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ASTON-MARTIN V12-VANTAGE S (2014 - )

voiture
© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (11/05/2015)

SPORT EPIQUE

L'Aston Martin V12 Vantage proposait quelque chose d’assez irrationnel : installer le plus gros moteur, le V12 de la DBS, dans la plus petite voiture de la gamme, la V8 Vantage. C’est évidemment en bonne partie ce brin de folie qui la rendait si attractive. La DBS stoppée, remplacée par la Vanquish II, Aston Martin se décida à reprendre le même principe mais à l ‘échelon supérieur. C’est ainsi qu’est née la V12 Vantage S de 573 chevaux. Délirant ?

Texte : Maxime JOLY
Photos : Sébastien DUPUIS

N'ayant pu obtenir un essai de la V12 Vantage à sa sortie, nous en étions restés avec nos fantasmes. Mais ça, c'était avant. Après de longs mois d'attente, la persévérance a été récompensée avec un bonus à la clé puisque nous avons finalement essayé une Aston Martin V12 Vantage... S. Faute de roadster pour profiter pleinement de la bande-son, nous n'avons toutefois pas boudé ce plaisir en récupérant le coupé qui vous est présenté ici. Mais après une telle attente, il y a toujours le risque d’être déçu, surtout qu'entre temps, nous avions pu essayer la Vanquish II. Allait-ce être le cas ? Nous avons pris la direction d'une terre de chevaux, pour aller découvrir si le Haras mobile anglais était plutôt Percheron ou Pur Sang...

PRESENTATION

aston martin v12 vantage s araston martin v12 vantage s av

En récupérant un S, l'Aston Martin V12 Vantage a gagné en muscles ce qu’elle a perdu en élégance, peu aidée par la configuration de notre version d’essai, mélangeant jantes noires et rouge aubergine qui virait souvent au noir sous le soleil alternatif normand. En la voyant arriver au loin, elle inspire plutôt la crainte et la bestialité d'une sportive pure et dure que le charme désuet d'une vieille DB5 à James Bond. Difficile pourtant de penser que le dessin de la V8 Vantage, signé Henrik Fisker, date d'il y a déjà 10 ans. C'est à cette intemporalité qu'on reconnaît les oeuvres d'art parait-il. Le Haras National du Pin, dans l'Orne, qui nous sert de cadre pour le shooting photo en est juge, du haut de ses 300 ans d'histoire.

Les modifications apportées à la V12 Vantage "S" se portent sur la calandre, le toit et l’arrière. Pas besoin de lui chausser du 21" pour avoir l’impression de ne pas être posée sur roulettes. Des 19", comme celles qu’on trouve sur certaines compactes sportives, suffisent… Aston Martin a également eu le bon goût de ne pas affûbler sa super sportive d'un aileron monumental, privilège réservé à la nouvelle Vantage GT12...

Pour finaliser le look de la supercar anglaise, l’acheteur a le choix entre une quantité invraisemblable de couleurs pour la carrosserie, deux sortes de jantes (chacune en plusieurs finitions) et trois coloris d’étriers (gris, jaune, rouge). Vous voulez peindre le toit d’une teinte différente du reste de la voiture ? Pas de problème ! Et si c’est le roadster qui vous tente, il vous faudra rajouter 12.000 €. De quoi rester symboliquement sous la barre des 200.000 euros…

HABITACLE

interieur aston martin v12 vantage s

Pas de bouleversement à l’intérieur de la Vantage, en dehors du choix de coloris pour le moins original de notre exemplaire d'essai... Bien assemblé, la présentation est soignée et supérieure à ce que l’on voit dans la Jaguar F-Type pour ne citer qu'elle. La position de conduite frôle la perfection et même si certains composants commencent à dater, le simple fait d'insérer la clé en verre dans son logement pour réveiller le monstre suffit à vous transporter dans un autre univers. Cette "Emotion Control Unit" porte définitivement bien son nom.

Les tarifs salés ne dispensent toutefois pas de quelques options qui peuvent paraître mesquines, telles que les sièges chauffants, l’aide au stationnement et la caméra de recul. Mais pour une Aston Martin et le gros moteur qui va avec, le tarif est loin d’être délirant.

