JOURS DE
TONNERRE !
Désormais, tous les passionnés
d'autos sportives et d'exception savent qu'il faudra compter avec
les réalisations d'AMG, tant les performances sont élevées
et à la portée de presque tous les conducteurs chevronnés.
Avec le majestueux coupé Mercedes CL, AMG a décidé
que le 55 AMG Kompressor ne suffisait plus avec ses " petits
" 500 ch, et il faut désormais compter avec le dernier
né : le CL 65 AMG de 612 ch !
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Il y a encore une vingtaine d'année,
la firme Mercedes ne passait pas réellement pour une marque
sportive. Elle laissait alors ce rôle au rival BMW qui s'en
tirait avec les honneurs sur ses modèles frappés du
"M" de Motorsport sur la calandre. Certes, de temps à
autre, une petite lueur d'esprit canaille s'emparait des ingénieurs
de Stuttgart, comme lorsqu'ils montèrent un gros V8 de 6,3
litres dans la classe S W113. Sensations garanties ! Et puis depuis
le temps est passé et les mentalités ont évolué.
BMW lorgne depuis sérieusement sur le marché américain
et asiatique, et force est de reconnaître que le sport est
devenue une notion galvaudée à Munich. Certes, la
BMW M3 E46 est toujours une pure merveille, mais la série
7 a perdu de son charme, le futur coupé série 6 qui
s'annonce semble en totale rupture avec l'ancienne série
6 des années 70-80 et le Z4 peine à charmer les anciens
adeptes du Z3 moins aseptisé et avare en sensations. Mercedes
suit une évolution totalement inverse. En effet, Mercedes
est revenu avec les succès que l'on connaît à
la compétition et après un retour réussi avec
la mythique 500E W124, AMG s'est chargé de développer
une gamme complète de modèles sportifs tous aussi
excitants et performants les uns que les autres. Même la classe
S ou le 4x4 Classe G ont droit à un passage chez AMG. Le
coupé CL, prestigieux coupé qui fait référence
dans son segment possédait déjà sa variante
AMG doté du V8 compressé de 5,5 litres développant
entre 476 et 500 ch suivant les autos. Elle demeure toujours une
auto démoniaque dotée d'un compromis performances/comportement
routier exceptionnel. Mais, voilà, dans le segment des GT
prestigieuses à plus de 140 000 euros, ce sont plus les nouveautés
produits qui stimulent la demande que la demande qui crée
l'offre. Alors AMG et Mercedes ont préféré
prendre les devants et anticiper sur la concurrence à venir
(nouvelle Ferrari 612 Scaglietti, Aston AM V8
) et ont profité
du nouveau V12 biturbo monté dans les Maybach et S, SL et
CL 600 pour passer à la vitesse supérieure
DISCRETE ET ELEGANTE
Il faut bien le reconnaître,
les coupés Mercedes CL possèdent dans la gamme Mercedes
une place et une classe à part. Basé sur les Classe
S (c'est la même plate-forme de départ), le coupé
CL partage l'essentiel de ses mécaniques et de sa technologie
et équipements. Toutefois, sur le plan du style, nous sommes
très éloignés d'une Classe S à deux
portes. Bien que doté de proportions conséquentes,
le coupé CL affiche une élégance et une ligne
indémodable. Rien à voir avec l'ancienne génération
de coupé CL massive de ligne. Le profil très altier
du coupé CL annonce ses prestations dynamiques. Avec la version
CL65 AMG, le CL poursuit son obsession de discrétion, tout
en disséminant ça et là des touches de sport.
En effet, AMG a installé de nouveaux bas de caisse, des boucliers
avant et arrière spécifiques accueillant notamment
à l'arrière les deux doubles sorties d'échappement
chromées. Enfin les très belles jantes alu de 19 pouces
siglées AMG complètent à merveille la panoplie
des modèles ensorcelés par ce spécialiste sportif
d'Affalterbach.
