UNE SPORTIVE BIEN ELEVEE
Seat,
sous la directive du groupe VAG, doit s'établir comme concurrent
direct d'Alfa Romeo et doit évoquer le sport. " Auto
Emocion " clament haut et fort les publicités Seat très
tendances et jeunes. En attendant de pouvoir prendre en main la
nouvelle Ibiza Cupra et ses 180 ch, nous avons pu juger la première
marche sportive dans la gamme : l'Ibiza FR
Texte :
Gabriel LESSARD
Photos : D.R.
Qui aurait parié sur la marque
Seat au cours des années 80 ? Les Marbella, et autres pales
copies de Fiat n'avaient alors que leur tarif attrayant comme avantage
client. Mais la première génération d'Ibiza,
dessinée par Giugiaro et dont certains éléments
avaient été étudiés par Porsche, amorce
un changement brutal dans la stratégie produit. L'heure est
donc à l'expansion et au développement de nouveaux
produits. Ibiza, puis Toledo, constituent le plus gros de la gamme.
Sous la houlette de VAG, Seat dispose des synergies de groupe et
des nombreuses plates-formes et banques d'organe pour développer
de nouveaux produits. De plus, le visionnaire et néanmoins
mégalomane Ferdinand Piech décide de donner un positionnement
sportif pour la marque de Martorell. Seat doit concurrencer Alfa
Romeo, le message est clair. La deuxième génération
d'Ibiza avait donné naissance aux Cupra (pour Cup Racing)
avec des mécaniques enjouées et un look alléchant.
Les finitions sportives de la gamme Seat (Top Sport ou Cupra) représentent
jusqu'à plus de 25% de la production, confirmant ainsi le
bien-fondé de la stratégie de la marque. Présentée
et commercialisée depuis 2002, la dernière Ibiza,
troisième du nom, ne possédait pas encore de descendante
aux Cupra précédentes. Martorell, dans le cadre de
son lancement produit a bien entendu privilégié les
versions grand public et dévoile donc aujourd'hui les premières
photos des Cupra 180 ch et des FR 150 ch. C'est cette dernière
qu'il nous a été permis d'essayer.
CONCEPTION
Puisque la stratégie de gamme sportive appliquée à
la Leon s'est avéré efficace sur l'augmentation des
ventes, Martorell a développé la même politique
pour son Ibiza. Ainsi, le label FR pour " Formula Racing "
est exploité pour bien rappeler à tous que la FR est
une variante sportive. A la différence des modèles
Cupra étudiés et développés chez Seat
Sport, la FR a été conçue entièrement
à Martorell par les ingénieurs de l'usine. Extérieurement
le design plaisant et dynamique de la Seat Ibiza a été
juste accentué sans être révolutionné,
comme c'est le cas avec la Cupra à la bouche béante
et au kit carrosserie digne de Fast and Furious. Les boucliers avant
et arrière ont été légèrement
redessinés, la calandre reçoit une grille en nid d'abeille,
les optiques avant et arrière sont fumées et les jantes
alu sont en 16 pouces de diamètre. Petit détail qui
innove, les rétros sont peints de couleur titane. C'est la
high-tech touch ?
Pour que les dessous de la belle soient
à la hauteur de sa mécanique et de ses performances,
Martorell a revu les trains roulants. Les tarages de ressorts ont
été revus à la hausse (+25% à l'avant
et +10% à l'arrière) et la grosseur des barres stabilisatrices
a été augmentée de 5% pour diminuer le roulis.
Pour les freins, les ingénieurs ont monté des disques
ventilés à l'avant de 228 mm et de 232 mm à
l'arrière. Il faut bien cela pour ralentir une sportive qui
pèse déjà 1 154 kg. A quand des GTI vraiment
légères et des clients pour les acheter ?
AMBIANCE TITANE !
Difficile de se défaire de l'ambiance austère
des intérieurs du groupe VAG. Seat n'échappe pas à
la règle, même si, une fois n'est pas coutume, la Seat
Ibiza FR innove tout de même avec un revêtement titane
spécifique sur toute la planche de bord. L'effet est réussi,
car cela donne une véritable touche sportive à l'habitacle.
Le volant et le pommeau sont gainés de cuir, le titane s'est
étalé (tout au moins son coloris
) sur les habillages
de sièges et des contreforts des portes. Le combiné
d'instruments dispose de compteurs spécifiques à l'Ibiza
FR. Bonne nouvelle pour les amateurs d'équipements en série,
car l'Ibiza FR est particulièrement bien dotée de
série : ABS, répartiteur, Airbags " de partout
", vitres électriques, climatiseur, ordinateur de bord,
radio CD, peinture métal. Restent dans la page des options
du catalogue les phares au Xénon, le capteur de pluie et
le contrôle de stabilité. Tout cet équipement
se paie évidemment sur la balance comme nous l'avons mentionné
plus haut.
MOTEUR !
