306 XSI : LE JUSTE CHOIX ?
Comme en son temps avec la Peugeot 309 et ses GTI et GTI16,
le constructeur sochalien adopte la même stratégie
dans sa proposition haut de gamme sportif sur sa nouvelle 306. Les
purs et durs opteront pour la S16, et les autres se tourneront vers
la XSI dotée du même moteur que sa cousine la Citroën
ZX Volcane. La Peugeot 306 XSI, peut être l'offre la plus
homogène et cohérente dans la gamme 306
Texte :
Nicolas LISZEWSKI
Photos : D.R.
Avec la Peugeot 309, au physique quelconque
mais au tempérament affirmé sous les labels GTI et
GTI16, Peugeot avait démontré alors son savoir-faire
en matière de berlines compactes sportives. L'offre mixte
sur la Peugeot 309 ayant porté ses fruits commerciaux et
étant justifiée, Peugeot réitère sa
stratégie sur la nouvelle venue présentée en
1993. Sauf que désormais chez Peugeot, l'appellation "
GTI " est rangée au placard (snif !!) et les versions
sportives s'appellent XSI (comme sur la gamme 106 d'ailleurs) et
S16 sur la version phare des Peugeot 306.
DESIGN
Avec la nouvelle 306, Peugeot adopte une stratégie
commerciale inédite. Pour capter et ratisser au plus large,
en conservant l'esprit de la 205, sans l'enterrer définitivement,
Peugeot a donc l'idée d'une structure de gamme en Y pour
récupérer les clients 205 sans les décevoirs.
La 106 doit aller débusquer les propriétaires du modèle
mythique vers le bas de gamme et les petits gabarits (pour l'auto),
tandis que la 306 va essayer d'attirer les clients 205 haut de gamme.
Pari réussi ? Oui et non, car si au départ les résultats
se sont avérés positifs, il fallait tout de même
à Peugeot 2 modèles différents pour vendre
plus d'autos que Renault et sa Clio. Depuis, la 206 a remis les
pendules à l'heure...
Pour le design des 306, Peugeot n'a pas voulu retomber dans
les travers de la 309. Les designers ont donc eu pour consigne de
prendre le best-seller de la marque, la Peugeot 205, comme modèle,
en la réactualisant bien-entendu. La 306 ressemble donc à
une grosse 205, avec des feux avant plus étirés et
surtout des cotes extérieures plus conséquentes. L'ensemble
est très réussi, et le design de la Peugeot 306 est
l'un de ses points forts qui contribuera à son succès
commercial.
MOTEUR
Pour sa Peugeot 306 XSI, Peugeot n'a pas innové en reprenant
le moteur désormais célèbre qui a hanté
les capots de bons nombres de sportives du groupe PSA : le 2 litres
qui développe ici 123 ch. Sa cousine, la Citroën ZX
Volcane partage donc ce moteur avec la sochalienne, ainsi que la
transmission avec une boîte de vitesses à 5 rapports
manuels. Pour ses 306 XSI phase 2, Peugeot installe sous les capot
un nouveau 2 litres 16 soupapes qui développe désormais
135 ch. Mais, à la simple lecture de la feuille des caractéristiques
techniques, on s'aperçoit que si le couple est supérieur
à l'ancien moteur 8 soupapes, sa disponibilité est
plus pointue car située plus haute dans la plage d'utilisation.
Pas de changement pour la boîte qui reste manuelle à
5 rapports.
SUR LA ROUTE
Sur la route, les Peugeot 306 XSI 123 ch et 135 ch sont à
l'image des grandes surs S16. Sur les XSI 123 ch, le moteur
conserve les mêmes qualités que sur les 309 GTI et
205 GTI 1.9. Il est souple et élastique et reprend courageusement
à tous les régimes. La version 135 ch est moins agréable
et homogène à l'usage. La culasse à 16 soupapes
est passée par-là et le couple a notamment légèrement
progressé mais est plus haut perché. Il est donc moins
disponible en dessous de 4 000 tr/mn ce qui pénalise grandement
l'agrément de conduite en usage standard. C'est intéressant
de constater que ce qui était reproché à la
Peugeot 306 S16 150 ch (et a été corrigée sur
la 167 ch) est désormais en cause sur les XSI 135 ch, alors
même que les 123 ch n'étaient pas concernées.