INTERIEUR MERCEDES
Avec AMG, pas d'exubérance
dans l'extérieur, mais c'est également le cas à
l'intérieur de ce coupé CL65 AMG. Peu de différences
en fait que sur un CL600 par exemple, même si l'équipement
de série est plus complet (heureusement à ce prix
!). Seules quelques touches AMG comme les seuils de portes ou les
sièges en cuir Nappa siglés AMG font la différence.
L'ambiance très cosy des coupés CL est toujours de
mise et énumérer la liste complète des équipements
prendrait plusieurs pages. Retenons dans les plus intéressants
le système de radar Distronic qui permet de réguler
automatiquement la vitesse de l'auto en fonction du trafic, le GPS
Comand du dernier cri, les sièges ventilés, chauffants,
massant et à mémoire (!)
Tout y est, et seul
un client particulièrement exigeant serait déçu,
mais heureusement que la liste des options permet de combler les
caprices de chacun.
MOTEUR
Voilà la partie la
plus intéressante de ce CL65 AMG. Comparé au V12 biturbo
installé sous le capot du CL600, ce moteur est très
largement retravaillé. Pour commencer, les ingénieurs
motoristes ont réalésé le moteur de 5,5 à
6 litres en y ajoutant un vilebrequin longue course. Les pistons
forgés ont été renforcés, leurs axes
redimensionnés et leur refroidissement par projection d'huile
amélioré. Paliers de bielles, culasses optimisées,
arbres à cames favorisant les durées d'admission,
pompe à huile, soupapes et également turbos sont nouveaux.
Face à une telle débauche de contraintes thermiques,
l'échangeur frontal gagne 70% en surface, l'alimentation
pilotée gagne 3,8 bars et l'électronique est largement
revue, pilotage de wastegate en tête. Enfin, l'échappement
se termine par des silencieux spécifiques à doubles
sorties séparées. Ces moteurs sont assemblés
chez AMG par un seul technicien qui appose une plaque avec sa signature.
Les performances de ce V12 biturbo appartiennent à une autre
planète. A tel point qu'elles ont dû être revues
à la baisse car aucune transmission ne le supporterait aujourd'hui.
Les 123 mkg de couple potentiels ont été ramenés
volontairement à 102 mkg pour que la boîte auto à
5 rapports puisse espérer survivre quelques temps. C'est
toute la chaîne cinématique qui a été
renforcée pour permettre la longévité des différents
organes face aux contraintes imposées par ce V12 démoniaque.
SUR LA ROUTE
Maintenant que la clé
est dans ma poche (puisque c'est le principe du Keyless Go, avec
la clé dans la poche l'auto démarre et s'ouvre), un
seul chiffre martèle mon cerveau : 612 ch, 612 ch, 612 ch
Ce n'est que 10 de moins que le SLR. Certes, l'auto affiche sur
la bascule 2,2 tonnes, mais les quelques caractéristiques
énumérées par le service presse de Mercedes
(3,52 kg/ch, 102 mkg de couple
) en disent long sur le potentiel
de l'auto. Rapide coup d'il sur la ligne toujours aussi élégante
de ce coupé étoilé, et je m'installe dans les
sièges recouverts de cuir Nappa. Sous mes yeux, c'est l'univers
du très grand luxe qui s'étale, sans faute de goût.
C'est juste ce qu'il faut. Et si vous trouvez le bois déplacé
dans une GT aussi bestiale, rien ne vous empêche d'opter pour
des parements en carbone, en alu, ou même en pierre ! Avec
mon pouce droit, je presse le bouton de démarrage situé
sur le sélecteur de la boîte auto, et soudain un grondement
envahit le CL65 AMG. Le V12 " glougloute " à souhait,
et annonce haut et fort ses 612 ch. Pied sur le frein, levier sur
Drive et je laisse glisser le CL seul sur quelques mètres,
puis je prends la mesure. Surprise, la cavalerie est facilement
maîtrisable. A allure raisonnable, le CL65 AMG se conduit
comme n'importe quelle auto. Le couple gargantuesque est évidemment
très présent et contribue pour beaucoup au confort
de conduite. Sur le compteur, siglé AMG, la graduation grimpe
jusqu'à 360 km/h ! Pourtant, le CL65 AMG est bridé
électroniquement à 250 km/h. Toutefois, les passionnés
pourront en option lever la bride en demande spéciale à
l'usine AMG. A la première longue ligne droite venue, il
est tentant d'écraser la pédale d'accélérateur
sans retenue
ouch ! Quelle poussée ! Je suis littéralement
collé dans le siège, et je peine à retenir
ma tête qui me semble peser des tonnes à cet instant.
