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COLLECTOR (10-07-2012)

FIAT
8V
(1962 - 1964)

PRIX NEUF (1952) : 32.700 FF
COTE (2012): 350.000 €
PUISSANCE FISCALE : 12 CV

CARACTERISTIQUES TECHNIQUES FIAT 8V
MOTEUR
Type: 8 cylindres en V à 70°, 16 soupapes
Position: longitudinal AV
Alimentation: 2 carburateurs double corps Weber "36DC F3
Cylindrée (cm3): 1996
Alésage x course (mm): 72 x 61,3
Puissance maxi (ch à tr/mn): 105 à 6000
Puissance spécifique (ch/L): 52,6
Couple maxi (Nm à tr/mn): 145 à 4600
Couple spécifique (Nm/L): 72,6
TRANSMISSION
AV (autobloquant DTC)
Boîte de vitesses (rapports): manuelle (4)
POIDS
Données constructeur DIN à vide (kg): 930
Rapport poids/puissance (kg/ch): 8,8
ROUES
Freins Av-Ar (ø mm): tambours
Pneus Av-Ar: 165 x 400
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h): 204
400 m DA: ND
1 000 m DA: 26"1
0 à 100 km/h: 6"4
CONSOMMATION
Moyenne (L/100 Km): 17
logo fiat 8v

fiat 8v berlinetta

fiat 8v geneve 1952

interieur fiat 8v

moteur fiat v8

fiat 8v av

fiat otto vu
Fiat 8V série 2.

fiat 8v zagato competizione
Fiat 8V Zagato.

fiat 8v supersonic ghia
Fiat 8V Ghia Supersonic.

fiat 8v ghia boano
Fiat 8V Ghia Boano.

8v demon rouge
Vignale 8V Demon Rouge.

BIEN :-)
Collector
Design unique
Performances pour l'époque
Variété de carrosseries
PAS BIEN :-(
Relativement introuvable
Oubliée par la marque
Pièces virtuellement inexistantes
fiat 8v

© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (10/07/2012)

OTTO VU

Si le nom de Fiat est depuis longtemps associé à des voitures modestes, de petite cylindrée, il n'en a pas toujours été ainsi. Bien qu'ayant construit quelques monstres mécaniques au début du siècle dernier, Fiat n'avait jamais possédé de V8 à son catalogue jusqu'en 1952. De cette architecture "Otto Vu" est née l'une des plus remarquables voitures du constructeur turinois : la 8V.

Texte : Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.

Durant les années de reconstruction industrielle après les bombardements de la seconde guerre mondiale, les usines Fiat peinent à produire les voitures que demande le marché italien, avant tout économiques et donc petites. Pourtant, le président de Fiat, Vittorio Valletta, convoque en 1947 son ingénieur en chef du bureau technique, Dante Giacosa, pour lui confier l'étude et la réalisation d'une toute nouvelle voiture destinée au marché nord américain. Celle-ci devra être puissante et porter haut les couleurs du drapeau italien. L'ingénieur se rend alors aux USA à Detroit, pour s'imprégner du marché.

C'est ainsi que le projet 101 conduit à la réalisation de la Fiat 1400, présentée en 1952. Mais le directeur général associé de Fiat, Luigi Gajal, restait convaincu qu'un moteur plus gros serait mieux adapté au marché américain pour propulser la nouvelle berline familiale. Le 6 cylindres en ligne ne pouvant rentrer sous le capot, Giacosa mis de côté le V6, trop difficile à équilibrer, pour se concentrer sur la mise au point d'un V8. Le projet 104 fut mis en route et Pininfarina réalisa un prototype dérivé de la Fiat 1400. Mais au final, même pour un V8, la voiture était trop lourde et pas assez performante. C'est alors que la direction commerciale de Fiat réorienta sa stratégie de montée en gamme vers le marché en pleine croissance des voitures de sport...

PRESENTATION

Trop occupé par ses modèles de grande série, Fiat confia en partie l'étude du projet 106 à la société Siata (Societá Italiana Auto Trasformazioni Accessori), et notamment à l'ingénieur Rudolf Hruska débarqué de chez Porsche, en lui fournissant son moteur "8V". En 1950, un nouveau châssis tubulaire à section ovale fut réalisé, plus rigide et léger, avec une suspension indépendante avant et arrière. La carrosserie était faite de panneaux en acier, soudés au châssis. Giacosa, qui avait travaillé pour Cisitalia, l'avait voulue d'inspiration coupé fastback, dans la lignée du coupé Pininfarina 1100ES de 1949. C'est Fabio Rapi, un ancien de Isotta Fraschini, qui en signe le style très aérodynamique optimisé dans la soufflerie Fiat à Turin.

