LE RETOUR
DU LION !
Après une traversée
du désert chez Peugeot sur les GT, et près de 15 ans
après les 504 coupés et cabriolets, Peugeot fait de
nouveau appel à Pininfarina pour étudier et dévoiler
le costume du coupé 406. Très rapidement, le coupé
406 va devenir un best seller dans son segment de marché.
Petit résumé sur ce modèle phare de Sochaux
Texte :
Nicolas LISZEWSKI
Photos : D.R.
Après une très longue carrière
de 14 années, les coupés et cabriolets 504, dont la
coupe étaient assurée par Pininfarina, cédèrent
leur place à
rien justement ! Le projet de 505 coupé
et cabriolet, pourtant très attirant stylistiquement parlant
n'avait pas été jugé rentable par les responsables
de Peugeot à l'époque empêtrés avec l'échec
de Peugeot aux USA, les difficultés financières, l'absorption
de Chrysler-Simca Europe. Et surtout, la future Peugeot 205, vitale
pour la survie du groupe PSA, mobilisait toutes les forces vives.
THE LION IS BACK
Bonne nouvelle ! Avec l'arrivée
de la berline 406 qui succède à la 405 en 1995, un
coupé est annoncé toujours griffé Pininfarina.
Dans la presse spécialisée française, la curiosité
et l'effervescence sont de mise et de nombreux dessins et clichés
pirates circulent sur les pages de papier glacé. En octobre
1996, c'est la présentation officielle du coupé 406
au Mondial de Paris. D'emblée, les visiteurs sont séduits
par l'élégance des lignes du coupé dessiné
par le maître carrossier italien. On y trouve même un
zeste de Ferrari 456 GT sur les vues de trois-quarts arrière.
Ne reprenant aucun élément de carrosserie commun avec
la berline, la planche de bord est malheureusement reprise à
l'identique. Pardon, les compteurs sont cerclés d'un jonc
chromé absent sur la berline. En revanche les sièges
sont spécifiques et une très belle sellerie cuir peut
être disponible en option. Côté partage avec
la berline, toute la plate-forme est commune pour réduire
les coûts, ainsi que les motorisations. Et comme souvent le
coupé est plus long que la berline. Les excellent trains
roulants de la berline, référence à sa sortie
dans son segment, et notamment l'essieu arrière multi-bras
qui donne toute la précision de conduite aux 406 sont intégralement
repris. Pour finir sur le look du coupé, on notera la particularité
des rétros extérieurs peints en gris anthracite. Pininfarina
s'explique sur ce choix singulier : vus de profil, les rétros
sont devenus presque invisibles avec les vitres teintées.
Pourquoi pas
MOTEURS : DE LA OUATE
Le choix du caractère
des motorisations de ces beaux coupés Sochaliens trouve sa
justification dans les études marketing. Toutes les études
de PSA dans ce domaine ont montré que les acheteurs potentiels
de cette voiture étaient plutôt d'âge mûr
et conduisaient jusqu'à présent des berlines haut
de gamme, et notamment des Safrane, et autres 605. Rien de surprenant
donc que dès le début de la vie du modèle soit
offert deux motorisations : un deux litres de 135 ch et un tout
nouveau V6 3 litres de 194 ch qui remplace au passage avantageusement
tant chez Renault que chez PSA l'antique PRV. Le deux litres confère
un caractère un peu mou au séduisant coupé,
et le V6, malgré toute sa puissance et ses 27,7 mkg de couple
procure plus d'onctuosité et de rondeurs que du sport et
des sensations. On est donc plus dans une stratégie GT que
coupé sport. Et si les sportifs que nous sommes, étions
alors un peu sur notre faim, l'objectif de Peugeot était
parfaitement rempli avec des carnets de commandes pleins à
craquer et des délais de livraisons s'allongeant. Toute la
presse loue alors le coupé 406, d'autant plus qu'il est proposé
à un prix très compétitif. Inutile de préciser
que ce modèle va faire oublier le cuisant échec de
la 605 et de son lancement raté et tirer l'image de Peugeot
vers le haut.
