© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (22/01/2007)
LAISSEZ LE CHARME AGIR...
Un style captivant et un moteur de feu, ce sont là les atouts majeurs de cette dernière évolution de l'Alfa Roméo GTV. Presque
9 ans après le lancement de cette génération, il demeure un coupé rare sur le marché dans cette ultime version 3.2 L V6 24V. Plus encore que le léger
face-lift, c'est l'installation du bouillant moteur des 147 et 156 "GTA"
dans un châssis revu, qui nous a incité à redécouvrir
cette Alfa Romeo GTV...
Texte:
Sébastien DUPUIS - Photos: D.R.
Plébiscitée à son lancement en 1995, le coupé Alfa Romeo GTV s'est rapidement imposé en proposant un design très personnel et une gamme de motorisations bien en phase avec le tempérament sportif que l'on attend d'une telle italienne. Bien que les versions de base en quatre cylindres soient majoritairement vendues, Alfa Romeo se décide sur le tard à implanter le fabuleux V6 3.2 de ses modèles GTA dans le coupé, pour un véritable baroud d'honneur en 2003. Commercialisée deux ans, cette version est, comme attendu, la plus aboutie et la plus passionnante. Aujourd'hui, assez largement diffusé, le GTV se trouve à des prix très abordables sur le marché de l'occasion. La V6 3.2L, encore très récente, s'adresse donc de toute évidence aux amoureux de belles mécaniques et à ceux qui voient en elle une version phare, une véritable "moderne classique" qui devrait obtenir les faveurs des collectionneurs dans quelques années grâce à l'ultime et dernière évolution du fameux V6 Pelican que nous regretterons surement très longtemps... Malgré le poids des ans, les Alfa Romeo GTV et Spider gardent intact leur
charme, depuis toujours synonyme du plaisir de conduite décliné
sous le signe de la sportivité et de l'élégance. Voiture moderne mais pas encore submergée d'électronique, elle se situe à une époque charnière où le plaisir d'une automobile sportive se mesure volant en main, avec l'émotion-mètre.
DESIGN
Signé Pininfarina, le coupé Alfa
Romeo GTV est un classique du design des années 90 avec son style tranché et aérodynamique. Une silhouette tellement personnelle et unique, qu'il n'aura pas été nécessaire de la retoucher en 8 ans de carrière. La plastique si personnelle du GTV semblait presque
figée pour léternité. Et pourtant... en 2003, le coupé et le spider GTV sont redessinés par le Centre de Style Pininfarinaà la demande d'Alfa Romeo qui tarde à leur trouver une descendance. Harmonieux et puissant, le style s'impreigne de la glorieuse
tradition Alfa Romeo, comme en témoignent certains stylèmes incontournables
de la marque, fidèlement réactualisés. L'écusson
triangulaire qui domine la partie avant est la partie la plus visible
d'un face-lift relativement discret, consistant à remettre
les GTV et Spider plus en harmonie avec le reste de
la gamme (147, 156, 166). En bas, les deux prises d'air, délimitées par les phares
antibrouillard trapézoïdaux, sont séparées et forment, avec l'écusson,
le " trèfle " historique du Biscione. Parmi les motifs de style
chers à Alfa Romeo, on retrouve intactes les lignes cunéiformes,
mises en valeur par une partie arrière courte, qui confère à la
voiture une allure agressive, ainsi que la nervure accentuée sur
les flancs, qui donne une sensation d'élan et de dynamisme. Les
designers ont préféré ne pas modifier l'inclinaison prononcée du
pare-brise, son raccordement et les lignes supérieures des portes,
qui créent une concavité élégante près du rétroviseur. Sur l'Alfa
GTV, la nervure demeure très inclinée dans la partie arrière du
flanc, tandis que le bord inférieur de la deuxième vitre prolonge
idéalement la ligne parallèle supérieure de la porte, donnant une
sensation globale de compacité. Vus latéralement, les deux modèles
se caractérisent par des jantes en alliage léger de 16" d'un nouveau
dessin, tandis que trois nouvelles teintes de carrosserie sont disponibles
: Rouge Brunello, Vert Racing et Bleu Cobalt.
