot, un arrière ramassé, en quelque 
              sorte la quintessence de la sportivité à une époque où 
              les berlinettes à moteur central sont encore rares. Enfin la partie arrière 
              ronde, fine et assez haute dégage un charme nerveux façon Jaguar 
              type E en adéquation avec le reste de la carrosserie.  A BORD DE LA VW SP2A l'intérieur 
              on retrouve l'ambiance typique des années 70 avec un tableau de bord en 
              plastique sans fioritures et coloré de la même teinte que la carrosserie. 
              Le tableau de bord dépouillé est exclusivement agencé pour 
              le pilote, une batterie de cadrans tournés vers lui mangeant la console 
              centrale. Le volant cuir trois branches avec un rappel de couleur en haut et en 
              bas s'intègre parfaitement et contribue à l'originale ambiance intérieure. 
              Contrairement aux icônes européennes contemporaines, la SP2 n'hésite 
              pas à se montrer joyeuse dans l'utilisation des couleurs pour l'habitacle. 
              Car malgré le dépouillement de la SP2 un véritable charme 
              dégage de l'habitacle. A bord de cette VW on se sent vraiment dans une 
              voiture de sport, ceci même avant d'avoir démarré. Les sièges, 
              relativement confortables, ne permettent pas de nombreux réglages mais 
              la garde au toit réduite (1158 mm de hauteur hors tout) impose de toute 
              façon d'avoir le dossier très incliné. Le style " Jim 
              Clark " est de rigueur. Heureusement l'espace n'est pas compté et, 
              aussi bien en largeur qu'en longueur, les grands gabarits arriveront à 
              trouver une position correcte. MOTEUR              C'était tout de 
              même prévisible, il est en porte-à-faux à l'arrière, 
              comme une bonne vieille Coccinelle. Et s'il ne s'agit que d'un 4 cylindres à 
              plat de 1700 cm3 issu du modèle Variant, il délivre un son classique 
              Volkswagen agrémenté d'une forte connotation sportive. Entendez 
              par là (tant que vous le pouvez) qu'il s'avère très présent, 
              aussi bien dans l'habitacle que pour les passants. A se demander s'il y a vraiment 
              un silencieux quelque part sur la ligne d'échappement. Le couple du quatre 
              à plat permet de démarrer sans soucis et de s'insérer facilement 
              dans la circulation actuelle. Certes la poussée est loin d'être en 
              rapport avec ne niveau sonore ambiant, mais les performances permettent de se 
              sentir à l'aise au milieu des véhicules plus récents. La 
              boite, bien que d'une précision toute relative s'en sort sans trop de problème 
              grâce aux débattements courts du levier. La première peut 
              parfois se montrer récalcitrante mais tout rentre dans l'ordre avec un 
              double débrayage adéquat. CHASSIS              Sur un panel 
              de routes mixant nationales et départementales on se sent vite à 
              l'aise au volant de la SP2. La direction un peu floue mais saine et les amortisseurs 
              neufs permettent d'enrouler les virages à un rythme soutenu sans mauvaises 
              surprises, mais il apparaît vite que l'attaque à outrance n'est pas 
              le domaine de prédilection du coupé brésilien. D'ailleurs 
              bien que voulant venir troubler les ébats de la Puma et de la Willys sur 
              un marché porteur, la base de berline populaire limitait la SP2 à 
              un rôle d'apparat plus que de sportive pure et dure. Ceci n'empêche 
              pas le coupé VW de se comporter honorablement dans les enchaînements 
              et de fournir son lot de sensations au pilote rendu sourd par l'échappement 
              et fourbu par la lourdeur de la direction (non assistée et pourvue d'un 
              trop petit volant) dans les épingles. Profitant de quelques lignes droites 
              reposantes du fait d'une tenue de cap sans soucis, on peut jeter un il à 
              l'instrumentation dont les indications en portugais sont suffisamment rares pour 
              être signalées. Toutefois, pas besoin de s'attarder des heures à 
              surveiller l'état de la mécanique qui ne présente aucun signe 
              inquiétant. On passera plus de temps à rechercher les commandes 
              de phares caché au pied du siège conducteur ou éventuellement 
              à trouver la marche arrière dont le passage, d'une logique particulière 
              se fait en enfonçant le levier en sélectionnant le second rapport. 
              Si la campagne permet de profiter des diverses qualités dynamiques de la 
              SP2, la ville met en exergue ses qualités " sociales ", raison 
              d'être du coupé VW. Tout autant qu'un cabriolet, la jolie brésilienne 
              est une auto que l'on se doit d'assumer. Annoncée longtemps à l'avance 
              par sa mécanique, elle laisse aux piétons le temps de cesser toute 
              activité pour venir admirer ce " bolide ". Et si l'engin qui 
              arrive effectivement n'est pas à la hauteur de leurs espérances, 
              il s'avère malgré tout suffisamment exotique pour capter leur attention 
              visuelle.  ACHETER UNE VOLKSWAGEN SP2                S'agissant d'un modèle localement produit et commercialisé 
              au Brésil, les SP2 sont forcément rares en Europe (seuls 670 sur 
              les 10 205 produits furent exportés vers le vieux continent). Il faut donc 
              faire le déplacement en Amérique du Sud pour trouver un choix intéressant. 
              Sur place, le modèle n'est cependant pas courrant non plus et il est préférable 
              de se renseigner avant de faire le déplacement plutôt que d'espérer 
              en trouver une pendant un séjour de courte durée. Les tarifs varient 
              bien entendu selon l'état du véhicule mais un exemplaire en bon 
              état se négociera aux environs de 4 à 5000 euros (conversion 
              faite). Il restera alors à s'acquitter des droits d'exportation, du voyage 
              et des formalités d'immatriculation pour pouvoir rouler en toute quiétude. 
              En ce qui concerne l'entretien il est sans soucis, tout du moins pour la mécanique 
              réputée pour sa solidité et dont les pièces sont facilement 
              trouvables. La carrosserie demandera plus d'attention, s'agissant d'une carrosserie 
              monobloc, toute touchette demandera des travaux importants. PRODUCTION VW SPSP1 (1972-1974) : 162 exemplaires
 SP2  (1972-1976) : 10 205 exemplaires
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              CONCLUSIONLa SP2 remplit ainsi parfaitement son contrat de voiture 
              de séducteur grâce à sa ligne suggestive et son échappement 
              sport. Elle permet de concilier le plaisir d'une belle auto et la facilité 
              d'utilisation quotidienne du fait de la fiabilité de sa mécanique 
              et de sa prise en main aisée. Cependant il ne faudra pas lui demander d'être 
              performante ou efficace, là n'est pas sa vocation. Une interprétation 
              latine de la voiture de sport américaine en quelque sorte....
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