Pour le patron de Mercedes, l'UE fait fausse route avec l'électrique
13/08/2025
Dans une interview donnée au journal allemand Handelsblatt, le PDG de Mercedes, Ola Källenius appelle à une refonte urgente de la législation de l'UE qui obligera les acheteurs et les constructeurs automobiles à passer à l'électrique d'ici 2035. Et le resonsable ne mâche pas ses mots, n'hésitant pas à dire que cette politique conduit l'industrie automobile européenne droit dans le mur...
Bien que très engagé dans le développement d'une gamme de modèles électriques, comme l'UE l'y oblige, Källenius craint en effet un effondrement sévère du marché automobile européen si les législateurs imposent des véhicules électriques aux acheteurs qui n'y sont pas encore prêts. Il estime que les clients se précipiteront sur les dernières voitures essence et diesel d'ici 2035 en anticipant l'interdiction. On peut ensuite imaginer qu'après 2035, les ventes de voitures neuves s'effondreraient dans des proportions dramatiques.
Le patron de Mercedes ne fait pas seulement une sombre prédicition mais affirme qu'il existe de meilleures solutions pour assainir l'air du continent sans menacer l'économie de nations entières. « Bien sûr, nous devons décarboner », a déclaré Källenius, « mais cela doit se faire de manière technologiquement neutre. Nous ne devons pas perdre de vue notre économie. Je ne fixerais pas de date précise pour l'abandon progressif des moteurs à combustion. Un objectif absolu à échéance fixe, assorti de sanctions draconiennes, ne servirait à rien. »
L'Allemand suggère qu'il faut faire davantage pour persuader les acheteurs de faire le changement de leur propre chef, citant la Chine en exemple pour sa conversion rapide à l'électrique. « Là-bas, il n'y a pas de date butoir pour ce problème, ni d'interdiction d'aucune technologie », a-t-il déclaré au Handelsblatt. « Au contraire, les bas prix des bornes de recharge et les allègements fiscaux incitent fortement à l'achat de voitures 100 % électriques. Parallèlement, contrairement à l'Europe, diverses versions hybrides et moteurs à combustion sont pourtant autorisées. » Sur ce point du coût de l'électricité et de la fiscalité, on ne peut pas lui donner tort...
Källenius milite pour une révision de l'objectif de 2035, non seulement en tant que PDG de Mercedes, mais aussi dans le cadre de son nouveau rôle de président de l'Association européenne de l'industrie automobile (ACEA). On peut bien entendu l'accuser de précher pour sa paroisse d'autant qu'il n'est pas le seul haut responsable du secteur à réclamer la levée de l'interdiction des moteurs à combustion. L'année dernière, le PDG de BMW, Oliver Zipse, avait déjà déclaré que l'échéance de 2035 était « irréaliste », avertissant qu'elle pourrait notamment accroître la dépendance des constructeurs automobiles européens aux batteries chinoises.
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