CARACTERISTIQUES TECHNIQUES VW GOLF GTI 1600
PRIX NEUF (1976): 32.260 FF
PUISSANCE FISCALE: 8 CV
Moteur: 4 cylindres en ligne, 8 soupapes
Alimentation: Injection Bosch K-Jetronic
Cylindrée en cm3: 1588
Alésage x course (mm) : 79,5 x 80
Puissance ch DIN à tr/mn: 110 à 6100
Couple maxi en Nm à tr/mn: 137 à 5000
Poids constructeur en kg: 810
Rapport poids/puissance en kg/ch DIN : 7,3
Pneumatiques: 175/70 R13
PERFORMANCES
Vitesse maxi en km/h: 185
1000 m DA: 31"5
0 à 100 km/h: 9"5
CARACTERISTIQUES TECHNIQUES PEUGEOT 205 GTI 1.6 115 ch
PRIX NEUF (1989): 89 000 FF
PUISSANCE FISCALE: 8 CV
Moteur: 4 cyl. en ligne
Alimentation: injection Bosch LE-Jetronic
Cylindrée (alésage x course): 1580 cm3
Alésage x course (mm): 83 x 73

Puissance (ch DIN à tr/mn):115 à 6250
Couple (Nm à tr/mn): 134 à 4000
Poids constructeur: 850 Kg
Pneumatiques: 185/60 HR 14
PERFORMANCES
Rapport poids/puissance (Kg/ch) : 7,4
Vitesse maxi (Km/H): 196
1000m D.A: 30"4
0 à 100 Km/h : 9"1

REPORTAGE : VW GOLF GTI vs PEUGEOT 205 GTI

D'UNE GTI A L'AUTRE...
Cela aurait pu être un match aux points, chrono en main, déjà fait et refait maintes fois. Aussi, il nous semblait plus sympa d'aborder cette rencontre entre ces deux icônes des années GTI sous la forme d'un match amical, sous le temps des souvenirs nostalgiques d'une autre époque…

Texte & photos : Sébastien DUPUIS

Bien que portant le même label, la même cylindrée, une puissance et un poids très similaires, nos deux GTI - une Golf 1.6 de 1980 et une 205 1.6 de 1990 - sont en réalité des voitures aux différences bien marquées. Tout d'abord, parce que 10 ans les séparent et ce n'est pas rien en matière d'automobile. Une génération d'écart entre la Golf 1 et la 205. 10 ans, c'est autant qu'entre cette 205 de 1990 et une Clio 2 1.6 16v de 2000 (pour prendre un autre exemple doté d'un 1.6 110 ch...), soit même deux générations d'écart dans ce cas. On passe donc successivement d'une époque où 110 ch faisaient une reine de la route, apte à faire trembler les petits coupés sportifs aux blasons parfois prestigieux, à 115 ch qui en 1990 ne font déjà plus trembler grand monde avouons-le. Entre temps, la course à l'armement a sévi et la "grosse" 205 GTI affiche fièrement 130 chevaux, bientôt oubliés face aux 140 ch de la Clio 16s puis aux 150 ch de la Williams Que dire alors des 110ch d'une Clio 2 16v face aux 172 de sa bouillante soeur RS ? Tout juste de quoi en faire une citadine dynamique. Alors enfin, 1.6 110 ch aujourd'hui ? Dans une "citadine" comme la Clio 3, ça donne simplement ... un énorme veau ! Mais revenons à nos deux GTI, les vraies, les originaux, les seules capables de porter fièrement un blason désormais corrompu et abusé par le diktat du marketing. Pour autant, eu égard à leur différence d'âge, on aurait pu qualifier la 205 de plagiat face à la Golf, osant copier LE concept jusqu'à la lettre près. On aurait pu oui, sauf qu'au passage VW avait choisi de s'engager dans une voie qui donnait toute sa pertinence à la 205 GTI ; la Golf 2 GTI...