HABITACLE
L'Alfa
GTV sait recevoir. Ouvrez la porte sans entourage de vitre, le rouge écarlate des sièges en cuir vous illumine les yeux. Descendez dans le siège, l'abaissement du plan d'assise du siège conducteur
par rapport au sol (le point "H") permet de mieux vivre la route, au plus près d'elle. L'espace
intérieur a été également léèrement retouché en 2003, sur le plan esthétique
et ergonomique. L'Alfa GTV 3.2 V6 propose
des sièges avant avec réglage longitudinal et en inclinaison du
dossier. Leur galbe est résolument sportif, comme en témoignent
les éléments de maintien latéral. On est un peu couché, comme dans à la belle époque, mais on s'y fait très vite. Par ailleurs, la structure, les
rembourrages moussés et les revêtements des sièges assurent un meilleur
confort, en répartissant de manière optimale la pression exercée
par les différentes parties du corps. Le volant en cuir à trois branches, avec colonne réglable en hauteur et en profondeur indique la sobriété technologique de cette Alfa "à l'ancienne". Pas de touches multifonctions, pas d'ordinateur de bord, pas de radio commandée au volant, bref, ici, on tourne les roues et on prend du plaisir ! Finalement, ce strict nécessaire nous ramène à des plaisirs simples. Pas de GPS, pas d'écran géant dans la console centrale, non rien de tout cela. juste 3 manomètres qui regardent le pilote de biais. Le tableau de bord au dessin agréable,
est protégé par une visière curviligne très accentuée, superposée
à la surface supérieure de la planche de bord. En dessous, le tachymètre
et le compte-tours donnent le ton ave cune zone rouge à 7000 tr/mn. Signalons également la nouvelle garniture de la console centrale,
et un effort sur la finition même si certains plastiques dénotent dans une voiture vendue plus de 36000 euros en 2004. Enfin, les deux places arières de ce coupé 2+2 sont relativement symboliques et inconfortables, le coffre n'est pas très grand ni fonctionnel. Mais que voulez-vous, lorsqu'on insère la clé dans le contact et qu'on démarre le coeur sportif, tout ceci prend beaucoup moins d'importance...
MOTEUR
Sous le capot avant du GTV, c'est un ptit bijoux que l'on admire, avec un léger pincement au coeur du fait de son arrêt récent. Né à la fin des années 70, le V6 milanais fût tout d'abord 2.5L. Puis, il passa à 3.0 dans l'Alfa 75, puis adopta une culasse à 24 soupapes dans la 166. Dans ce V6, c'est vraiment tout le patrimoine d'Alfa Romeo qui vit et vrombit. Autant vous le dire tout de suite, ce moteur est à la fois le "cœur" et le principal point fort de
tous les modèles Alfa Romeo depuis le passage à l'an 2000. Alfa
156 GTA, Alfa
147 GTA, Alfa GT V6, ce must mécanique se retrouve au sommet de chaque gamme. Pourtant, s'il n'existe pas de "GTV GTA", c'est parce qu'on a décidé chez Alfa Romeo que 240 ch suffirait au vieux coupé. Dérivé du désormais
"classique" V6 24 soupapes de 3 litres - qui équipait précedemment l'Alfa GTV - par augmentation de la course de 78 mm, le 3.2L développe ici une puissance de
240 ch (176 kW) à 6200 tr/mn et un couple maximum de 289 Nm (29,4
mkg) à 4800 tr/mn. Rappelons tout de même aux profanes que le coupé GTV est une... traction avant ! Comme sur les 147 et 156, c'est le train avant qui est condamné à subir les assaut du bouillant V6 ! Sur les premiers kilomètres, le 3.2 24V est un moteur généreux
et "rond", comme on l'attend d'un six cylindres. Spontané et vif, il fait oublier le splsu de 1400 Kg du coupé GTV. Les ingénieurs
ont modifié le vilebrequin et les pistons tout en cherchant à obtenir aussi un
développement régulier et progressif du couple dès les bas
régimes. Bien
entendu, l'augmentation de la cylindrée a été accompagnée de toute
une série d'interventions : les conduits d'admission et d'échappement
ont été reconfigurés à partir d'un nouveau calage de la distribution
; le logiciel de la centrale de commande a été réécrit ; le circuit
de refroidissement a été renforcé, grâce aussi à l'adoption d'un
radiateur pour l'huile de moteur. Les performances
sont époustouflantes, le GTV étant toujours l'une des tractions avant de série les plus rapides du monde. Plutôt discret au ralenti, le V6 cache bien son jeu. Avec une courbe de couple qui atteint des valeurs
élevées dès les bas régimes et permet ainsi de rouler en 6ème à
moins de 2000 tr/mn et d'accélérer sans changer de rapport, les accélérations, comme les reprises sont très vives. Passé 4000 tr/mn, le V6 dévoile sa vraie nature et respire pleinement. Il se jette alors avec une belle sonorité rauque et mélodieuse vers la zone rouge. Mon dieu quel bonheur ! Face au chrono, le GTV s'arrche de 0 à 100 km/h en moins de 7" et passe la barre du 1000m DA en 26"5. On n'en finit pas de jouir de chaque bout de ligne droite pour sentir le dos s'enfoncer dans le siège. En première, deuxième et même troisième sur le gras-mouillé, ça guidonne généreusement dans le volant malgré l'antipatinage ASR (de série). Que ça pousse ! Euh tire pardon... Et que c'est bon ! D'autant plus que la seule boîte de vitesses mécanique à six rapports et à l'étagement parfaitement
adapté au caractère du V6 donne entière satifaction. Elle se manie aussi rapidement qu'avec précision. Revers de la médaille, ce V6 au tempérament explosif incite quasiment à taper chaque rapport jusqu'au rupteur (7300 tr/mn) et de ce fait, les 70 L du réservoir fondent comme neige au soleil avec une consommation moyenne dépassant facilement les 18 L/100 Km.