En conclusion, il vaut mieux opter soit pour une XSI 123 ch, ou
alors une S16 167 ch. En revanche, ce qui ne change pas sur les
deux générations de XSI, c'est leur châssis
en béton qui offre à la fois une précision
de conduite et une sportivité pour celui qui sait jouer du
train arrière
EVOLUTION
Peugeot commercialise dès février 1993 sa gamme 306.
Initialement disponible en variante 5 portes, il faudra attendre
l'automne pour pouvoir toucher les premières Peugeot 306
3 portes. A noter, qu'au contraire de la Peugeot 306 S16, la 306
XSI est disponible en 3 ou 5 portes. Ce qui apparaîtrait comme
choquant aujourd'hui, ce sont les jantes toles avec enjoliveurs
montés en série sur la XSI. Pour profiter des belles
jantes en alu 15 pouces, il fallait alors penser à ressortir
son portefeuille ! Dès le millésime suivant, Peugeot
étoffe sa gamme 306 avec un cabriolet, et également
une berline 4 portes avec malle arrière. Heureusement, cette
dernière version n'est pas vendue en variante XSI, ni même
S16. Détails plus importants : le hayon reçoit enfin
une poignée (cela peut vous permettre d'identifier le bon
millésime d'une auto...) et le Lion sur la calandre gagne
en surface pour mieux s'affirmer. Après avoir sorti ses griffes
durant des années, il bombe désormais le torse...
Comme souvent, plus le modèle vieilli, plus la concurrence
est active et le constructeur doit réagir. La première
réaction de Peugeot est d'enrichir l'équipement de
série sur toutes les 306, et notamment sur la XSI avec entre
autre l'Airbag conducteur enfin de série. La deuxième
réaction de Peugeot pour redonner un coup de fouet à
ses ventes de 306 intervient en 1997 avec un facelift complet sur
tout l'extérieure de l'auto. Ainsi, la face avant est revue
avec des phares englobants les clignotants, la calandre est épurée,
et les feux arrière sont également modifiés.
L'habitacle ne subit pas de grands changements mais constate la
qualité des matériaux employés progresser,
ce qui n'était pas du luxe. Sous le capot de la Peugeot 306
XSI, le deux litres bien connu se coiffe d'une nouvelle culasse
à 16 soupapes. Les performances progressent, mais l'agrément
de conduite est dégradé par la physionomie plus pointue
du berlingot. En cette fin de décennie, les GTI ne sont décidémment
pas les plus en vues, et Peugeot supprime la XSI de son catalogue,
qui se prénomme désormais XS, dans un souci évident
d'harmoniser ses appellations. Jusqu'en 2001, c'est plus la XS HDI
qui retiendra l'attention des acheteurs (soupirs...), et la 307
se chargera de pousser les 306 au panthéon des automobiles
disparues. Pour cette dernière nouveauté Peugeot ressort
de ses dossiers l'appellation... XSI !
ACHETER UNE PEUGEOT 306 XSI
Comme toujours, les sportives ne souffrent pas l'à-peu-près
en terme d'entretien. Toutefois, bonne nouvelle, les 306 sportives
sont fiables. C'est davantage la finition intérieure qui
peut vous lâcher. Alors obtenir le carnet d'entretien serait
une bonne chose, mais un bon dossier de factures et un sondage auprès
du vendeur peuvent suffire. Attention toutefois à vérifier
les remplacements de distribution et de joint de culasse. En l'absence
de réels spécialistes reconnus ou désignés
pour les Peugeot 306 XSI en occasion (elles ont désormais
déserté le réseau Peugeot), il vous faut vous
tourner vers la jungle des petites annonces. Et là, prudence
Comptez à partir de 5 200 euros pour les premières
XSI de 123 ch, et 6 500 euros pour les XSI de 135 ch. Les Peugeot
306 XSI sont des sportives réellement agréables à
l'usage. Très fiables au quotidien, elles ne devraient pas
vous laisser sur le bord de la route. Pensez à la distribution
(on l'a dit plus haut), indispensable sur des sportives, et vérifiez
le joint de culasse. N'hésitez pas à prendre rendez-vous
chez votre réparateur agréé Peugeot le plus
proche dans le cas des dernières 306 XSI, pour vérifier
s'il n'y a pas de campagnes techniques (modifications après
les chaînes de montage) à effectuer. Ne lésinez
pas sur la qualité des pneumatiques montés et sur
l'efficacité des amortisseurs pour conserver l'équilibre
exceptionnel des Peugeot 306 XSI. Si le temps des Peugeot rouillant
comme de la dentelle est désormais lointain, il n'est pas
rare de constater des peintures qui craquellent sur les boucliers
avant et arrière. De même, certaines Peugeot 306 avec
peinture non métallisée ayant toujours couchées
dehors peuvent se ternir. Un bon coup de polish et le tour sera
joué. L'autre avantage des Peugeot 306 XSI est que le coût
d'entretien est raisonnable (environ 200 euros minimum par révision)
et les points après-vente Peugeot sont partout sur le territoire.
