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© L'AUTOMOBILE SPORTIVE (03/03/2021)

Entretenir sa voiture : prendre soin de la mécanique

Certes les automobiles modernes sont sans cesse plus fiables et la fréquence des révisions s'est considérablement allongée. Néanmoins, le jour où nous n'aurons plus à soulever le capot est encore loin. Pour maintenir sa voiture en pleine forme, il est aussi nécessaire de respecter quelques règles élémentaires qui vont au-delà des simples révisions à l'atelier...

Texte : Sébastien DUPUIS
Photos : D.R.

Bien qu'il existe plusieurs façons d'assurer le bon entretien d'une automobile et donc sa longévité, en matière de fiabilité un vieux proverbe que l'on attribue à Racine a largement fait ses preuves : "Qui veut voyager loin ménage sa monture". Voici donc quelques conseils pour bien prendre soin de votre mécanique.

CHAUFFER / REFROIDIR

Évidemment, quand on a l'habitude de partir à la dernière minute le matin, il est bien difficile de respecter la première règle de base dont dépend pourtant en grande partie la longévité d'une mécanique : laisser le temps de chauffer au moteur ! Et oui, malgré tous les progrès accomplis en matière de lubrifiants, le départ à froid reste le principal facteur d'usure d'un moteur. Et oubliez les idées reçues, un moteur qui chauffe au point mort n'a pas grand intérêt, hormis pendant quelques secondes. En effet, les organes périphériques et notamment la transmission ne peuvent monter aussi en température. Par conséquent, l'idéal est de commencer à rouler tranquillement (moins de 3000 tr/mn) pendant une bonne dizaine de minutes, après quoi l'ensemble de la mécanique a eu le temps de se mettre en température.

A l'inverse, pour éviter la surchauffe, vous veillerez à remplacer votre liquide de refroidissement tous les 4-5 ans avec une purge complète du circuit. Même si les blocs en aluminium et les pièces plastiques ont permis d'éviter la corrosion dans le circuit, un liquide neuf présente généralement de meilleures capacités de refroidissement et/ou antigel.

Si votre moteur est turbocompressé, il est préférable de laisser la turbine se ralentir d'elle-même et refroidir pendant quelques secondes après une forte sollicitation. Et surtout de ne pas donner un coup de gaz dans le vide avant de couper le contact, très mauvaise habitude qu'ont pris certains automobilistes à une époque ! Même si les moteurs turbo modernes disposent d'un turbo-timer qui permet de continuer à lubrifier le turbo après l'arrêt du moteur, ce n'est pas toujours le cas donc prudence. Lorsque la pompe à huile cesse d'alimenter le turbo, celui-ci termine sa rotation à plusieurs dizaines de milliers de tours/minute sans lubrification de son arbre...

LA BONNE HUILE

On ne plaisante donc pas avec la lubrification d'une pièce mécanique dont l'usure est directement liée aux frottements auxquels elle est soumise. Une Ferrari des années 50 réclamait une vidange tous les 1000 km, aujourd'hui, grâce à la qualité des matériaux et aux progrès réalisés sur les lubrifiants, des changements d'huile tous les 25 ou 30 000 km (huiles dites Long life) sont devenus très courants. Mais attention tout de même, tout bon garage en charge de l'entretien de votre véhicule vous le dira : c'est au maximum 2 ans entre chaque changement d'huile pour qu'elle conserve des propriétés optimales. Lorsqu'on s'intéresse à un achat de véhicule d'occasion, il vaudra mieux redoubler de vigilance sur les espacements de révisions notamment sur des véhicules qui roulent peu et notamment lorsque l'utilisation ne se fait pas sur long trajet.

La première règle est en effet, en fonction de vos types de trajets, d'utiliser l'huile la mieux appropriée. Notez que la mention ACEA A indique que l'huile est destinée à un moteur à essence et respecte la réglementation européenne. Le numéro qui suit indique la qualité, le 3 étant le mieux adapté aux moteurs performants à haut rendement. Les indices caractérisant les huiles sont à interpréter ainsi : Pour une huile 5W40 par exemple, le 5 indique le niveau de viscosité à froid. S'il est proche ou égal à 0, meilleure est l'efficacité de l'huile au démarrage du moteur. Si vous faites principalement de la ville, l'utilisation d'une telle huile vous permettra de moins user le moteur et de moins consommer (car moins de frottements). Le deuxième indice (ici le 40) indique la fluidité de l'huile à chaud. Plus il est élevé, meilleure est la fluidité. Là encore, tout dépend de la façon dont vous sollicitez le moteur.

