FERRARI 365 GT 2+2 (1967 - 1971)
UN V12 SINON RIEN !
Désireux de pouvoir répondre à toutes les envies de ses clients, Enzo Ferrari proposa très tôt une gamme complète de modèles à deux ou quatre places. Bien plus qu’une simple niche, les 2+2 représentaient même la majorité des ventes de Ferrari. La récente présentation de la FF atteste que cette catégorie a encore ses adeptes et les scores réalisés par ces « coupés-familiaux » auront donné raison à Enzo Ferrari. Une fois de plus...
Texte :
Maxime JOLY
Photos : Julien DEMAIN
Si vous avez eu la (mal)chance de vous coltiner les récents essais de la FF sur nos anciennes chaînes hertziennes, vous avez probablement entendu une bonne dizaine de fois que c’était la première vraie quatre places de Ferrari. Etrangement, nous avons récemment essayé une ancienne gloire du Cavallino Rampante qui répond pourtant parfaitement à la configuration 2+2. Voici donc la 365 GT 2+2, un modèle injustement méconnu du grand public mais au charme pourtant indémodable…
PRESENTATION
La Ferrari 365, dont le nom fait référence à la cylindrée unitaire, prit la succession de la, ou plus exactement, des 330. Présentée au Mondial de l’Auto à Paris en octobre 1967, ce ne fut que l’année suivante que les premières livraisons du coupé 4 places eurent lieu. Esthétiquement, Pininfarina resta dans un coup de crayon typique des années 60, s’inspirant de la 500 Superfast ainsi que de son propre travail réalisé sur la 330 GTC, spécialement construite pour la Princesse de Réthy. Du point de vue de la longueur, cette 2+2 en impose. Autant par son immense capot fuyant que par sa gigantesque malle arrière, destinée à recevoir comme il se doit les affaires de ses quatre occupants. La tradition des très longs pots d’échappement est respectée et si l’avant est presque un copier/coller de celui de la Superfast (feux, pare-chocs, grille), l’arrière est plus spécifique à la nouvelle 365, malgré le rappel des trois feux ronds. C’est en particulier de profil qu’elle se démarque le plus afin que les deux passagers du fond jouissent d’une habilité acceptable et puissent endurer des voyages sur de longues distances.
HABITACLE
A l’intérieur, même si tout n’est pas parfait, l’impression de luxe est indéniable grâce notamment à l’omniprésence de cuir et de bois. Cette Ferrari 365 GT n’est là pas pour taper un chrono sur piste évidemment, mais plus simplement pour emmener le plus rapidement possible et dans un maximum de confort, une petite famille. Et ça, elle le fait à merveille… Les équipements présents trahissent le pedigree de l’auto et sont pour l’époque stupéfiants. Grande première sur une Ferrari, la climatisation (bi-zone !) et la direction assistée étaient fournies de série afin de satisfaire les desiderata des clients américains. Il faut dire qu’étant le seul modèle de Maranello exporté aux Etats-Unis, le constructeur italien ne pouvait pas se rater. La console centrale est très chargée et demande une lecture attentive du manuel d’utilisation pour s’approprier comme il se doit toutes les fonctions disponibles. En plus des nombreux boutons à portée de main du conducteur, se trouvent huit cadrans ayant chacun leur utilité. Ampèremètre, compte-tours, température d’huile ou bien thermomètre, tout est là pour connaître l’état de santé de la mécanique.
FERRARI 365 CALIFORNIA
Au salon de Genève de 1966, fut présenté par Pininfarina le cabriolet Ferrari 365, appelé California en référence à la 250 California. Rien à voir avec la California sortie en 2008 … Bizarrerie du calendrier, vous vous serez peut-être rendu compte que cette version décapotable fut présentée avant la 2+2. En 1967, seulement 14 exemplaires furent vendus. Cette production ultra confidentielle entraîna la transformation de certains coupés en cabriolets. Gare aux faux ! Les modèles originaux disposent de jantes à rayon 15 pouces Borani.
CARACTERISTIQUES
FERRARI 365 GT 2+2
MOTEUR
Type : 12 cylindres en V à 60°, 24 soupapes
Position : longitudinal AV
Alimentation : 3 carburateurs Weber 40 DF/1
Cylindrée (cm3) : 4390
Alésage x course (mm) : 81 x 71
Puissance maxi (ch à tr/mn) : 320 à 6600
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 363 à 5000
TRANSMISSION
AR
Boîte de vitesses (rapports) : manuelle (5)
POIDS
Données constructeur (kg) : 1450
Rapport poids/puissance (kg/ch) : 4,5
ROUES
Freins Av-Ar (ø mm) : Disques ventilés - Disques
Pneus Av-Ar : 215/70 VR 15
PERFORMANCES
Vitesse maxi (km/h) : 240
400 m DA : ND
1000 m DA : 27"
0 à 100 km/h : 7"
CONSOMMATION
Moyenne (L/100 Km) : 20
PRIX NEUF (1967) : N.C.