CHASSIS
Dérivées de celles des modèles précédents, les suspensions avant
et arrière du coupé Alfa Romeo GTV 3.2 V6 24V bénéficient
d'une mise au point spécifique et d'un certain nombre d'innovations. La suspension avant est à roues indépendantes du type
McPherson, avec des bras oscillants inférieurs et une nouvelle barre
stabilisatrice. Sa
géométrie a été conçue de manière à obtenir une grande rigidité
transversale (pour l'efficacité) et une bonne flexibilité
longitudinale (pour le confort). Ferme mais pas inconfortable, le GTV peut se déguster sur plusieurs centaines de kilomètres d'affilée sans fatiguer les passagers, du moins à l'avant. Par ailleurs, les amortisseurs
pressurisés, munis d'un clapet d'aspiration lamellaire, comportent
de nouveaux réglages, au profit du confort de marche et sonore.
Enfin, les ressorts coniques excentrés facilitent les braquages
et réduisent les vibrations transmises à la coque. La suspension
arrière a été elle aussi redessinée et bénéficie d'une
mise au point spécifique et d'un nouveau réglage des amortisseurs.
Evolution sophistiquée de la géométrie en quadrilatère traditionnelle,
adoptée depuis toujours sur les Alfa à hautes performances, la suspension
multi-link est caractérisée, entre autres, par le fait que ses composants
- triangle supérieur, double bras inférieur et barre stabilisatrice
- sont ancrés à un berceau en alliage léger, placé au-dessous du
plancher. Parmi les principales qualités de cette suspension arrière,
citons la capacité de sa cinématique à exploiter les charges transversales
exercées sur les voiture lors des braquages (phénomène de roulis),
afin d'optimiser les angles de travail des roues arrière. Plus précisément
: au début du braquage, la suspension entraîne un braquage en contre-phase
par rapport aux roues avant, accélérant ainsi le changement de trajectoire
de la voiture ; ensuite, au milieu du virage, la suspension annule
le braquage en contre-phase des roues arrière, tandis que la même
force latérale exercée sur les pneumatiques entraîne un braquage
en phase avec celui des roues avant. Cela permet d'améliorer la
maniabilité de la voiture dans la première partie du virage, tout
en optimisant sa stabilité dans la phase suivante. La suspension
arrière possède aussi la propriété d'optimiser
automatiquement, dans les virages, l'angle d'inclinaison des roues
arrière par rapport à la chaussée, d'où une augmentation de l'empreinte (surface d'appui au sol) des pneumatiques, au bénéfice
de l'adhérence latérale et de la tenue de route. Le freinage
donne d'excellent résultats, même s'il manque un peu de mordant à l'attaque de la pédale. Les freins avant à disque
autoventilés mesurent 22 mm d'épaisseur et ont un diamètre de 284
mm ; les disques arrière, quant à eux, mesurent 11 mm d'épaisseur
et 240 mm de diamètre. Dans le domaine de la sécurité active, citons
également l'ABS et l'ASR entièrement déconnectable qui a fort à faire pour contenir la fougue du gros V6 ! Notez qu'en cas de patinage
d'une seule roue, celle-ci est freinée automatiquement, sans aucune
intervention sur la pédale de frein ce qui donne un effet
semblable à celui produit par un différentiel autobloquant. Sportive authentique, l'Alfa GTV se passe d'ESP et le pilote devra donc gérer en toute connaissance de cause le comportement dynamique.
:: CONCLUSION
Véritable Must le V6 Alfa à son apogée dans cette version 3.2 24V donne un charme spécial au coupé GTV. Ajoutant le caractère mécanique démoniaque à sa ligne très personnelle, le coupé GTV se conduit aussi bien comme une simple voiture que comme une sportive, bien que son train avant soit mis à mal si l'on sonne trop fort la charge. Mais au final, le charme opère et l'on constate qu'il est bien difficile de rendre les clés... |