CITROEN BX 19 GTI (1987 - 1992)
La Countach des familles
Contrairement à ce que peux laisser supposer sa réputation de voiture du troisième âge, la Citroën BX a connu de multiples versions sportives. Elles n'ont certes pas toutes marqué l'histoire, mais il nous tient à coeur d'entretenir leur mémoire, à commencer par celle qui incarne les années GTI : la bien nommée BX 19 GTI...
Texte : Sébastien DUPUIS
Photos : Maxime SCHAEFFER
Des BX sportives, il y en a déjà eu quelques-unes lorsqu'est présentée la 19 GTI en juillet 1986 au salon de Paris. Citroën débute timidement son entrée sur le segment des familiales sportives avec la BX 19 GT en juillet 1984, soit presque 2 ans après le lancement commercial de la BX. Cette dernière ne marqua pas grand monde, car si elle s'avérait une routière émérite elle manquait encore de puissance. En mars 1985, alors que Peugeot continue à déballer sa gamme GTI, Citroën ose une étonnante BX Sport préparée par Danielson sur la base de la 19 GT. Légère et dotée de trains roulant particulièrement efficaces, la BX développe cette fois 126 vaillants canassons. De 2500 exemplaires prévus, Citroën en produira plus de 7500 pour faire face à la demande. Parallèlement, l'engagement en compétition, notamment au sein du groupe B du Championnat du monde des rallyes donne vie à l'improbable BX 4TC en novembre 1985. Pour la nouvelle BX 19 GTI qui remplace la GT et la Sport après le restylage, Citroën revient toutefois à plus de sobriété... peut-être même un peu trop.
PRESENTATION
A première vue, le lien entre la Citroën BX et la Lamborghini Countach vous semble incongru ? Et pourtant... la berline française partage avec la supercar italienne le talent de son dessinateur, Marcello Gandini ! Alors responsable du style à la Carrozzeria Bertone, c'est à lui qu'on doit ce dessin anguleux très aérodynamique, mis en oeuvre initialement en 1977 sur le concept-car Jaguar Ascot et le projet Reliant Anadol FW11. La fusion de ces deux projets donne le concept Volvo Tundra de 1979, lequel va fortement influencer le projet XB (la future BX) lancé en 1978. Ce sera au final une vraie réussite puisque la production dépassant 2,3 millions d'exemplaires s'étirera de 1982 jusqu'en 1996 pour le break BX !
Trente ans plus tard, la BX est devenue une voiture de collection et retrouve un certain charme, y compris pour celle qu'on appelle "phase 2". Arrivée à mi-carrière (du moins le croyait-on), la BX subit un premier restylage en juillet 1986, réalisé chez Citroën par le designer Carl Olsen, à qui l'on doit également l'AX et la CX série 2. Les BX 19 GT et BX Sport disparaissaient alors du catalogue pour laisser place à la plus moderne BX 19 GTI, nouveau haut de gamme qui entendait concilier les prétentions sportives de la BX Sport à un confort accru. Au rang des modifications liées au restylage, les ailes avant et arrière sont élargies, les boucliers plus enveloppants sont teintés dans la masse, les clignotants deviennent blancs et non plus orange et sont alignés avec les phares. Point important mais invisible, tous les éléments en tôle de la carrosserie sont désormais traités contre la corrosion par galvanisation.
Longue de 4,23, la BX GTI se distingue extérieurement par un aileron et des antibrouillards avant repris sur la Sport, d’enjoliveurs de roues spécifiques et de pneus plus larges en 185/60 R 14. En dehors de ces quelques détails, il est fortement possible de la confondre avec une banale TRD ! Le Cx est même un peu moins bon que sur la Sport, avec 0,34 au lieu de 0,32. Les jantes aluminium de la BX Sport seront proposées en option pour un supplément de 2600 FF. Enfin, des petits logo « GTI » prennent place sur les custodes et le hayon afin de pouvoir la différencier des autres modèles de la gamme BX, ce qui ne saute pas aux yeux dès le premier coup d'oeil avouons-le...
HABITACLE
A l’intérieur de la BX 19 GTI on retrouve la sellerie de la BX Sport en dehors des panneaux de portes et son bloc compteur caractéristique à aiguilles au lieu du fameux "rouleau" des premières BX qui est d'ailleurs abandonné sur toute la gamme à l'occasion du restylage de 1986. La planche de bord est également nouvelle, avec l'abandon des "satellites" du capitaine Kirk au profit de classiques commodos. En revanche, pour une raison inconnue, Citroën a préféré remettre le tragique volant monobranche des autres modèles au lieu du volant 3 branches de la Sport !
Mieux (un peu) insonorisée mais surtout mieux équipée (sièges en velours réglables en hauteur, lève-glace électriques à l'avant, rétroviseur passager électrique, accoudoir central arrière, verrouillage centralisé des portes, voyant de portes mal fermées, direction assistée, pré-équipement radio et montre à affichage numérique !), la Citroën BX GTI est donc une sérieuse prétendante sur le marché bouillonnant des familiales performantes. En option, Citroën proposait les sièges en cuir, le climatiseur, un toit ouvrant électrique, un ordinateur de bord et un pack Hi-Fi. De quoi transformer la BX GTI en vraie voiture de jeune cadre dynamique !
