INFINITI Q60 S 3.0t (2016 - )
Ambivalente
Après l'essai du Q60 2.0t, nous retrouvons le coupé japonais dans une déclinaison Q60S plus musclée. Au programme, un V6 bi-turbo de plus de 400 chevaux et une transmission intégrale. Et si en plus d'être beau, le coupé japonais devenait sportif ?
Texte :
Maxime JOLY
Photos : Adrien CORTESI
Infiniti veut croire à sa progression sur le marché européen. Si son salut est venu des Q30/QX30 et des motorisations hybrides, la division luxe de Nissan n'oublie pas qu'une version sportive est toujours un bon vecteur d'image. C'est le rôle confié à cette version S 3.0t dont le positionnement réserve quelques surprises…
PRESENTATION
Peu connus chez nous, les modèles G35 et G37 (devenu Q60 en 2014) ont permis à la marque de faire ses armes dans la catégorie des coupés sport, avec un certain succès aux USA mais beaucoup moins en Europe. Dévoilé en janvier 2015 au NAIAS à New York, le concept Q60 n'aura pas été vain. Bien que les proportions furent quelque peu modifiées pour le passage en série, il annonça réellement ce qu'allait être la seconde génération du coupé Q60 qui est cette fois une véritable nouvelle voiture.
Le design extérieur est clairement l'atout numéro 1 de la Japonaise. Plus personnel, plus affirmé, il joue aussi des codes stylistiques à la mode pour mieux séduire. Peu de différences existent entre la Q60 déjà présentée et la Q60S, dont le suffixe est inscrit en rouge. Les jantes aluminium de 19 pouces à cinq branches sont de coloris Dark Chrome. La malle arrière est marquée du sceau "AWD" qui indique la présence (imposée) de la transmisison intégrale tandis que le "3.0t" est tatoué sur les ailes avant. Dix teintes extérieures, trois pour l'intérieur et, enfin, quatre types de finition sont laissés au choix des clients.
HABITACLE
La présentation intérieure, plus consensuelle, n'est pas totalement au niveau du standing visé mais il faut aussi juger par rapport au prix de vente. A 56.950 €, le Q60S est suréquipé (il ne manque que la peinture métallisée, le toit ouvrant électrique et le système d'alarme à ultrasons) quand la plupart des équipements proposés font grimper lourdement la note chez ses rivales allemandes. Il faut donc savoir ce que l'on veut…
CARACTERISTIQUES
INFINITI Q60 S 3.0t
MOTEUR
Type : 6 cylindres en V à 60°, 24 soupapes + VTC + CVVT
Position : longitudinal AV
Alimentation : Injection directe + 2 turbos avec échangeurs air/eau
Cylindrée (cm3) : 2997
Alésage x course (mm) : 86 x 86
Puissance maxi (ch DIN à tr/mn) : 400 à 6400
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 475 de 1600 à 5200
TRANSMISSION
4x4
Boîte de vitesses (rapports) : automatique (7)
ROUES
Freins Av-Ar (Ø mm) : disques ventilés (355), étriers 4 pistons - disques ventilés (350), étriers 2 pistons + ABS
Pneus Av-Ar : 255/40 RF 19
POIDS
Donnée constructeur (kg) : 1874
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 4.7
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 250
400 m DA :
1000 m DA :
0 - 100 km/h : 5"0
CONSOMMATION
Moyenne cycle mixte (L/100 km) : 9.4
Moyenne de l'essai (L/100 km) : NM
CO2 (g/km) : 210
PRIX NEUF (06/2017) : 56.950 €
PUISSANCE FISCALE : 29 CV
MOTEUR
Contrairement au 2 litres de la Q60 2.0t fourni par Mercedes, le 3 litres est l'œuvre des motoristes d'Infiniti. Exclusivement proposé dans la marque et d'abord lancé sur la Q50, ce V6 VR30DDTT à bloc aluminium se caractérise par des cotes carrées (86x86 mm). Comme son nom l'indique, les ingénieurs le classent dans la catégorie du VR38DETT de la Nissan GT-R. Le poids total de ce moteur est de 220 kg.
Les collecteurs sont intégrés à la culasse, la pompe à huile est pilotée électroniquement et deux pompes à eau sont utilisées sur la version hautes performances. Car, en effet, ce nouveau V6 existe sous deux formes : 305 et 405 chevaux, cette dernière étant retenue pour le coupé Q60S tandis que la première n'est pas proposée en France.