Le plus gros challenge pour vous sera d'en trouver une en bon état
et entretenue.
CHRONOLOGIE
1993 : Le 18 février, commercialisation des Peugeot
306 5 portes. A l'automne, commercialisation des 3 portes et des
versions S16 de 150 ch.
1994 : A l'automne, commercialisation des berlines 4 portes
et des cabriolets dessinés par Pininfarina. Nouvelles calandres
avec un lion qui gagne en surface. Le hayon reçoit enfin
une poignée.
1995 : Equipement enrichi sur les Peugeot 306 XSI avec notamment
l'Airbag conducteur de série (enfin !). Hard-top disponible
en fin d'année pour les cabriolets en option.
1997 : En avril, la gamme 306 est redessinée notamment
au niveau des boucliers et de la face, avec des feux encore plus
en amande, monoblocs et englobant les clignotants. La Peugeot 306
XSI reçoit une culasse à 16 soupapes (contre 8 auparavant)
et développe désormais 135 ch.
1999 : La XSI n'est plus au catalogue et s'appelle désormais
XS pour s'unifier avec le reste de la gamme Peugeot.
2001 : La 307 arrive et pousse la 306 vers la sortie de chaîne.
Les 306 sportives n'existent plus, c'est la 307 XSI qui prend le
relais.
:: CONCLUSION
A l'inverse des versions S16 qui se sont bonifiées avec le
temps, les Peugeot 306 XSI sont devenues plus pointues et moins
disponibles à la conduite. C'est dommage, car les phases
2 sont plus actuelles de design (même si les différences
sont minimes) et la qualité des matériaux de la planche
de bord est en réel progrès. Toutefois, en 123 ch
et en 135 ch, les Peugeot 306 XSI demeurent finalement plus homogènes
au quotidien que leurs grandes surs S16, et surtout le budget,
tant à l'achat, qu'à l'entretien est plus accessible.
Alors à vos chéquiers...
CE QU'ILS
EN ONT PENSE :
"Avec des pneus larges,
on peut goûter pleinement à l'efficacité du
châssis. Quel rigueur ! Le train avant se montre incisif et
précis à la fois, et l'arrière semble comme
collé au sol. Par rapport aux versions plus faiblement motorisées,
il faut noter un durcissement des suspensions, mais le confort général
n'est pas affecté. Le freinage se montre performant et endurant
(l'ABS rest malheureusement en option à 5600 F). La présentation
est également spécifique à ce modèle
d'allure sportive. Il est toutefois dommage que l'on ne dispose
que de simples enjoliveurs de roues."
AUTO PLUS - HS 400 ESSAIS 1996 - Peugeot 306 XSi 123 ch.
"Son
moteur est un modeste 8 soupapes simple arbre, tandis que son équipement,
simplifié, croit bon de se dispenser des jantes alu. Cela
lui permet d'être affiché à un prix plus attrayant
que celui de la S16, san sbeaucoup démériter sur le
plan mécanique. Car autant le 2 litres déçoit
plutôt avec 16 soupapes, autant il remplit son contrat lorsqu'il
est coiffé de sa culasse "traditionnelle". Surtout
lors des reprises. En vitesse de pointe et, dans une moindre mesure,
en accélération, la XSi se fait distancer. Mais au
bout du compte, elle répond davantage à ce que l'on
attend d'elle."
LE MONITEUR AUTOMOBILE - HS 1996 - Peugeot 306 XSi 123 ch. |