Présenté en mars 1952 au salon de Genève, le coupé 2 places fuselé fit tourner les têtes autant par sa ligne réussie que par ses performances étonnantes. Est-ce que c'était la Ferrari du pauvre ? Le magazine américain Road & Track la qualifie de “the biggest surprise of the year” et semble particulièrement impressionné par ses caractéristiques techniques et notamment son poids très limité. Assurément, la 8V est un coup de maître pour Fiat ! La voiture est pourtant bien plus adapté au marché italien qu'aux USA, de par son côté expérimental. La production s'organise lentement chez Fiat qui met en place un atelier spécialisé pour habiller les châssis en provenance de Siata et y monter les trains roulants. Le premier exemplaire est acheté par Franco Auricchio et engagé dès 1952 à la course des Mille Miglia pour être confiée aux pilotes Vincenzo Auricchio et Peiro Bozzinio. Leur Fiat 8V termine 5ème de sa catégorie.

fiat 8v zagatoFIAT 8V ZAGATO
Ovidio Capelli, le revendeur Fiat à Milan, commissionne alors Zagato pour développer une 8V pleinement orientée vers la course. Une voiture allégée à carrosserie en aluminium et plus aérodynamique encore est engagée pour battre le record du Giro della Toscana. Elle termine 3ème de sa catégorie remporte le championnat GT en catégorie 2 litres. Elio Zagato, le fils du carrossier, obtiendra lui-même de beaux succès en compétition qui ne manqueront pas d'amener une nouvelle clientèle pour la 8V Zagato qui deviendra très populaire. Après les 4 premiers exemplaires modifiés (Elaborata Zagato), les lignes de, la 8V Zagato évolueront doucement mais se distinguent chacune de la précédente et plus encore du modèle carrossé par Fiat.

Plusieurs autres carrossiers comme Vignale (auteur d'un joli Spider et du spectaculaire coupé "Démon Rouge") et Farina seront amenés à travailler sur la 8V. Ghia réalisera également 15 voitures, dont la 8V “Supersonic” de Giovanni Savonuzzi inspirée de la voiture conçue pour Virgilio Conrero à la Mille Miglia 1953 et la 8V de Mario Boano qui avait repris l'entreprise après la mort de Giacinto Ghia en 1944.

MOTEUR

Après la guerre, Fiat mis en chantier un projet de moteur V8, connu en interne sous le code Tipo 106. Ce moteur était destiné à une production en grande série mais en raison des taxes sur les grosses cylindrées rapidement mises en place par le gouvernement italien, le projet fut abandonné. Ou presque. En effet, si un V8 à 90° ne pouvait rentrer sous le capot de la berline 1400, avec un angle plus fermé de 70°, l'opération devenait envisageable.

Ce nouveau moteur tout en aluminium est dérivé de deux petits 4 cylindres dont on a monté le bloc dans le même carter. C'est ainsi que la cylindrée totale n'excède pas 2 litres. L’arbre à cames est disposé au centre et l'alimentation est assurée par 2 carburateurs Weber double corps. Implanté longitudinalement à l'avant, il développe initialement une puissance maxi de 105 à 6000 t/mn et un couple de 146 Nm. Adapté aux hauts régimes avec sa course courte, ce V8 miniature affiche un taux de compression 8.5:1.

Le moteur est accolé à une boîte de vitesse manuelle à 4 rapports synchronisés (sauf la 1ère) et peut flirter avec les 200 km/h ! Sur l'autoroute Milan-Turin, Carlo Salamano, pilote d'essai Fiat, atteindra 208 km/h au volant d'une 8V équipée du moteur Competizione, dont la puissance été poussée à 126 ch. Le reste des caractéristiques est très classique puisque les freins, non assistés, sont à tambours et la direction à vis et galet.

EVOLUTION

En 1954, après avoir produit seulement 34 voitures, Fiat lance au salon de Turin la seconde série de 8V, avec une carrosserie-coque en fibres de verre de 3mm d'épaisseur ne pesant que 48,5 kg. La face avant se reconnait facilement à ses doubles optiques (phares + longue portée) en escalier, repositionnés pour se conformer au règlement GT. La grille de calandre est un peu moins ostentatoire. Progressivement, le carénage des rues arrière fut abandonné, le pare-brise fut moulé d'une seule pièce et les ailes devinrent un peu plus arrondies.