C'ETAIT UN RENDEZ-VOUS
Il est un peu plus de midi lorsque je reçois un texto d'Eric : "shooting cet aprem ?" La question m'emplit de bonheur, j'ai tellement hâte de sortir la GTI et de lui faire rencontrer son homologue. Cela fait 5 jours que j'ai récupéré ma merguez après son opération du train arrière mais déjà le trajet du retour m'a laissé un goût de "reviens-y" particulièrement tenace au fond de la bouche. Je m'empresse de répondre positivement à la proposition et nous voilà réunis 2 heures plus tard. Pressé de sortir comme un gamin qui vient d'avoir son premier vélo, j'arrive pile à l'heure du rendez-vous. La sochalienne attend patiemment son maître à penser de germanie lorsqu'apparaît la silhouette si familière et mythique de la Golf GTI, LA Golf GTI. "t'es monté tuning !" me lance Eric en voyant ma lionne écrasée sur son nouvel arrière train. Il est vrai que ce train d'occaz a été décranté, ce fut d'ailleurs ma première hantise en retrouvant ma belle. Mais qu'importe, la transmutation est telle qu'il ne vient pas spontanément l'envie de la remettre perchée à sa hauteur initiale, mais cela sera fait dès que possible. Non, la vraie motivation est d'aller poser sur pellicule numérique nos deux compères, le maître et son disciple discipliné qui va suivre fièrement la belle blanche à travers la campagne pour une séance photo tant attendue. Contact, les deux seize-cent s'ébrouent consécutivement dans le ronflement peu maîtrisé de leurs échappements aux tolérances sonores d'époque. Quel contraste avec le quasi silence saisissant du ralenti de certains monstres de puissance actuels ! Deux fois 110 chevaux, ou ce qu'il en reste, et on se croirait au départ d'une spéciale de rallye ! Ca vibre, ça ratatouille, ça pétarade, ça sent l'huile et l'essence mal brûlée dans les cylindres vieillissant mais quel bonheur ! Je peux le dire, il m'arrive souvent de conduire des sportives actuelles bien plus puissantes qui ne suscitent pas en moi la moindre émotion malgré leur débauche technologique, mais voir ces deux là ensemble prêtes à tailler le ruban noir me plonge dans une nostalgie émotive sans pareil. Y'a pas à dire, les deux GTI qui se suivent ça en jette un max. D'ailleurs, les passants et automobilistes croisés ne sont pas rares à se retourner au passage de ces deux là, ce qui est plutôt inattendu. A vrai dire, jamais je n'aurais imaginé qu'une vieille 205 à la peinture défraîchie puisse susciter encore autant de sympathie dans notre environnement monospacisé, écolo-isé, aseptisé. Ouais, ça pollue à mort, mais on dirait qu'étrangement ça ne dérange personne. Une sorte de petit miracle...

SEQUENCE NOSTALGIE
Moi je suis né la même année que la Golf GTI, forcément ça marque ce genre de chose. GTiste un jour, GTIste toujours. Déjà à l'école primaire je l'avais en Majorette cette Golf là et je l'emmenais avec moi dans le cartable pour jouer avec à la récré. Et ouais, dit comme ça, ça fait un peu con mais j'y peux rien, c'est la vérité toute nue. A mes 14 ans, ma 205 sortait des chaînes à Sochaux et mes rêves de futur jeune conducteur étaient justement tapissés de supercinq GT turbo et de 205 GTI, unlit'neuf tant qu'à faire, parce que c'était elle la plus balaise. 'tain encore 4 ans à tirer pour le passer ce permis, mais déjà je commençais à accumuler les magazines et les "comparatifs", persuadé qu'un dixième de seconde au mille ou 5 km/h de plus en vmax faisaient la différence ! Bien sûr comme tout le monde, je m'extasiais devant une Ferrari Testarossa ou une F40, une Porsche 959 ou encore une Lamborghini Diablo qui venait elle aussi de sortir mais, dans ma famille personne ne roulait avec ce genre d'objet et la GTI était de fait le seul grâal sportif qui me semblait accessible. Même une AX Sport ou GT aurait d'ailleurs fait mon plaisir de jeune permis. C'est dire à quel point la Golf GTI et la 205 GTI sont des icônes de ma jeunesse et de toute une génération, même si très objectivement, le culte voué à ces deux tas de ferraille et de plastique peut dépasser l'entendement pour certaines personnes. Car pour être honnête et réaliste, leur niveau de performance ne fait plus rêver aujourd'hui. Le premier turbofioul de sortie t'inflige une humiliation en règle au petit jeu des reprises, et même souvent des accélérations. Bon, alors c'est quoi le truc ? Simplement de la nostalgie puérile ? Une question de principe ? Une mauvaise foi caractérisée ou un esprit rétrograde et obtu ? Non, rien de tout ça je pense... ou alors, un peu de tout ça justement. Va savoir...