MOTEUR
L'arrivée de la 205 GTI 1.9 L chez Peugeot en 1986 a amené avec elle le nouveau moteur XU9 1905 cm3 à injection électronique Bosch Jetronic que l'on va retrouver sous les capots des Peugeot 405 SRi et Citroën BX GTI. Par rapport à la 205 et contrairement à la 309 GTI, l'admission (collecteur + culasse) sont différents pour obtenir plus de couple, mais moins de puissance. La puissance du 4 cylindres en ligne à 8 soupapes de la BX GTI 8 soupapes ressort à 125 ch DIN à 5500 tr/mn pour un couple de 175 Nm à 4500 tr/mn.
Malgré la perte de ces quelques chevaux, le poids de la BX GTI en ordre de marche n'étant que de 1020 kg, elle offre toujours un rapport poids puissance digne d'une petite sportive et même meilleur que celui de la plupart de ses concurrentes. La souplesse du 1.9L Peugeot est par ailleurs servie par un bon étagement de boîte de vitesses qui lui confère des reprises efficaces.
En outre, la vitesse maxi fleurte avec la barre symbolique des 200 Km/h. Bien sûr, il ne s'agit pas non plus d'aller chercher une BMW M3 e30 mais on peut considérer que les performances de la BX GTI sont très bonnes pour l'époque.
BX 16 GTI "EXPORT"
C'est un fait étonnant, mais pour les besoins de l'exportation la BX 19 GTI est devenue BX 16 GTI. En effet, elle troquait son gros 1.9 pour le plus petit 1.6 115 ch XU5JA de la 205 GTI ! Les performances étaient malgré tout en retrait du fait d'un poids identique et d'un moteur moins coupleux.
SUR LA ROUTE
Comme la BX Sport, la GTi reçoit des suspensions plus fermes que les autres BX de la gamme. Quatre freins à disque, une direction assistée par le système hydraulique cher à Citroën de série, un ABS performant en option pour 8900 francs de l'époque. La direction est souple et legère (trop) et la BX GTi reste une BX, donc une voiture qui tient très bien la route, grâce à la suspension hydropneumatique qui assure un bon comportement de l'auto même sur routes mauvaises, et également un confort réel (hormis le niveau sonore du moteur) mais pas un comportement très sportif en courbe pour cause de sous-virage.
Par ailleurs, le freinage, typiquement Citroën, manque cruellement de progressivité. L'ABS Teves proposé en option au début apporte un léger mieux en matière de sécurité mais se montre perfectible sur le mouillé ou route bosselée. La BX GTI est donc bien une routière performante plus qu'une adepte des circuits.
EVOLUTION
La Citroën BX GTI connaîtra quelques évolutions au cours de sa carrière relativement courte. En 1987, pour le millésime 1988, l'option ordinateur de bord disparaît. Le millésime 1988 voit aussi apparaître la BX GTI 16 Soupapes (voir notre dossier) qui relègue la GTi au second rang. Cette même année, Citroën enrichit pourtant son offre avec le break BX TRI doté du moteur de la GTi.
BX GTI 4x4
En février 1989, c'est la sortie de la BX 4x4 à 4 roues motrices permanentes, avec le différentiel arrière type Torsen de la Peugeot 405 Mi16x4, qui fait l'actualité. Disponible en berline et break elle est tout d'abord animée par le moteur de la 19 TRS, puis étendue à la GTI pour le millésime 1990. La GTi 4x4 possède un équipement supplémentaire par rapport à la BX GTi : Glaces teintées, témoin de verrouillage du différentiel central, ABS en série. Malheureusement, le poids grimpe à 1135 kg et les performances ne sont plus franchement dignes d'une GTI : vitesse maxi de 192 km/h, 0 à 100 km/h en 10", 1000 mètres départ arrété en 31"8...
Les BX du millésime 1990 sont facilement reconnaissables à leurs enjoliveurs redessinés et leurs feux arrières fumés. La BX 19 GTi est renommée plus simplement BX GTi. L'intérieur « chevrons » est remplacé par le garnissage « Kerkira/Caspienne ». En juillet 1993, pour cause de pot catalytique obligatoire, la BX GTI 8 soupapes quitte le catalogue et ne reste plus que la BX 1.9i dont la puissance a été ramenée à 122 ch avec le catalyseur. La BX est ensuite progressivement remplacée par la Xantia à partir de mars 1993 et sa production est arrêtée en décembre 1993 (1996 pour le break).