Dans un souci de diminution de temps de réponse, la suralimentation se fait par le biais de deux petits turbocompresseurs. Ainsi, le couple maximal de 475 Nm est disponible dès 1.600 tr/min et de manière constante jusqu'à 5.200 tours ! Les reprises sont plus que vigoureuses et dépasser n'est qu'une formalité. Il ne faut pas se fier au 0 à 100 km/h en 5 secondes, peu spectaculaire.
La levée variable des soupapes est en continu à l'admission (VTC) et échappement (CVVT). Malgré tout, le V6 est moins linéaire qu'on ne pourrait l'imaginer avec un regain de vitalité à l'approche de la zone rouge. La sonorité est franchement sympathique bien que sans doute trop discrète. Le feulement du trois litres est très plaisant et tranche avec le précédent 3.7 litres, au timbre de voix peu évocateur. Vivement l'option "gros pot" déjà disponible sur certains marchés !
Avec 210g de rejets de CO2 au kilomètre, la Q60S est touchée par le super malus. La boîte automatique à sept rapports d'origine Mercedes est imposée. Douce, elle manque malheureusement de tempérament et de réactivité…
SUR LA ROUTE
Comme nous l'avions relevé dans l'essai de la 2.0t, le châssis est la bonne surprise de la Q60 II. Ce n'est pas en réalité une vraie surprise pour les connaisseurs de la marque puisque nous l'avions mentionné à l'époque de la G37S. C'est juste que l'étiquette du coupé conçu pour le marché américain lui colle encore à la peau, à la manière de la dernière Ford Mustang, qui a pourtant démontré aussi ses aptitudes en comportement routier.
Cette parenthèse refermée, intéressons-nous de plus près à cette Q60S. Sur les marchés nord-américains, les deux motorisations sont proposées en deux et quatre roues motrices. Chez nous, Infiniti a fait le choix de cantonner le 2 litres à la propulsion et de répartir les watts du V6 sur les quatre roues. La formule mathématique additionnant le V6 bi-turbo à une boîte automatique et surenchérissant avec une transmission à quatre roues aboutit inévitablement à un poids conséquent. On obtient ici une valeur proche des 1.900 kg qui a de quoi inquiéter. Il faut dire qu'avec 1.647 kg à tracter, sa petite sœur au cœur Mercedes n'est déjà pas toute fine.
La Japonaise a la particularité de démarrer en propulsion. L'électronique balance en temps réel en temps réel entre les deux essieux selon ce que les capteurs indiquent. Cependant, pas plus de 50% ne peut aller sur l'avant. Dynamique malgré son poids et subissant un sous-virage plutôt contenue, la Q60S plutôt convaincante. Sans rien rogner sur le confort. La suspension numérique DDS à amortisseurs adaptatifs n'est présente que sur la Q60S où elle est fournie de série. Reste que l'Assistance dynamique en virage n'est pas exempte de tout reproche en rendant la Q60S par instants imprévisible. Tantôt incisive et sportive, elle peut se montrer lourde et pataude le virage qui suit…
Impossible de ne pas mentionner la Direct Adaptive Steering. Il s'agit de la direction "by wire" supprimant le lien mécanique entre le volant et les roues, une première mondiale. Ou plutôt deuxième car Infiniti admet avoir revu sa technologie par rapport à la première mouture qui n'avait convaincu personne. Ne l'ayant pas essayée, je ne saurais dire mon avis sur l'évolution. Quoi qu'il en soit, le ressenti au volant est à fortiori très "déconnecté" de la route, donc très artificiel ce qui ne convient vraiment pas à une voiture à vocation sportive. Le choix est d'autant plus incongru que la législation impose la présence d'une colonne classique en cas de dysfonctionnement de l'électronique ! Mais ne soyons pas naïfs, ceci a pour but de préparer le terrain de la conduite autonome…
Pour finir, le freinage est suffisant pour un usage routier avec des étriers à quatre pistons à l'avant (disques de 355 mm) et deux à l'arrière (330 mm) mais diffiicle de dire ce qu'il en serait sur un usage plus intensif type circuit vu la masse à freiner. Gageons que la question ne se posera qu'à très peu de propriétaires du coupé japonais.
CONCLUSION
:-) Design Sonorité moteur Comportement sain Confort Equipements en série Rapport prix/puissance… |
:-( …mais super malus Direction DAS anti-sportive Boîte automatique peu sportive Poids |
Il n'est pas facile de se faire un avis définitif sur l'Infiniti Q60S 3.0t. Disposant d'un excellent châssis et bien suspendue, elle souffre de réactions parfois imprévisibles. Dommage car la base est séduisante et le moteur ne manque pas d'entrain… de quoi espérer fortement la concrétisation du projet Black S !