La puissance du moteur passa de 105 à 115 puis 126 ch. Cette version aurait pu relancer le modèle car son poids allégé laissait entrevoir de grandes possibilités mais la direction de Fiat décida d'arrêter définitivement la production en septembre 1954 faute de ventes satisfaisantes. En effet, le prix de revient exorbitant de ce modèle avait ruiné tout espoir de le commercialiser à un prix réellement attractif.

Les derniers exemplaires seront habillés jusqu'en 1956, pour un total de 114 unités, y compris le premier prototype. Les plans, l'outillage et presque tous les moteurs restants sur les 200 produits furent cédés à la société Siata qui développera sa 208S sur cette excellente base.

siata 208SSIATA 208S
Les moteurs et châssis de 8V récupérés par Siata vont permettre au petit constructeur de développer sa propre voiture de sport : la 208S (2 litres - 8 cylindres - Sport). revu au niveau de la culasse, le moteur délivre 115 ch. Le châssis tubulaire conserve sa suspension indépendante avec ressorts et amortisseurs téléscopiques aux 4 roues. Cette solution très moderne pour l'époque offrait une tenue de route très saine qui ravissait les pilotes plus habitués aux caprices des ponts-rigides. Carrossées de différentes façon par Bertone ou Vignale pour un total de 60 exemplaires, c'est bien la 208S Spyder tout aluminium de Michelotti, travaillant pour le compte Stabilimenti Farina, qui est unanimement reconnue comme la version la plus élégante de cette Siata. Séduisante sous tous les angles, elle n'est pas sans rappeler le petit roadster ACE de l'anglais de AC. Produit à 35 exemplaires, ce Spyder aura même conquis le célèbre Steve McQueen qui en avait acquis un exemplaire en 1956. Ce châssis n°BS523, dont le moteur fut poussé à 132 ch, a été proposé aux enchères dans le cadre du Concours d'Élégance de Pebble Beach pour un prix évalué entre $875,000 et 1,175,000 de dollars...
Crédit photo : RM Auctions

fiat turbinaFIAT TURBINA
Après la Seconde Guerre mondiale, les turbines à gaz ont connu un très fort intérêt, suite aux travaux effectués sur les moteurs d'avion. La Fiat Turbina est un concept car développé dans ce but. Exposée pour la première fois au Salon de l'automobile de Turin en 1954, cette étude construite sur un châssis similaire à celui de la Fiat 8V, a débuté dans le bureau d'études Fiat en 1948 sous la direction de Fabio Luigi Rapi. Le moteur est équipé d'un compresseur à 2 étages, d'une turbine à 2 étages, une turbine motrice et un groupe réducteur pour la transmission aux roues. La vitesse maximale déclarée est supérieure à 250 km/ grâce à une aérodynamique particulièrement travaillée, à l'image des deux ailerons arrière qui font office de stabilisateurs, permet à la Turbina d'afficher un Cx record de 0,14 !

LA FIAT 8V EN COMPETITION

Au cours de sa courte carrière, la Fiat 8V décrochera quelques belles victoires de classe (Mille Miglia 1957) et se distinguera dans des épreuves sportives comme les 12H de Pescara ou la coupe de Monza. Quelsques rares moteurs en version Compétition furent vendus, ils délivraient 126 ch avec 2 carburateurs 4 corps Webers et une culasse spécifique à 4 admissions séparées.

PRODUCTION FIAT 8V
8V Fiat Carozzeria Speciale série 1 : 34 exemplaires
8V Zagato : 32 exemplaires
8V Ghia : 40 exemplaires, dont 8 coupé Supersonic
8V Vignale : 10 exemplaires, dont 3 coupés "Demon Rouge" et 2 Spider
TOTAL : 114 exemplaires
Siata 8V et 208S : 96 exemplaires

:: CONCLUSION
Produite seulement 2 ans, la Fiat 8V fait partie des monuments de la marque. Fiat poursuivra sa montée en gamme bien des années plus tard, via le rachat de Ferrari. Il est d'ailleurs amusant de se dire qu'une Fiat posséda un V8 bien avant une héritière de Maranello...

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