CARACTERISTIQUES


ASTON-MARTIN V12-VANTAGE S
moteur
MOTEUR
Type : 12 cylindres en V à 60°, 48 soupapes, 2x2 arbres à cames en tête
Position : longitudinal AV
Alimentation : Injection indirecte + double calage variable en continu
Cylindrée (cm3) : 5935
Alésage x course : 89 x 79,5
Puissance maxi (ch DIN à tr/mn) : 573 à 6750
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 620 à 5750
TRANSMISSION
AR + pont autobloquant mécanique + ASR et ESP (déconnectable) + contrôle de motricité
Boîte de vitesses (rapports) : séquentielle robotisée Sportshift III (7)
POIDS
Données constructeur (kg) : 1665
Rapport poids/puissance (kg/ch DIN) : 2,9
ROUES
Freins : 2 disques ventilés et perforés en carbone/céramique AV (Ø 398 mm) avec étriers fixes 6 pistons et 2 disques ventilés et perforés en carbone/céramique AR (Ø 360 mm) avec étriers fixes 4 pistons + ABS + EBD + EBA
Pneus Av-Ar : 255/35 ZR 19 - 295/30 ZR 19 (Pirelli Pzero Corsa)
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 328
1000 m DA : ND
0 à 100 km/h : 3"9
0 à 200 km/h : ND
CONSOMMATION
Mixte constructeur (L/100 Km) : 14.7
Moyenne de l'essai (L/100 Km) : 18
CO2 (g/Km) : 343
PRIX NEUF (01/2014) : 181.398 €
PUISSANCE FISCALE : 41 CV


MOTEUR

Les enfants ont droit à leur comptine avant d’aller dormir. Pourquoi les grands enfants que nous sommes auraient passé l’âge de ce petit plaisir ? C’est pour nous qu’Aston Martin continue de fournir et de faire évoluer son V12. D'une pression du doigt, le douze cylindres entre en éruption. Ce n’est pas le Vésuve à la façon d’un V12 italien mais le bloc anglais n’a rien à lui envier du point de vue de la sonorité.

En attendant la GT12 - présentée sous le label GT3 - de 600 chevaux, le V12 AM28 de la Vantage S est annoncé à 573 ch, soit 11% de plus que la précédente V12 Vantage. Le couple n’est pas en reste avec 620 Nm, perchés à 5.750 tr/min. Un régime que nous n’avons plus l’habitude de lire depuis la déferlante des moteurs ‘downsizés’ et il en est de même en ce qui concerne la souplesse incomparable du 5,9 litres. Le caractère presque pointu du V12 se ressent à la conduite où, peu aidé par le poids de la bête, il a besoin de prendre ses tours pour se libérer pleinement. Un sentiment pas désagréable qui fait que l’on conduit un peu à l’ancienne, même en Sport qui modifie la cartographie. On aurait presque l'impression d'avoir un six cylindres de M3 E36 3.0 sous le capot. Ou plus exactement, deux L6 3.0 de M3 ! Le mode Sport influe aussi sur l’échappement en ouvrant les valves avant les 3.000 tr/min habituels et le son du V12 devient alors très présent dans l'habitacle.

torque graph courbe couple moteur aston v12 vantage S

C’est une constante chez Aston Martin, la voiture se lance en mode D qui équivaut au mode automatique. Tirer sur une des deux palettes fait basculer en strict manuel sans que la boîte ne reprenne la main, sauf pour éviter un sous-régime. La boîte Sportshift III, fait de la résistance à bord de la Vantage. C'est d'ailleurs la seule proposée sur ce modèle. Il s’agit toujours de la boîte mécanique robotisée à simple embrayage fournie par Graziano, dotée de 7 rapports depuis quelques années maintenant. Elle bénéficie ici de nouveaux réglages censés améliorer les temps de passage et réduire les à-coups des précédentes versions. Graziano ayant fait des miracles sur la boîte F1 Ferrari à partir de la F430 Scuderia et sur la Maserati GranTursimo MC Stradale, il me tardait de voir si la « baby Aston » bénéficierait des mêmes qualités. Hélas, pas vraiment. Le mode automatique est à proscrire tant il est désagréable à l’utilisation du fait des à-coups. En manuel, c’est déjà mieux, ou plutôt moins pire. Comme c’est le cas sur beaucoup de boîtes robotisées de ce genre, plus le changement de rapport se fait haut dans les tours, moins l’à-coup est présent. C’est en partie vrai mais pour d’obscures raisons, pas systématiquement. La lenteur ou non de la boîte n’est pas en cause puisque le temps de passage est de 70 ms seulement ! Du coup, il n’y a pas photo avec la boîte ZF8 de la Vanquish 2015 qui délivre autant de sensations pour un agrément largement supérieur. Mais comme me l’avait expliqué Jeffrey L. Scott dans une interview, il manque deux pouces à l'emplacement prévu pour pouvoir y loger la boîte 6 de ZF, testée sur la DB9 mk2. Dommage de ne pas avoir laissé la boîte mécanique…

Vendue comme étant la plus sportive de la gamme (hors One-77), vous pourrez répondre à ceux qui vous le demandent que la V12 Vantage S prend 328 km/h tandis que le 0 à 100 km/h est abattu en 3,9 secondes. Les premiers rapports sont bien étagés et on se surprend à taper rapidement le rupteur. Ce gros plaisir a un prix, une consommation moyenne sur notre essai de l’ordre de 18 litres aux 100 km…