EN ROUTE !
Nous partons donc à travers la campagne à la recherche d'un spot, à la faveur d'une météo favorable. Exercice délicat que celui de la photo "de groupe" pour un habitué de la pose en solo. Florent qui accompagne Eric dans la Golf fait office de copilote pour nous embringuer sur les portions les plus sinueuses du coin, ce qui n'est pas un mince exploit quand le dit coin s'appelle la "plaine" de Caen. C'est pourtant avec un plaisir intense que nous enfilons les quelques kilomètres qui nous séparent du château de Fontaine Henri, lieu que nous avons choisi pour nos premiers essais photos. En roulant à la vitesse légale, la boite courte de la 205 me donne l'illusion d'aller beaucoup plus vite que ce que le tachymètre indique. Le piège d'une conduite à l'oreille devient paradoxalement le meilleur ami du permis. Difficile en effet de se laisser emmener à 150 sur nationale à l'insu de son plein gré avec un moulin qui mouline autant ! Encore une fois, les défauts d'antan peuvent se révéler être des qualités aujourd'hui. Quoiqu'il en soit, difficile aussi de se laisser griser par la vitesse lorsqu'on est monté fin sur des roulettes en 185 de large avec un arrière train qui répond présent pour jouer au moindre levé de pied en courbe. Car cette Peugeot d'un autre temps exige une conduite responsable et appliquée, un engagement qui oblige à quitter ses réflexes et automatismes de con-ducteur qui se sentirait presque immunisé de l'accident par la grâce des puces et des airbags de nos automobiles modernes. D'autant plus que les freins flambants neufs de mon vestige roulant ont autant de mordant qu'un chiwawa... très âgé.

SOUS LES FLASHS
Nous arrivons donc au lieu dit, dans le souffle des ventilateurs. Ben ouais, ça chauffe les vieux parpaings. Pi ça pisse aussi, car j'ai le bocal fêlé. Enfin pas moi (quoique...) mais ma lionne accuse une légère incontinence. Le décor est posé, il n'a pas bougé depuis des lustres d'ailleurs. Beau château mais totalement hermétique à l'effet GTI. La grille du parc est fermée. Dommage, il faudra composer avec un parking ombragé et le monument flouté en arrière-plan. Les figurantes aussi sont prêtes, alors action. Nous essayons donc tant bien que mal de positionner les deux camarades pour la photo de classe. La classe, ouais elles l'ont, assurément. C'est beau quand même, non ? L'espace d'un moment, j'oublie le vernis qui pèle et me laisse sombrer dans une contemplation quasi religieuse. Encore une fois, une Veyron à 3 milliards de dollars de chez Mansory n'aurait pas suscité en moi plus d'émotion. Pour autant, la partie n'est pas gagnée car même le capteur de l'appareil photo s'avère troublé par le contraste éblouissant du blanc et du noir. En fait, le capteur ne capte pas grand chose à la poésie de l'instant; il en chie, tout simplement. Aussi, nous décidons après avoir tourné autour du pot quelques minutes de partir en quête d'un nouveau spot, sans but ni direction précise, avec en toile de fond le prétexte de s'assurer encore quelques kilomètres de pur plaisir. Car le meilleur reste à venir... Nous repartons donc, toujours par les routes blanches de la carte Michelin et à travers les couleurs éclatantes des champs de Colza je suis la Golf et ses vapeurs d'huile. Au bout de quelques kilomètres nous passons par hasard à l'entrée d'un chemin bordé d'arbres qui nous semble propice à un deuxième arrêt. 400m de terrain chaotique et poussiéreux plus bas, nous posons les deux GTI pour figer, entre autres, l'image qui ouvre cet article. La température de cette fin de printemps est déjà élevée et les vieilles mécaniques font savoir leur refroidissement délicat dans un duo de ventilateurs incessant. On ne s'attarde pas en manoeuvres, l'heure d'aller trouver une terrasse de café pour improviser un debriefing est venue et nous décidons de repartir vers la cote.