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
CITROEN BX 19 GTI
MOTEUR
Type : 4 cylindres en ligne, 8 soupapes
Position : transversal AV
Alimentation : Injection électronique Bosch Jetronic LE3
Cylindrée (cm3) : 1905
Alésage x course (mm) : 83 x 88
Puissance maxi (ch à tr/mn) : 125 à 5500
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 175 à 4500
TRANSMISSION
AV
Boîte de vitesses (rapports) : manuelle (5)
ROUES
Freins Av-Ar (ø mm) : Disques ventilés/disques pleins
Pneus Av-Ar : 185/60 R 14
POIDS
Données constructeur (kg) : 1025
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 8,2
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h): 198
400 m DA : 16"4
1 000 m DA : 30"4
0 à 100 km/h : 8"9
CONSOMMATION
Moyenne (L/100 Km) : 8,7
PRIX NEUF (1988) : 99 900 FF
COTE (2018) : 2 000 €
PUISSANCE FISCALE : 9 CV
ACHETER UNE CITROEN BX 19 GTI
Produite entre 1986 et 1992, la BX GTI n'est pas la sportive Citroën la plus célèbre. Elle n'est pas non plus rare mais il vous faudra un peu de patience pour dénicher un bel exemplaire. Pouvant compter sur sa polyvalence et son confort hors pair, la berline fuselée a surtout conquis des propriétaires d'un certain âge, évitant ainsi l'épuration rapide d'une clientèle jeune et inexpérimentée dont firent les frais bon nombre de GTi de l'époque... Aujourd'hui, vous pouvez vous offrir ce youngtimer incomparable pour un prix situé entre 2000 et 4000 € et c'est une grande chance ! En outre, il y a encore quelques exemplaires particulièrement peu kilométrés et/ou de première main, le Graal de tout collectionneur...
Alors, vous nous direz, faut-il craindre la fiabilité sur ces vieilles françaises ? La réponse est non, globalement la BX GTi est une auto fiable du moment qu'elle a été entretenue. Cela va sans dire pour bon nombre de modèles mais quand on parle de voitures âgées de 30 ans, la sélection naturelle a débuté depuis longtemps. Et le fait est qu'il reste encore beaucoup d'exemplaires en vie, parfois très kilométrés, ce qui est une bonne preuve de leur robustesse. Tout d'abord, la BX GTI, comme toutes les BX phase 2, était très bien protégée contre la rouille. En outre, les pièces composites de la carrosserie échappent également à ce drame. Les principaux ennuis viendront donc du circuit hydraulique (fuite) comme sur toutes les Citroën. Les vérifications sont toutefois simples : il faut que la voiture monte et change de position assez rapidement et de manière fluide (sans à-coup), quelle que soit la position choisie. On peut garder une jambe à l'extérieur pour s'en assurer. Pour vérifier si la correction d'assiette est opérante, vous pouvez appuyer aux quatre coins de l'auto pour valider le bon fonctionnement des amortisseurs / sphère ou, en roulant, donner des coups de volant en alternant droite et gauche pour mettre l'auto en appui. Enfin, il faut que la pompe ne face pas son "tac tac" caractéristique trop souvent (30 secondes environ). Le circuit LHM ne doit pas fuir (chercher des traces de fuite sur ou sous lauto), il doit être vert et propre. Lié au circuit hydraulique, el freinage doit être puissant et franc.
Pour le reste des problèmes connus, citons la commande de boîte PSA, plutôt rugueuse et accrocheuse à la base, il faut surtout redouter un problème de jeu dans les biellettes qui peuvent bloquer totalement le passage de rapports. En dehors des joints de queues de soupapes, le moteur XU9 se montre particulièrement endurant. Autre souci frĂŠquent, l'injection LE-Jetronic et son ralenti instable et/ou trop élevé. Si le moteur démarre et tourne bien du ralenti au rupteur, c'est déjà un bon point ! Autrement, il faudrait revoir toute la chaîne d'admission, du débitmètre aux injecteurs en passant par le papillon, l'allumeur et la bobine. Heureusement, le sujet est aujourd'hui très bien documenté sur le net... Enfin, comme sur les 205 GTI et 309 GTI, les roulements des demi-trains arrière sont connus pour leur usure prématurée (100 à 150 000 km généralement). Un carrossage typé "Gordini" ou des grincements sont un très mauvais signal.
PRODUCTION
TOTAL Citroën BX 1.9L ( GTi, 1.9i et 1.9 Millésime) : 89 601 exemplaires
La Sport, la GTi, la 16 Soupapes, la 4x4, sans compter le break conçu ailleurs et la 4TC, formeront une famille que nous vous proposons de retrouver. Cet ouvrage via des documents, des photos et des témoignages, retrace la carrière de cette Citroën, y compris en compétition.
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CONCLUSION
Cachant bien son jeu, la Citroën BX GTi est un authentique Sleeper doublé d'un youngtimer décalé, signé d'un grand maître du design. Ce n'est certes pas un arme de séduction massive, mais il s'agit encore aujourd'hui d'une bonne familiale, saine, globalement fiable et plaisante à conduire. Vu les prix auxquels on la trouve, que demander de plus ?
Authentique youngtimer !
Esprit sleeper
Performances correctes
Entretien simple et peu coûteux
Tenue de route redoutable
Cote basse...
... mais clients rares
Présentation peu spécifique
Volant monobranche
Moteur bruyant
Version 4x4 sans grand intérêt
Disponibilité de certaines pièces
Un grand merci à Jean-Baptiste pour ses informations et à Maxime pour les photos.
PHOTOS
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