Rien de bien nouveau sous le soleil serait-on tenté
d'écrire. Les ingénieurs de Martorell ont puisé
dans l'immense banque d'organe du groupe VAG et ont jeté
leur dévolu sur le moteur 1,8 litres turbo de 150 ch qui
avait été inauguré sous le capot de la précédente
Audi A4 en 1995. Ce quatre cylindres turbocompressé a depuis
été mangé à toutes les sauces sur diverses
productions du groupe VAG. Ici, il demeure identique à la
version d'origine et développe ainsi 150 ch à 5 500
tr/mn et 220 Nm de couple dès 2 000 tr/mn. Il est accompagné
d'une boîte mécanique manuelle à 5 rapports.
A l'heure où la boîte 6 se généralise,
et que certaines boîtes auto offrent même 7 rapports,
il est dommage que Seat ait pris le parti d'un choix technique des
plus classiques.
SUR LA ROUTE
Pour nous, rédacteurs de L'Automobile Sportive, c'est
toujours excitant d'essayer et juger une nouvelle GTI. Pourquoi
? Simplement parce si nous succombons facilement au charme de bon
nombre de GT performantes et prestigieuses, les GTI représentent
finalement la première marche accessible au plus grand nombre
pour entrer dans le sport automobile. Cette accessibilité
à tous est pour nous importante pour ne pas marginaliser
les autos de sport. Extérieurement, seules les jantes et
les coquilles de rétros permettront à l'amateur averti
de reconnaître une FR d'une Ibiza standard. Bien installé
dans les sièges baquets, le compteur revêtu d'un traitement
titane permet de faire oublier les commodos issus du groupe VAG
et communs à toutes les marques. Au démarrage, le
quatre cylindres émet un bruit très sympathique qui
laisse présager un tempérament enjoué. Mais
rapidement, à la mesure que l'allure s'accélère,
le châssis encore trop souple se joint à l'absence
de sensations mécaniques. Nous sommes très loin des
vocalises du V6 de la Golf R32 ou de l'Audi TT V6 3.2 DSG. Le quatre
cylindre est trop progressif et linéaire pour donner de vraies
sensations. Coupleux dès les plus bas régime, ce "
quatt'pattes " offre pourtant de bonnes performances avec 29,1
secondes au kilomètre DA et 8,4 secondes au 0 à 100
km/h. Le châssis met en lumière un potentiel supérieur,
même si le choix d'un certain confort des suspensions peut
lui être reprochée en conduite sportive. Elle nous
a rappelé sur ce point les VW Golf IV GTI 1.8 T qui étaient
dotées du même moteur. Un peu à l'image de la
Mini Cooper, trop faiblement motorisée par rapport au potentiel
de son châssis, la Seat Ibiza FR donne un goût de trop
peu pour les sportifs fanatiques. Nous attendrons donc notre prise
de contact prochaine avec l'Ibiza Cupra et ses 180 ch pour rassasier
nos attentes très sportives. Cependant, il faut juger la
Seat Ibiza FR pour ce qu'elle est : une sportive agréable
à l'usage, efficace et facile pour les amateurs de sport
désireux de ne pas aller trop loin toutefois.
:: CONCLUSION
Un prix canon, des performances honnêtes et un look sympa
mais sans tomber dans les extrêmes, tel est le cocktail de
cette nouvelle Seat Ibiza FR. Son châssis efficace mais trop
typé confort met en lumière un potentiel encore inexploité
que doit confirmer la prochaine Ibiza Cupra et ses 180 ch. Et si
cette Ibiza FR était la vraie descendante de la Golf IV GTI
1.8 T qui possédait alors le même moteur ? Reste à
savoir si l'acheteur de cette Ibiza FR accepte que son voisin achète
une FR également mais avec un mazout sous le capot
CE QU'EN PENSENT NOS CONFRERES
:
"Dès le premier
tour de clef, le 1.8 T s'ébroue dans un son grave plutôt
plaisant. Hélas, cela ne dure pas : dès qu'il dépasse
2 000 tr/mn, sa tonalité devient de n'importe quel 4 cylindres.
Cela dit, ce moteur confère à l'Ibiza FR une grande
aisance sur la route. Très élastique, il se joue de
toutes les situations, assurant de confortables reprises grâce
à son couple élevé. Par contre, pour un véritable
tempérament sportif, il faudra attendre les versions Cupra.
Car la FR manque de caractère. Sur la route, son comportement
se caractérise plus par sa nonchalance que par sa vivacité,
aspect sans doute aggravé par l'inertie de la direction.
En s'effondrant au-delà de 5 500 tr/mn, le moteur est quant
à lui plutôt typé confort."
LE MONITEUR AUTOMOBILE - 12 février 2004.
"On en rêvait... Seat ne l'a
pas fait. La marque espagnole allume avec une GTI sensuelle, à
la fiche technique prometteuse et aux prétentions alléchantes,
mais n'offre en réalité qu'une citadine véloce,
certes, mais manquant cruellement de cohérence et dont le
seul prix attractif ne peut suffir à lui attirer les faveurs
des sportifs."
ECHAPPEMENT - Mars 2004. |