L'ECHANGE
C'est alors qu'Eric me tend les clés de la Golf. Le moment est saisissant ! Sans hésiter, j'accepte l'invitation, cela fait tellement longtemps que je l'admire de l'extérieur ou du siège passager que la curiosité de découvrir madame Golf GTI dans son intimité n'en est que plus excitante. M'installer derrière son volant après toutes ces années d'admiration passive, la faire vibrer et vrombir dans la campagne, voilà un programme enthousiasmant n'est-ce pas ? Et c'est parti, je pose délicatement ma main sur la poignée de porte. Aussitôt, un souvenir m'explose en tête : diable oui, mais je reconnais le même fermoir métallique dur et froid que sur la Porsche 944 ! Les liens entre les deux marques ne remontent pas à hier et certaines similitudes sont à ce point toujours furieusement d'actualité. Bref, je pose mon postérieur sur la sellerie "arc en ciel", seule touche de couleur de cet habitacle au style parfaitement germanique. Ah si, il y a aussi la tôle apparente qui remet un peu de couleur dans cet ensemble dramatiquement noir. Le contact avec le siège est ferme, et malgré ses 250.000 km on est loin du canapé mollasson qui tente vaguement de maintenir dans la 205... Contact, vraaAAAM ! Le petit 1600 démarre au quart de tour et s'exprime pleinement à travers son échappement d'origine peu discret. Dans le même temps, la caisse toute entière se met à vibrer de concert au gré des pulsations cardiaques du berlingot. Pour des sensations, ça c'est du direct ! On se croirait vraiment dans une voiture de course, dépourvue de tout silentbloc ! Et n'allez pas croire que ce soit lié à l'âge, c'est une caractéristique propre à la Golf GTI : ses supports moteurs sont très rigides. Paradoxalement, le moteur se montre quant à lui bien plus civilisé que le 1600 que je viens d'échanger. Le ralenti se cale sur 1000 tr/mn et n'en démord pas. Rien à voir avec les hésitations permanentes du bloc sochalien qui oscille allègrement entre 1000 et 1500 tours ! Tentons d'avancer maintenant... L'embrayage est d'une dureté là aussi surprenante, on revient sur des standards qui n'ont plus rien en commun avec la production actuelle, Lamborghini Murciélago excepté peut-être. Plus étonnant, l'accélérateur est tout aussi dur. Virile la germaine ! Dans ces conditions, pas facile de quitter l'arrêt sans heurt. Mon passager se montre tolérant mais entre les vibrations de la caisse et les à-coups de la conduite, c'est ce qu'on appelle vivre la route... Les premiers kilomètres de route sinueuse me permettent de découvrir tranquillement toutes les commandes. Dure elle aussi, la boîte est impeccable dans son guidage même si avec l'âge la synchro affiche quelques signes de fatigue bien compréhensibles. Là encore, la différence avec la 205 est sans équivoque. A l'inverse, la direction - non assistée - impose de revoir rapidement ses repères comparé à la 205. La démultiplication est bien plus importante et la première chicane un peu rapide m'en fait prendre conscience délicatement. Ne pas hésiter à bouger les bras ! L'autre constat est que la fermeté des amortisseurs est inversement proportionnelle à celle des sièges et des commandes. Je redécouvre le sens du mot roulis et pas qu'un peu. Il faut dire aussi que les roulettes en 13" chaussées de flancs hauts et les freins plutôt "souples" eux aussi n'arrangent pas les choses évidemment et tout ceci nous aide à mesurer la décennie qui sépare la première Golf GTI de la première 205 GTI. Petit coup de chaud après ce virage un peu sportif et ma main cherche désespérément une commande de lève-vitre électrique. Mais non, il faut remettre la musculature à l'ouvrage pour actionner la manivelle et tenter de faire descendre la vitre sans qu'elle reste bloquée dans la porte. Là on peut se dire que cela fait partie d'une longue tradition chez Volkswagen ! Puis finalement je décide de profiter d'un petit bout de ligne droite pour pousser un peu les rapports. Très souple et docile à bas régime, le 1600 VW prend ses tours avec une linéarité complète. On ne se risque pas à aborder la zone rouge, par respect pour son propriétaire, mais il semble que le 1600 Peugeot soit malgré tout un peu plus vif dans le haut du compte-tours, aidé par sa boite tirant plus court. Qu'importe, de toute façon les comparatifs de performances sont depuis longtemps sans intérêt avec ces deux là et le plaisir est ailleurs. La Golf GTI vous ramène à une autre époque de l'automobile sportive, celle où même une 205 GTI de 1990 paraît en comparaison d'un confort et d'une modernité étonnants. Toujours est-il qu'avec ces deux là, c'est de la conduite garantie 100% sans OGM. Le contact direct avec les éléments et la route, sans assistance parasite ou électronique filtrante et c'est diablement plaisant !

Allez, il est temps de redonner ses clés à son charmant propriétaire, ces quelques kilomètres au volant de LA Golf GTI resteront gravés dans un coin la mémoire, preuve qu'en matière de sensations aussi ce n'est pas la quantité qui compte, mais bien la qualité.

Tous mes remerciements vont bien sûr à Eric pour cette rencontre improvisée et pour le prêt de sa magnifique Golf GTI 1600, dont il prend à juste raison le plus grand soin !

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