COTE (2011) : 70.000 €
PUISSANCE FISCALE : 25 CV
MOTEUR
Alimenté par trois carburateurs inversés à double corps Weber 40 DF/1, le V12 de la Ferrari 365 GT est un dérivé du Colombo qui avait été réalésé à 4 litres sur les 330. L’alésage passe sur cette nouvelle version de 77 à 81 mm sans que la course ne change. 400 cm3 de cylindrée sont ainsi obtenus pour ce « quatre arbres », aboutissant à 20 chevaux et une trentaine de Nm supplémentaires. C’est à ce moment précis la Ferrari de route la plus puissante, la 500 Superfast n’étant restée au catalogue que durant l’année 64. Ce nouveau moteur qui répond au nom de code Type 245 ne déçoit pas par la sonorité qu’il dégage. Sa voix gutturale réveille tout le voisinage, annihilant toute possibilité de sortie en douce sans ameuter le quartier… Peu importe, le plaisir est tel qu’on n’est pas à quelques concessions près. Chaque accélération équivaut à un coup de canon que lancent simultanément les douze pistons qui oeuvrent sous le capot avant. Sorti de sa torpeur tel un animal préhistorique dans la plus pure tradition hollywoodienne, vous feriez mieux de ne pas rester en travers du chemin, une fois son réveil opéré. Les performances annoncées de la Ferrari 365 GT étaient impressionnantes pour l'époque, spécialement pour une voiture capable de transporter quatre personnes. Plus de 240 km/h de vitesse de pointe et le kilomètre départ-arrêté exécuté en 27 secondes pourraient aujourd’hui encore servir de référence à pas mal de berlines survitaminées. La souplesse du 12 cylindres est un modèle du genre et donne une immense impression de réserve à n’importe quel régime. Cette mécanique d’exception est suppléée par une boîte de vitesses manuelle à cinq rapports, d’origine ZF. A noter que le rapprochement des pédales favorise l’exécution du talon-pointe.
SUR LA ROUTE
La montée de la première direction assistée sur une Ferrari laissa perplexe à l’époque, les journalistes étant bien dubitatifs… avant qu’ils ne passent derrière le volant ! Car une fois essayée, cette assistance signée ZF était adoptée. La philosophie sportive n’était pas trahie et il faut bien comprendre que le but était de faciliter le maniement de cette gigantesque bestiole sur routes et en ville. N’oubliez pas le caractère familial de cette Ferrari 365 GT ! Cela dit, à la première manœuvre urbaine venue, son rayon de braquage catastrophique vous vaccine rapidement de rééditer l’expérience…
Familiale ok, mais sportive quand même ! En plus d’un pont autobloquant, fut développé avec Koni une suspension arrière hydropneumatique au réglage automatique. Elle sert à compenser la charge répartie sur l’essieu arrière, imputable aux deux passagers de la rangée du fond ainsi qu’aux sacs chargés dans le coffre. Les quatre roues sont indépendantes et à l’intérieur des ressorts hélicoïdaux se trouve des amortisseurs télescopiques. L’expression « une main de fer dans un gant de velours » semble avoir été créée pour cette Ferrari 365 GT… Bien que l’empattement soit équivalent à celui de la 330, le châssis à charpente tubulaire est entièrement nouveau, et jouit d’une rigidité accrue. Michelin conçut spécifiquement pour la 365 GT 2+2 de nouveaux pneus (en 215/70 VR15) afin d’assurer une tenue de route parfaite, y compris à vitesse supersonique lorsque les autoroutes étaient encore libre de toute limitation. Les passages en courbe sont remarquables et se font à des rythmes étonnamment élevés, en toute décontraction – ou presque. Il faudra rester vigilant sur le freinage qui n’a pas grand chose à voir avec nos repères actuels et demande par conséquent une certaine retenue avant d’écraser la pédale du milieu. Gardez à l’esprit les distances de sécurité avec le véhicule qui vous précède !
ACHETER UNE FERRARI 365 GT 2+2
801 exemplaires du coupé Ferrari 365 GT 2+2 ont été produits. C'est dire si ce collector se fait rare ! Pour autant, il n'est pas impossible à trouver et dans ce cas, il faudra respecter les précautions d'usage. Avant que Fiat n’entre dans le capital de Ferrari, le cheval cabré était fidèle à la distribution par chaîne. Ils y sont même revenus récemment sur tous leurs moteurs, contredisant les préjugés souvent tenaces. Pas de remplacement de courroie à contrôler dans l’historique donc, simplement un contrôle régulier de la bonne tension de la chaîne. L’état de la carrosserie doit aussi être inspectée pour scruter tout début de corrosion. Cotant au minimum 70.000 €, la Ferrari 365 GT 2+2 a en général été bien traitée par ses propriétaires, désireux de ne pas voir tomber la valeur de leur exemplaire. Un bilan électrique des différents périphériques est à faire pour avoir une idée de la bonne santé globale de la voiture.
CONCLUSION
| :-) V12 ! Performances Comportement routier Direction assistée Distribution par chaîne Ligne indémodable Equipements d’avant-garde Vraie 2+2 |
| :-( Sonorité éprouvante ! Coûts d’utilisation Freinage qui date… Cote élevée |
S’apparentant à un bon placement, l’achat d’une 365 GT 2+2 demeure avant tout un achat plaisir. Ayant besoin de la tourner régulièrement pour qu’elle demeure en bonne santé, vous ne devriez pas avoir trop de mal à vous motiver pour la promenade dominicale. Dans cette gamme de prix, ce n’est pas sa consommation indécente qui devrait vous freiner. Laissez-vous plutôt bercer par la sérénade de ce V12 d’anthologie...
Nous remercions Fabien pour l’essai de sa superbe Ferrari 365 GT 2+2.
PHOTOS
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