La poussée est très forte et semble ne jamais pouvoir
s'essouffler. Et pendant que mon corps subit la violence du V12
biturbo, mes tympans profitent de la sonorité de ce dernier,
même si l'isolation phonique du CL65 AMG est trop poussée
et feutre les cris issus du compartiment moteur. Très agréable
également les commandes au volant de la boîte qui feraient
presque penser à une boîte séquentielle. Le
châssis bardé d'électronique et d'assistance
à la conduite est une pure merveille. Il réussit l'impossible,
puisque les 2,2 tonnes semblent oubliées et autorise une
belle vivacité. Certes, sur les courbes serrées, lorsque
l'on remet brutalement les gaz, l'ESP se déclenche pour assister
le conducteur imprudent, mais globalement c'est le sans faute. Même
les freins sont puissants et endurants, bien qu'un essai intensif
prolongé sur circuit, permettrait de mieux s'en rendre compte.
Revenant à allure normale, je m'autorise le luxe d'une dernière
accélération dantesque pour effacer quelques autos
sur la route qui n'ont certainement pas du me voir passer
::
CONCLUSION
Voilà la nouvelle arme de Mercedes pour faire face à
la concurrence actuelle et future. Terriblement efficace, performant
et luxueux, le CL65 AMG est certainement ce qui se fait de mieux
à l'heur actuel dans le monde des GT de luxe très
hautes performances. Le SL65 AMG, également au programme,
n'est pas commercialisé tout de suite, certainement pour
ne pas faire trop d'ombre au SLR. C'est dire si ce V12 biturbo de
612 ch est performant et séduisant. Un collector avant l'heure
à posséder pour ceux qui peuvent
CE QU'ILS
EN ONT PENSE :
"Sur tracé
libre, c'est un autre monde. Totalement isolés de l'extérieur,
les occupants entrent dans la quatrième dimension. Une pression
sur l'accélérateur arrache le bitume. Si d'aventures
vous osez le rétrogradage, vos cervicales en prennent pour
leur grade. La pression est sensible, physique, ininterrompue. A
moins de souder la pédale au plancher, le V12 de daigne même
pas flirter avec la zone rouge, en coupant paisiblement avant 5
000 tr/mn. Un exemple concret : en sortie de péage, dans
une sportive, les autres usagers semblent soudainement arrêtés.
Dans le CL 65 AMG, ils reculent et s'effacent rapidement dans le
rétro central. A ce jeu, la sonorité mue en un râle
puissant plus efficace à l'extérieur que dans l'habitacle
aseptisé."
OPTION AUTO - Octobre/novembre 2003.
"De félin,
la CL se mue en cobra. Sa détente, fulgurante, laisse sans
réaction quatre pauvres conducteurs incrédules après
le passage éclair de ce missile argent. Tout juste garderont-ils
en mémoire le souvenir de son rugissement inoubliable, subtil
mélange entre un V8 de hors-bord et celui des barquettes
Panoz des 24 Heures du Mans. L'obstacle effacé disparaît
instantanément dans les rétroviseurs, tandis que le
compteur affiche déjà plus de 200 km/h après
moins de 10 secondes d'accélération. Sidérant
! Le pied à peine relevé de l'accélérateur,
la CL retrouve sa quiétude de GT, comme si rien ne s'était
passé. Le calme avant une nouvelle tempête
"
L'AUTOMOBILE MAGAZINE - Octobre 2003. |