RESTYLAGE
Le succès du modèle
est tel, que Peugeot ne juge pas utile de modifier grand chose,
si ce n'est une légère augmentation des tarifs dès
l'année 1998. Les deux finitions standard ou Pack (avec presque
tout en série dont le cuir) demeurent inchangées et
les deux motorisations peuvent bénéficier en option
d'une boîte automatique à 4 rapports auto-adaptative
avec grille en escalier comme sur les Mercedes. En 1999, le 50 000ème
coupé 406 sort des chaînes d'assemblage de Pininfarina,
preuve du succès de ce modèle en Europe. En mai de
la même année, Peugeot change le 2 litres présent
sur le coupé. C'est désormais le 2 litres de 138 ch
des 206 S16 qui est monté. Le caractère de ce moteur
nettement plus rageur que son prédécesseur modifie
un peu le caractère du coupé 406 en 2 litres sans
pour autant le transformer en bête de course, car n'oublions
pas qu'il y a près de 1 400 kg à tirer. L'année
suivante, le V6 est légèrement optimisé dans
son rendement moteur et à cylindrée égale,
il développe désormais 210 ch au lieu des 194 initiaux
et le couple progresse pour se situer à 29,6 mkg dès
3 750 tr/mn au lieu de 27,7 à 4 000 auparavant. Les performances
s'en ressentent peu, mais c'est surtout l'onctuosité et la
souplesse d'utilisation qui y gagne. Autre élément
important avec ces deux nouveaux moteurs : la baisse sensible des
consommations jugées alors un peu élevée par
la presse et les utilisateurs.
UN DIESEL ?!
Fin 2000, les ventes du
coupé 406 s'essoufflent quelque peu. Il faut dire que la
concurrence est active et fourbit ses armes. Peugeot, reconnut pour
sa qualité de motoriste diesel, n'hésite pas à
franchir le pas, et dès 2001, le coupé 406 est livrable
en diesel avec le moteur 2.2 HDI de 136 ch qui équipe déjà
les berlines 406 et 607. Sacrilège !! Dernières évolutions
en date du coupé 406 : le deux litres quitte la scène
sauf en boîte auto, et le 2,2 litres de 160 ch équipant
déjà les berlines 406 a trouvé place sous le
capot. De même de nouvelles jantes alu 16" sont enfin
proposées, autrement plus convaincantes que celles montées
jusqu'à présent.
SUR LA ROUTE
Les Peugeot 406 Coupés
sont avant tout à considérer comme des GT et non des
autos sportives. Cela est dommage, car la ligne et le châssis
laissent espérer mieux, mais les mécaniques sont plus
typées confort et couple que rage et montée dans les
tours. Lors de la présentation des 406 Coupés en 1996,
nous avions espéré alors trouver là une vraie
alternative aux coupés BMW Série 3 E36. Las ! Les
moteurs ne chantent pas assez et manque de puissance. La version
deux litres est un peu à la peine, ce qu'a corrigé
la version 2,2 litres essence, tandis que la version V6 est à
nos yeux la seule réellement intéressante en raison
de son agrément, du son (trop !) feutré de son moteur
et de ses performances correctes. Toutefois les amateurs de sportives
pures et dures se tourneront plus vers des coupés BMW ou
les petites 206 RC que vers ces 406 Coupés qui sont de merveilleuses
machines au long court
ACHETER UNE PEUGEOT 406 COUPE
Si les modèles français
sont moins concernés par les fléaux déjà
évoqués dans de précédents dossiers
sur des hauts de gamme allemands, il est toutefois inconcevable
que des véhicules aussi récents que les 406 coupés
ne possèdent pas leurs carnets d'entretien, livret de bord
et les factures se rapportant à la vie dudit véhicule.
Sans ces documents fournis par le vendeur, partez sans remords tant
l'offre abonde sur le marché de l'occasion. Preuve du succès
du coupé 406, certains spécialistes d'autos hauts
de gamme se proposent de vous offrir un choix à des prix
très concurrentiels sur des 406 coupés d'occasion.
Toujours la même question. Pourquoi seraient-ils moins chers
qu'en France où l'offre est abondante. Restons en France,
vous n'achetez pas un véhicule produit à 100 exemplaires
dans le monde, sachant que la loi française est très
bien faite pour vous protéger et vous défendre en
France, mais c'est déjà moins vrai avec des pays tiers.
Surtout sur des véhicules âgés entre 6 mois
et 4 ans, les réseaux automobiles sont très intéressants
de leurs propositions de véhicules d'occasions. Une marque
comme Peugeot propose en plus de nombreuses garanties sur leurs
modèles et vous proposent même d'échanger votre
dernier achat si vous n'en êtes pas satisfaits. A priori,
c'est l'achat tranquille dans le réseau. Vous pouvez bénéficier
en outre de la vente d'anciens véhicules de démonstration
(dans le hall et/ou utilisés par les vendeurs et concessionnaires)
ou de retours de loueurs à des prix attractifs avec peu de
kilomètres et âgés de 6 mois. Les coupés
406 sont réputés fiables dans l'ensemble. Toutefois,
certains désagréments gênants sont apparus au
fil de leur utilisation. A noter pèle-mêle quelques
dysfonctionnements enregistrés sur le système d'abaissement
automatique des vitres à l'ouverture des portières,
des modules de gestion moteur à reprogrammer pour supprimer
certains à-coups, des parasites dans l'installation acoustique,
faux contacts sur le faisceau électrique moteur sur les premières
V6
Tous ces soucis doivent avoir été réglés
e, après-vente par des rappels techniques initiés
par Peugeot. Assurez-vous que cela a été fait. Plus
embêtant : les succès enregistrés commercialement
par Peugeot ces derniers temps ne leur permet plus de maîtriser
pleinement la qualité. Ainsi sur les derniers coupés
406 il n'est pas rare de voir des disques de freins voilés,
certaines durites qui lâchent
Normalement Peugeot rappelle
également les véhicules concernés sans sourciller.