Enfin, concernant les voitures anciennes, le choix de l'huile est plus ambigu. En effet, on pourrait être tenté d'utiliser une huile de synthèse plus performante que celle, minérale ou non, prévue à l'époque. Toutefois, il peut y avoir deux contre-indications à cela. Tout d'abord, une huile très fluide dans un moteur usé et qui a tendance à chauffer risque de s'évaporer plus rapidement, entraînant un niveau critiquement bas et préjudiciable. De plus, ces huiles étant chargées en additifs de toutes sortes peuvent se montrer corrosives pour des pièces anciennes. D'une manière générale, il est inutile d'utiliser une huile trop fluide pour un moteur âgé de plus de 5 ans. Le mieux est donc de s'en tenir aux recommandations d'époque avec éventuellement un léger mieux pour la viscosité à froid.

C'EST DANS LA BOITE

Remplacer l'embrayage est une opération généralement lourde et coûteuse sur les voitures de sport mais elle peut facilement être retardée en prenant quelques bonnes habitudes. Au feu rouge par exemple, beaucoup de conducteurs ont la fâcheuse tendance à passer la première et maintenir la pédale d'embrayage enfoncée pour être prêt à décoller dès le passage au vert, façon spéciale de rallye. Le pire étant en plus de rester "en prise" (patinage des disques) pour maintenir la voiture lors des démarrages en côte pour éviter d'utiliser le frein à main. Alors plutôt que d'essayer de gagner une demi seconde à chaque carrefour, soulagez la butée d'embrayage en restant au point mort, elle vous le rendra. Quelques personnes ont aussi tendance, sans forcément s'en apercevoir, à utiliser la pédale d'embrayage comme repose-pied. Très mauvais ! Même si l'enfoncement de la pédale est minime, sans vous en rendre compte vous fatiguez le mécanisme inutilement.

Enfin, au risque de perdre encore quelques dixièmes de seconde en roulant sur route ouverte, efforcez-vous de bien décomposer vos changements de rapports. Débrayez bien à fond (attention aux surtapis qui peuvent vous empêcher d'aller au bout du mouvement) et évitez de passer vos rapports "à la volée" en dehors d'un circuit où cela s'avère éventuellement utile. D'une manière générale, les synchros de boîte des voitures de série apprécient modérément d'être brutalisés. La pratique du double débrayage au freinage est certes une pratique d'un autre temps à l'heure des boîtes double-embrayage mais avec une boîte manuelle elle permet de préparer la pignonerie au régime du moteur et de ce fait, éviter les à-coups voire le blocage de roue qui peut causer de gros dégâts. Autre conseil pour votre boîte, évitez de vous stationner avec une vitesse engagée en guise de frein à main. A moins d'être sur une pente vraiment raide, ce dernier devrait se montrer suffisant ! Si ce n'est pas le cas, faites-le vérifier rapidement !

LE CHASSIS, AUSSI

Grâce aux directions assistées, les créneaux les plus serrés deviennent facilement réalisables sans effort, même avec une monte pneumatique importante. On n'hésite plus à braquer le volant au maximum pour éviter plusieurs manœuvres. Il faut cependant éviter de forcer en butée, la pompe d'assistance étant alors obligée de fonctionner à plein débit cela accentue son usure. C'est une évidence mais pour prolonger la durée de vie de vos pneus, évitez les patinages et autres dérapages. Les "burns out" n'ont qu'un moment de drôle mais ils soumettent la chaîne de traction à très rude épreuve. Gardez à l'esprit qu'un pneu qui surchauffe est un pneu qui s'use beaucoup plus vite qu'il le devrait. Même sur circuit, évitez les séries trop longues et pensez à laisser refroidir avant l'arrêt. Le moteur, mais aussi les pneus et les freins (on évitera ainsi aux disques de se voiler) apprécieront et leur longévité en sera accrue.

Enfin, sur route, évitez de solliciter inutilement les freins lorsque le frein moteur peut être utilisé. On a vite tendance à oublier qu'il est aussi efficace de relâcher l'accélérateur ou de rétrograder d'un rapport en anticipant un freinage, plutôt que de freiner brutalement au dernier moment. Sans aller jusqu'à pratiquer une "éco-conduite" aussi frustrante que dissuasive, une conduite rapide mais souple peut permettre de réduire jusqu'à 50% l'usure des consommables ! Certains pilotes comme Jim Clark avaient cette réputation de beaucoup moins user leurs pneus et leurs freins, tout en étant plus rapides que d'autres...

Rouler en sportive représente généralement un budget plus important que pour un véhicule standard. Non pas qu'elles soient moins fiables, bien au contraire, mais parce que leur utilisation, plus intense, se conjugue au prix des pièces et consommables plus élevés. En adoptant une conduite respectueuse de la mécanique, vous pourrez donc facilement prolonger la durée de vie des principaux organes et réduire la fréquence des factures... pas le plaisir de conduire !

> voir aussi notre dossier entretien "nettoyage, bien laver sa voiture"

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