SUR LA ROUTE

essai aston martin v12 vantage s

Le test de la V8 Vantage mk3 nous avait rappelé à quel point son comportement routier est sain et équilibré. Qu’allait-il en advenir avec le V12 posé sur le train avant ? D’abord, la répartition avant/arrière s'inverse en sa défaveur mais le rapport de 51/49 demeure presque idéal. Grâce à l'emploi de carbone notamment pour le capot, l'implantation du V12 devant s'avère moins désastreuse qu'on pouvait le craindre. Au final, la différence de poids officielle avec une V8 Vantage S n'est même que de 55 kg. Cela étant, l'Aston Martin V12 Vantage S reste très lourde. La plateforme VH en aluminium extrudé est pourtant conçue avec légèreté, mais rien n'y fait. Accusant 1665 kg à vide, hors option, la V12 Vantage reste loin de ses rivales les plus sveltes, comme la nouvelle McLaren 570S forte elle aussi de 570 ch, ou encore la Porsche 911 turbo S et ses 560 ch.

Malgré une direction plutôt directe (2,6 tours de butée à butée), la V12 Vantage se montre un peu plus paresseuse à l'inscription, avec une légère tendance au sous-virage. En parallèle, le couple élevé met à mal le grip. Combiné à l’empattement court de la Vantage, le survirage n'est jamais très loin si vous osez déconnecter les assistances. Une caractéristique évidemment bien différente de la Vantage V8 4.7L et qui ne fait que renforcer le caractère sauvage de la V12. Il y a des chiens qu’on tient en laisse et d’autres qu’on tient au collier. La V12 Vantage S est de cette trempe. Bien que délicate, elle n’empêche pas de prendre des vitesses inavouables, y compris sur petites routes qui ne sont pourtant pas ses terrains de prédilection. Elle peut compter sur un différentiel à glissement limité mécanique. Les sièges sport, optionnels, sont excellents.

Les conditions météo très changeantes n’ont pas non plus aidé à maintenir le cap. Sur chaussée mouillée, les à-coups de la boîte déclenchent l’antipatinage, même avec les roues droites. La direction à assistance variable conserve un ressenti un peu artificiel, même si on finit par s'y habituer rapidement. Quant aux suspensions pilotées, elles offrent trois modes d’amortissement allant de ferme à dur. Ferme y compris en mode normal pour juguler les mouvements de caisse induits par les 1.665 kg de la Vantage. Le mode Dynamic n’a pas semblé métamorphoser le comportement de l’auto, si ce n'est qu'elle rebondit encore plus sur mauvaise route et de ce fait présente un caractère plus brouillon. Pour ceux qui souhaiteraient prendre la piste avec leur anglaise, ou rendez-vous chez un kiné, il existe le mode Track encore plus dur. Pas de souci à se faire sur le freinage en revanche, surpuissant avec ses gros disques céramiques de 398 et 360 mm et visiblement inépuisable, du moins sur route.

Dans sa philosophie, l’Aston Martin V12 Vantage S se rapproche de la F-type propulsion avec son caractère bien trempé, tout en étant plus amusante que sa version quatre roues motrices, à défaut de se montrer efficace… Mais l'Aston offre ce petit supplément d'âme et de magie que la Jaguar V8 R essaie de compenser avec son compresseur et les pétarades de son échappement. "Power, Beauty, Soul", le slogan Aston n'est pas usurpé, la V12 Vantage offre beaucoup de sensations au volant, y compris aux vitesses réglementaires et c'est aussi ça qui la différencie de bien des supercars. Capable de rouler au couple à 70 km/h en 6ème, ou de bondir sauvagement d'un virage à l'autre en aboyant au rétrogradage, son V12 impose une symphonie mécanique qui donne des frissons. Le bruit de roulement important des pneus et les sifflements du pont s'ajoutent à cette ambiance particulière, entre voiture de luxe et voiture de course. Aussi fascinante qu'un Johnny Rotten qui sortirait de chez le tailleur...

CONCLUSION

:-)
Ligne sublime
Présentation très soignée
V12 exceptionnel
Sonorité
Freinage indestructible
Sensations au volant
Sport et luxe
:-(
Boîte robotisée imposée…
et dépassée technologiquement
Poids élevé
Amortissement ferme

L’Aston V12 Vantage S cultive les paradoxes. Forte en sensations mais perfectible dans son comportement routier, elle n’en reste pas moins très performante et pas seulement en lignes droites. De plus, son moteur d’exception en fait un modèle sans réelle concurrence. Suffisant pour craquer ? Si vous privilégiez le plaisir à l’efficacité, oui ! Et puis, comment refuser de rouler en Aston Martin ?

Un grand merci à Jean Chevret et au personnel du Haras national du Pin pour la séance photo.

PHOTOS


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