Les coupés 406 sont souvent la propriété en
première main de personnes ayant entre 35 et 60 ans. Ces
véhicules ont donc été rarement soumis aux
lois du tuning et très souvent sont dans un état strictement
d'origine avec un entretien suivi. Evitez les 406 coupés
originaires de Paris "intra-muros" qui ont souvent subit
les affres de la circulation parisienne (pare-chocs abîmés,
peinture et bas de caisse détériorés, feux
cassés
). Comptez minimum 13 000 euros pour un coupé
2 litres et 18 000 euros pour un V6.
CHRONOLOGIE
1983 : Arrêt des 504 coupés et cabriolets.
Pas de remplaçants
Le projet 505 coupé &
cabriolet est abandonné.
1995 : Commercialisation de la berline 406.
1996 : Présentation du coupé 406 au salon de
Paris en octobre 1996. Il est proposé avec 2 motorisations
: un 2 litres 4 cylindres de 135 ch et un tout nouveau V6 3 litres
remplaçant l'antique PRV de 194 ch.
1997 : Commercialisation du coupé 406 en 2 litres
et V6 avec possibilité de boîte auto dans les deux
cas. 2 finitions : standard ou pack.
1999 : 50 000ème coupé 406 produit. En mai,
nouveau moteur 2 litres de 138 ch.
2000 : Amélioration du rendement du V6 de 3 litres
de cylindrée. Le moteur développe désormais
210 ch au lieu des 194 d'origine.
2001 : Présentation et commercialisation de la version
2.2 HDI développant 136 ch.
2002 : Présentation et commercialisation de la version
2.2 essence 160 ch en lieu et place de la 2 litres 137 ch. En revanche,
la version boîte auto subsiste avec le 2 litres.
2003 : Facelift de la gamme Peugeot 406 Coupé avec
intégration stylistique au reste de la gamme Peugeot, et
notamment de la future 407.
::
CONCLUSION
Voilà une auto qui nous réconcilie avec la production
française. Bien finie, très belle, avec des motorisations
puissantes, il ne manque plus à notre goût qu'une version
affûtée, une sorte de M3 à la française.
Il faut avouer que la participation de 406 coupés V6 en championnat
"Silhouette" ne fait qu'alimenter notre désir
CE QU'ILS
EN ONT PENSE :
"Rouler avec le coupé
406 V6 est un plaisir qui augmente avec la vitesse. Ce comportement,
qui autorise des placements ultra-rapides et d'une précision
étonnante, fait regretter un manque de vitalité mécanique.
Les qualités de ce moteur sont reconnues mais sa douceur
le fait trop passer inaperçu. L'habitabilité est correcte
pour la catégorie et le confort de bon niveau. Le freinage
pourrait progresser avec un ABS au déclenchement plus tardif."
SPORT AUTO - FEVRIER 1998.
"Le bloc
en alliage léger procure un gain de 21 kg. Il s'agit d'un
longue course qui ne semble apporter que 2 ch supplémentaires.
Dans les faits, les progrès se révèlent beaucoup
plus spectaculaires qu'il n'y paraît. Très à
l'aise sous le capot des 206 S16, ce (le 2 litres NDLR) 16 soupapes
reste ici disponible et alerte. Il n'éprouve pas de difficulté
à emmener les 1 400 kg de ce magnifique et confortable coupé,
qui offre 4 vraies places."
LE MONITEUR AUTOMOBILE - GUIDE D'ACHAT 2000/2001.
"Une
telle unanimité est exceptionnelle. Tous ceux qui ont eu
l'occasion de voir le coupé 406, aussi bien sur la moquette
d'un salon que sur la route, s'extasient sur sa beauté. Pas
la moindre note discordante. Lignes tendues, équilibre des
volumes, capot plongeant se terminant par une calandre fendue en
un rictus agressif, c'est le sans faute. Même les photographes
vous diront que cette voiture accroche superbement la lumière.
Bref pour paraphraser le grand Brassens, "Tout est bon chez
elle, y a rien à jeter"."
L'AUTO-JOURNAL - JUILLET 1996. |